Durant de nombreuses années, la Russie a été l’un des plus importants détenteurs de bons du trésor des États-Unis, mais cela n’est aujourd’hui plus le cas. Depuis mars, Moscou a en effet réduit de manière significative ses possessions, passant de 96,1 à 14,9 milliards de dollars entre mars et mai 2018, soit une baisse de 84%.
Le total des investissements russes dans les obligations américaines a ainsi presque retrouvé son niveau du milieu de l’année 2007 (14,7 milliards). Selon Elvira Nabioullina, présidente de la Banque Centrale de Russie, cette vente résulte d’un désir de diversification du portefeuille de réserves internationales russes.
« Nous avons presque décuplé nos réserves d’or au cours des dix dernières années, précise-t-elle. Nous diversifions notre portefeuille de devises. Nous évaluons tous les risques, y compris financiers, économiques et géopolitiques ».
Les experts jugent toutefois que cette décision a été motivée par les tensions survenues suite à la mise en place en avril de nouvelles sanctions par Washington à l’encontre de milliardaires russes, de membres du gouvernement ainsi que de sociétés telles que le conglomérat Renova et le producteur d’aluminium Rusal.
Ces actions hostiles ont alors poussé de nombreuses personnes en Russie à souhaiter des contre-sanctions susceptibles d’affecter les parts du pays dans les obligations américaines ou entrainant le retrait des banques russes du système SWIFT.
« C’est avant tout une décision politique, affirme Sergueï Souverov, analyste en chef au sein du groupe financier BKS. La Banque Centrale détient 30% de ses actifs sous forme d’obligations américaines et a été critiquée de toutes parts pour cela. Ainsi, compte tenu des sanctions américaines, la démarche de réduire les actifs en dollars semble logique ».
Les bons du trésor américains sont des titres obligataires à taux d’intérêt fixe et à la maturité s’élevant entre 10 et 30 ans. Les intérêts sont versés aux créanciers deux fois par an. Les pays achètent habituellement des obligations américaines afin de contrôler leur déficit commercial avec les États-Unis.
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