À Moscou, la Maison des entrepreneurs français a le vent en poupe

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La création en 2013 de la MEF (Maison des entrepreneurs français) coïncidait avec le début de la crise économique et de la dégradation des relations bilatérales entre la Russie et l'UE, France incluse. Malgré cela, l'organisation est non seulement restée à flot, mais en quatre ans le nombre de résidents a augmenté. Forte de ce succès, la MEF a déménagé mardi dernier dans de nouveaux locaux, plus spacieux. RBTH s'est entretenu avec les résidents et les entreprises potentiellement intéressées pour une collaboration avec la MEF, pour s'enquérir des difficultés qu'ils rencontrent en Russie et comment ils parviennent à les surmonter grâce à la MEF.

Yannick Tranchier entouré d’entrepreneurs du Val D’Oise en pleine réunion dans une des salles des nouveaux locaux. Crédit : Service de presseYannick Tranchier entouré d’entrepreneurs du Val D’Oise en pleine réunion dans une des salles des nouveaux locaux. Crédit : Service de presse

Un pas vers les hôteliers russes

Natalya Pronina, d’ODF Paris, une compagnie française fournissant des accessoires et fournitures aux hôteliers russes, a atterri à Moscou pour l'inauguration des nouveaux bureaux de la MEF (Maison des entrepreneurs français), afin de discuter avec son fondateur, Yannick Tranchier, de la possibilité d'enregistrer son siège social en Russie.

Selon Madame Pronina, ODF a pour ambition d'effectuer cette démarche pour résoudre le problème lié au dédouanement des marchandises lors de leur acheminement vers le territoire de la Fédération de Russie. « Nous livrons des marchandises directement de France, il nous faut une compagnie russe qui s'occupera de leur dédouanement et de payer les droits et taxes douaniers », a-t-elle expliqué au cours de sa conversation avec RBTH.

Si une compagnie étrangère conclut un contrat direct avec un client russe, il lui faut alors fournir à la douane tout un ensemble de documents et s'enregistrer en tant que participant à une activité de commerce extérieur. « Quand vous en parlez à un hôtelier, par exemple de la ville de Novokouznetsk, il vous dit : +Non, je n'en ai pas besoin+ », illustre Pronina. La deuxième option possible de résolution de ce problème est le contrat d'agence, pour lequel la compagnie de transport prend une commission, ce qui n'est pas non plus très pratique pour une PME, continue-t-elle.

« Si l'on a une adresse juridique ici, nous pourrons dédouaner nos marchandises sans la participation du client, assure Pronina. Pour les petits hôteliers c'est plus simple, ils veulent acheter des produits en Russie, et pas s'occuper de leur importation ».

En route vers l'expansion

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L'organisation à laquelle ODF Paris s'est adressée dans sa recherche de solution, la MEF, démontre à ses clients français que sur le marché russe il est possible de tenir et de s’agrandir malgré les caprices du climat. En effet, en début de semaine, la MEF a quitté ses locaux de 700m² pour rejoindre ses nouveaux bureaux, d'une surface de 1200m².

La Maison des entrepreneurs français (MEF) apparaît comme un guichet pour l'implantation des PME françaises en Russie, et joue la complémentarité avec d'autres structures gouvernementales, telles que la CCI France Russie et Business France. La mission principale de la MEF est de simplifier toutes les démarches bureaucratiques, juridiques et comptables pour que les entreprises puissent se concentrer uniquement sur leurs affaires sans perdre de temps et d'argent sur des questions administratives.

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À la fin 2014, la MEF avait déjà pris sous sa tutelle sept compagnies françaises, et à la mi 2017, leur nombre a atteint 32 (environ 20 sont des PME, les autres des start-ups). « Oui, depuis beaucoup de choses ont changé, raconte Yannick Tranchier. Et comme vous pouvez le voir, les changements ne concernent pas que l'adresse de nos bureaux. Le contexte économique dans son ensemble a changé, il est devenu plus favorable pour les entreprises françaises qui s'implantent sur le marché russe ».

Selon Monsieur Tranchier, des changements positifs ont commencé à apparaître en septembre 2016, en raison, d'une part, du « redémarrage de l'activité et de la croissance en Russie », et d'autre part du « réchauffement des relations entre nos deux pays ».

Parmi les clients de la MEF, une part importante sont des entreprises évoluant dans les domaines techniques, des logiciels et de la logistique. Ainsi, ont rejoint la MEF des compagnies telles que DSIA, une PME de Nantes qui élabore des logiciels pour la logistique et qui travaille au niveau mondial notamment avec Auchan. Néanmoins, des compagnies actives dans d'autres secteurs tels que l'aéronautique, le pétrole et le gaz, l'alimentaire, le conseil, les biotechs, les services etc., y sont également présentes.

Espace de partage

Nicolas Pasanau, directeur général d’Olmix Group, qui produit des compléments alimentaires destinés aux animaux d'élevage, a confié à RBTH qu'il collabore avec la MEF depuis un an et demi. Son entreprise loue après de la MEF 60m² de surface de bureaux. « Nous travaillons en Russie depuis environ 15 ans, et n'avons pas besoin d'aide particulière. Mais ce pour quoi nous sommes ici, c'est le partage, l'ambiance un peu start-up, un peu jeune, ce qui permet de partager efficacement les informations utiles aux entrepreneurs »,  s'enthousiasme-t-il.

Maxime Danet, directeur du département de logistique de la compagnie Nelo, partage cet avis. À la différence de Monsieur Pasanau, il travaille avec la MEF depuis 6 mois et ne loue pour l'instant pas de locaux dans leur espace de coworking. « Il y a six mois, lorsque nous avons rencontré Yannick Tranchier, nous étions au stade de préparation, de recherche de marché, et d'élaboration d'un prototype de produit. Aujourd'hui, nous sommes déjà passés au stade de l’accélération », se réjouit-il, propos redratuits du russe.

Selon M. Danet, son entreprise résout actuellement, avec l'aide de la MEF, le problème du recrutement : « Ce n'est pas simple en Russie, il y a toujours un risque que l'employé ne s'intègre pas dans l'activité de la compagnie. Or pour une start-up, c'est une perte irrémédiable de temps », précise-t-il. Toutefois, la chose la plus importante que les entreprises françaises recherchent à la MEF, c'est la possibilité de prendre part au partage d'expérience, notamment avec les acteurs au profil similaire, « poser des questions et trouver ensemble des solutions aux problèmes quotidiens ».  

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