Un ancien ministre français de la Ville œuvre pour l'essor du Grand Moscou

Économie
NOUR RAHEL
Après une longue carrière dans la vie politique française - maire de son village, président du département Loir-et-Cher, député et ministre de la Ville sous Nicolas Sarkozy, Maurice Leroy a décidé de venir s’installer dans la capitale russe, où il est en charge de plusieurs projets du Grand Moscou.

Fin 2018, Maurice Leroy a décidé de quitter son siège de député à l’Assemblée nationale, après l’avoir occupé pendant 21 ans. Il a tourné la page de la vie politique française pour en débuter une nouvelle  dans la capitale russe. L’ancien ministre de la Ville a en effet accepté la proposition de longue date de Marat Khousnoulline, adjoint du maire moscovite, de prendre part aux différents projets du Grand Moscou, qui ressemble à plusieurs égards au Grand Paris puisque tous deux ont pour but d’améliorer la qualité de vie des habitants et de construire des villes soucieuses du développement durable.

Monsieur Leroy conseillait d’ores et déjà le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, et son adjoint alors qu’il travaillait sur le projet du Grand Paris. Aujourd’hui, il a donc décidé de mettre pleinement son expérience au profit des Russes.

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Le projet du Grand Moscou a en réalité été inspiré par son homologue parisien : depuis 2010 plusieurs échanges à ce sujet ont eu lieu et les ressemblances sont nombreuses. Les deux capitales représentent à elles seules un tiers de la création de la richesse nationale, elles rencontrent également les mêmes problèmes : le trafic, l’engorgement, la gestion des déchets… Comme le rappelle Maurice Leroy, les enjeux des deux villes-monde sont également similaires et concernent principalement le développement économique, la question de l’environnement, la mobilité et la technologie, qui doit permettre la création de villes connectées, de villes intelligentes, celles qui se font appeler « smart cities ».

Toutefois, l’interlocuteur de Russia Beyond prévient que le but n’est pas de copier : « Évidemment chaque ville a son histoire et ses traditions. Il ne s’agit pas de travailler au carbone ou au photocopieur pour photocopier le Grand Paris ».

Malgré leur ressemblance, les deux capitales sont très différentes, souligne-t-il, la différence majeure étant la taille. Paris c’est un peu plus de 2 millions d’habitants, alors que Moscou en abrite 12. Il y a également une différence non négligeable de traditions et d’histoire. 

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« En France par exemple on ne travaille pas 24h/24, en week-end et pendant les jours fériés. Ce qui explique peut-être que le Grand Moscou avance plus vite. Il y a une organisation du travail ici qui est différente et qu’on ne retrouve pas en France ».

Collaboration franco-russe

La venue de M. Leroy est également une occasion pour la réalisation de nouveaux projets communs et d’une collaboration renforcée entre les deux pays. C’est notamment le cas du pré-accord passé début mars entre la ville de Moscou et l’entreprise française Suez qui s’occupe de la gestion des déchets à Paris. L’accord a pour but de conclure une joint-venture lors du forum urbain de la ville de Moscou le 4 juillet prochain en matière de gestion des déchets de la ville. Un autre projet important concerne les tunneliers, cette fois-ci une expertise a été mandatée pour étudier le projet français et la possibilité de le réaliser en Russie.

Une collaboration plus étroite encore pourrait par ailleurs se former puisque, lors de sa dernière visite, Patrick Aullier, président de la métropole du Grand Paris, a proposé à Marat Khousnoulline de mettre en place une charte de coopération et d’échange d’expériences. Monsieur Leroy se sent d’ailleurs en quelque sorte ambassadeur de ce projet.

« Je pense que ma mission est également de faire connaitre le Grand Moscou, le directeur du Figaro économie s’est déplacé, le journal La Croix également. Ces personnes ont découvert et ont fait découvrir aux Français grâce à leur média ce qu’est le Grand Moscou. La ville possède un savoir-faire formidable et il faut la faire connaître », explique-t-il.

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Il est important d’assurer le développement du Grand Moscou à l’international avec des partenaires comme la France mais également avec des pays à forte croissance comme la Chine, l’Iran, l’Inde et le Vietnam, qui peuvent être intéressés par l’expérience du Grand Moscou, poursuit l’ex-ministre.

Moscou en avance sur certains points

Le métro moscovite est l’un des plus célèbres au monde. Au-delà des belles stations prisées par les touristes, le réseau métropolitain est au cœur des préoccupations de la ville, avec 6,25 millions de passagers par jour, il devance les métros de Londres (4,8 millions), de New York (4,82 millions) et même celui de Paris (5,23 millions). Dans le cadre du projet du Grand Moscou, ce sont en tout 73 stations de métro (dont 16 l’année dernière) et 4 gares intermodales qui ont été construites.

En plus du réseau du transport, l’architecture moscovite est également un objet de fascination. Certains projets sont même reconnus à l’international. C’est notamment le cas du parc Zariadié, qui a reçu le prix spécial du jury dans le cadre des MIPIM Awards qui rassemblent tous les ans un jury international d’architectes, d’experts et de spécialistes dans l’immobilier.

« Le prix spécial du jury c’est l’équivalent de la palme d’or du festival du Cinéma à Cannes. Elle a été attribuée à Moscou, qui n’avait jusque-là jamais été primée en 25 ans de présence au MIPIM. Je pense que ce n’est pas un hasard, c’est une reconnaissance du Grand Moscou », soutient Maurice Leroy.

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Au-delà des grands projets architecturaux, Moscou développe également ses infrastructures et ses services, et particulièrement en matière de propreté et de gestion de la neige, qui ne laissent pas nos experts indifférents.

« Petite blague : chez nous dès qu’il y a 3mm de neige Jean-Jacques Bourdin envoie des envoyés spéciaux dans la France entière. La délégation française en visite à Moscou et moi-même sommes impressionnés de voir le matériel et les hommes qui sont mobilisés. C’est carrément une armée de femmes et d’hommes qui gèrent la propret », s’étonne-t-il.

La ville de Moscou n’est toutefois évidemment pas parfaite et il reste plusieurs points à améliorer selon lui.

« Moscou va s’orienter vers la Smart City, une ville intelligente connectée avec, au cœur, le souci du développement durable qui passe par le traitement des déchets, mais pas seulement ». Notre expert ne perd ainsi pas de vue ses objectifs, et nous révèle que, pour ses projets futurs, la ville souhaite mettre l’environnement en tête de ses priorités.

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