Les efforts de la Russie en vue de son indépendance, tant sur le plan politique qu'économique, semblent avoir porté le pays vers de nouveaux sommets. En réponse aux sanctions occidentales et à la chute des prix du pétrole, les autorités ont décidé d'accumuler des réserves financières afin d’assurer la stabilité économique de la nation. Grâce à une discipline rigoureuse en la matière, la dette publique nette du pays est maintenant inférieure à 0%, rapporte RBC Daily.
Les statistiques officielles montrent ainsi que le Kremlin pourrait à présent aisément rembourser toutes ses dettes, s'il en avait soudainement besoin. En effet, au 1er août 2019, la dette totale russe (la dette extérieure et intérieure de l'État) était de 16 200 milliards de roubles (248 milliards de dollars), soit 15% du PIB, ce qui est un peu moins que le montant des réserves dans les dépôts de la Russie au sein de la Banque centrale et des banques commerciales, qui s’élève à 17 600 milliards de roubles (269 milliards de dollars), c’est à dire 16,2% du PIB.
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Des résultats meilleurs que les États-Unis et la Chine
À noter qu’il est ici question de dette publique nette, et non de dette commerciale. Néanmoins, même si l'on analyse cette dernière, l'économie russe semble toujours en meilleure santé que celle... du reste du monde ! Face à la crise financière mondiale de 2008, de nombreuses économies mondiales ont, il est vrai, dû emprunter massivement pour éviter une récession et, selon le FMI, les nations les plus endettées du monde sont aussi les plus riches.
En 2017, la dette mondiale totale a atteint un sommet historique de 184 000 milliards de dollars (225 % du PIB mondial), soit 86 000 dollars par habitant. Les trois principaux emprunteurs dans le monde s’avèrent être les États-Unis (256% du PIB), la Chine (254% du PIB) et le Japon (395 % du PIB), représentaient à eux seuls plus de la moitié de la dette mondiale, dépassant leur contribution à la production de richesse dans le monde.
« En ce qui concerne la Russie, en 2017, sa dette s'élevait à 84% du PIB, dont 81,5 % étaient des dettes commerciales (ou privées) soit 897 dollars par personne, explique Gaïdar Gassanov, expert au Centre financier international de Moscou. Les réserves de la Russie ont dépassé 500 milliards de dollars pour la première fois cette année, ce qui signifie que l'économie peut assurer la stabilité de sa monnaie nationale en cas de nouveaux risques potentiels de sanctions à l'avenir ».
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Une décision forcée ?
Toutefois, une telle réussite n'a pas été possible sans sacrifice, affirment les experts. Économiser de l'argent et donc ne pas l'utiliser pour stimuler la croissance économique entraîne en effet une stagnation ultérieure, avance Sergueï Souverov, analyste senior chez BKS Premier. « La croissance du PIB au premier semestre 2019 n'a atteint que 0,7%, illustre-t-il. Cela conduit à une situation unique qui indique une valeur de crédit élevée des obligations russes, ainsi qu'une attractivité inférieure des investissements en Russie. Les investisseurs ont besoin de voir du développement économique, et il n'y en a pas ».
En réalité, cette course à l’économie financière pourrait être une décision forcée, estime Anton Bykov, analyste senior au Centre d’étude et de technologies financières. « Cette politique a poussé les autorités à réduire les dépenses sociales et à augmenter les impôts, ce qui n'a pas joué en la faveur de leur appréciation par la population, souligne-t-il. Qu'est-ce qui a pu pousser le gouvernement à entreprendre cette politique ? Ils s'attendent probablement à une baisse des recettes de l'État à l'avenir, en raison du ralentissement de l'économie mondiale. Et ceci dans une situation où le marché des emprunts occidentaux est fermé ».
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