Pourquoi l’Arkana représente-t-il un tournant dans l’histoire de Renault, en Russie et au-delà?

Économie
NOUR RAHEL
Présenté le 23 mai à Moscou, le tout nouveau modèle de Renault, l’Arkana, a été conçu spécialement pour le marché russe et s’est avéré être un réel succès dès les premières heures de précommandes en ligne. Dans cet article, nous vous en dévoilons les caractéristiques ainsi que les implications de son apparition pour la marque.

Arkana, l’enfant russe de Renault

Si les Russes sont connus dans le monde entier pour l’intérêt qu’ils portent au luxe, en matière d’automobiles, ils ont tendance à opter pour des véhicules plus sobres et leurs goûts à cet égard ne diffèrent que peu de ceux du reste du monde. Ils recherchent ainsi généralement des véhicules pratiques, confortables et élégants, le tout, pour un rapport qualité prix optimal. Il est alors peu surprenant que les SUV soient les voitures les plus vendues dans le pays et qu’ils représenteront 58% du marché en 2020 selon les représentants en Russie du groupe Renault.

Le grand défi des constructeurs est par conséquent de proposer des modèles fonctionnels et accessibles tout en produisant de belles lignes. Or, Renault a pleinement relevé ce challenge en lançant son tout nouveau produit imaginé spécifiquement pour le marché russe, le crossover coupé Arkana, présenté au grand public le 23 mai, à Moscou.

En dépit du fait qu’une partie du moteur et des transmissions devra être importée d’Espagne et du Mexique, la majorité du véhicule sera fabriquée et assemblée en Russie, dans les usines Renault de la région de Moscou. Si au départ mention avait également été faite des sites de production de Togliatti (ville industrielle à 1000 kilomètres au sud-est de la capitale russe, connue pour abriter les usines Lada), cette information n'a depuis pas été confirmée.

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« La voiture est produite à plus de 60% en Russie. Nous souhaitons atteindre prochainement 70% de production locale », a d’ailleurs précisé Anatoli Kalitsev, directeur de production et de distribution chez Renault Eurasie, lors de la grande première moscovite.

Les développeurs du modèle ont en outre effectué plusieurs recherches sur les besoins et demandes des conducteurs russes, afin de permettre une adaptation maximale au marché. Le véhicule sera en conséquence doté d’un système multimédia compatible avec les applications Yandex.Auto, Apple CarPlay et Android Auto reliant le téléphone à la voiture pour une gestion optimisée. Le redoutable froid russe n’a pas non plus été oublié, et l’Arkana sera donc équipé d’un pare-brise, d’un volant et de sièges chauffants, ainsi que d’un système de démarrage à distance. 

Le moteur du véhicule a de son côté été élaboré en collaboration avec Daimler et élève Renault à un nouveau niveau. Il sera d’ailleurs sûrement réutilisé pour d’autres modèles de l’alliance Renault-Nissan.

« Si la structure du marché et les conditions ne changent pas, nous continuerons de développer la production locale avec des voitures spécifiques pour le marché russe. Je ne peux pas prédire le futur mais Arkana est un premier pas », a conclu Anatoli Kalitsev.

Une stratégie de vente repensée

Le développement local est en réalité stratégique pour l’implantation de Renault sur le marché russe. En effet, le groupe affirme que cela représente  avant tout une opportunité d’augmenter le volume de production mais aussi une base d’export pour d’autres pays. À cet égard, l’Arkana s’avère d’ores et déjà certifié pour toutes les nations membres de l’Union douanière eurasiatique : la Biélorussie, le Kazakhstan, l’Arménie et le Kirghizstan. Pour ce qui est du reste du monde, le constructeur est convaincu du potentiel du modèle et envisage sa commercialisation future sur d’autres marchés. Elle sera par exemple produite et vendue en Corée du Sud sous la marque Samsung Car.

« Dès que l’on aura dévoilé cette voiture en Russie, tous les pays voudront l’avoir sur leur marché. Pour le moment, le marché russe est notre priorité mais nous étudions toutes les opportunités d’export », ont confié les experts lors de l’événement.

Le groupe français a également mis au point une nouvelle stratégie de commercialisation, le client ayant à présent la possibilité de commander et de payer le véhicule sur Internet, puis de le recevoir directement à son domicile. Il peut ainsi maintenant choisir son modèle en se passant du biais des concessionnaires et donc profiter de meilleurs tarifs. Aussi, si les descriptions des voitures apparaissent bien plus détaillées qu’auparavant, pour les clients les plus hésitants souhaitant tester l’automobile avant d’en faire l’acquisition, les véhicules seront disponibles en test-drive à Moscou puis dans d’autres villes du pays. La voiture sera en outre proposée en auto-partage, service très populaire à Moscou.

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Enfin, les Russes se sont montrés très impatients de connaître le prix de ce tout nouveau modèle. Annonce a finalement été faite que la version haut de gamme serait commercialisée à environ 20 000 euros (1 419 990 roubles (19 724 euros) pour la version à traction avant, 1 499 990 (20 835 euros) pour celle à quatre roues motrices), un prix très correct selon les spécialistes. Un avis confirmé par le succès de la première vague de précommandes : le lot initial de 100 unités s’est écoulé en l’espace de trois heures seulement. Si les tendances restent inchangées, l’Arkana devrait, selon les plans de la compagnie, permettre à Renault de conquérir 10% du marché russe, contre 7,6% actuellement.

Renault Arkana

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