Russia Beyond : La tenue de la Coupe du Monde a-t-elle affecté la saison 2018 ?
Gilles Chenesseau : La saison est contrastée. Le début n’a pas été bon : l’augmentation des prix des hôtels a fait fuir les touristes ordinaires. Certains ont pu décaler leurs vacances avant la Coupe, d’autres après. Mais ça a été grandement compensé par les activités qu’on a eues pendant le Mondial, notamment avec la FFF (Fédération Française de Football). Sur la deuxième partie de la saison, on sent qu’il y a de l’attrait. Plus que d’habitude.
Comment l’expliquez-vous ?
Il y a beaucoup de reportages plutôt favorables sur la Russie comme destination touristique. Ce sont de très belles images, des lieux intéressants, ça offre une vision plutôt positive. Les gens qui viennent ici pour la première fois ont, avant d’arriver, une représentation de monde soviétique gris. Ce qui fait le succès de cette destination, c’est que les gens qui arrivent ici sont absolument étonnés par ce qu’ils voient : l’atmosphère, les couleurs, la lumière, la vie, la fête…
Lire aussi : «Agréablement surpris»: quand les supporters étrangers découvrent la Russie
Y aura-t-il de nouveaux clients, de nouveaux produits dans les années à venir ?
On travaille sur d’autres marchés : italiens, germanophones, le Maghreb, l’Amérique du Sud. Les Sud-Américains sont venus, sont restés quasiment un mois pour trois matchs, alors qu’avant ils venaient dans le cadre d’un tour d’Europe. Il y aura particulièrement un appel touristique sur l’Amérique du Sud. Il y a vraiment quelque chose qui s’est produit. Ça a été très positif. Les Français, les Européens, ceux qui voulaient venir et n’étaient pas venus, vont se dire : « Tiens, c’est une bonne idée ».
[Quant aux produits, ndlr], pour des raisons structurelles ce ne sera pas très différent. La Russie reste essentiellement une destination urbaine et culturelle.
Quel impact pour les provinces en dehors de Saint-Pétersbourg et Moscou ?
Est-ce que les gens vont aller à Saransk ? Je ne crois pas. Samara, c’est plus possible. Kazan, certainement. Volgograd sur un tourisme un peu plus mémoriel.
Quel sera l’impact du prolongement du FAN ID comme visa ?
La prolongation va surtout servir à consolider des rencontres qui ont pu se faire. On sera plus dans la perspective de mariages mixtes, plutôt que du tourisme. C’est un grand classique.
Les JO, la Coupe du Monde, marquent-ils une volonté du gouvernement de faire de la Russie une destination touristique ?
Il est clair que Poutine lui-même souhaite développer la Russie comme destination touristique. Une partie de la population et du gouvernement souhaite que ce soit le cas. D’autres sont beaucoup plus réticents. On souhaite le tourisme, on ne s’en donne pas toujours les moyens. La question des visas (en dehors de la période du Mondial) est typique de cette contradiction, tout comme ce que l’on vit en ce moment avec l’histoire des enregistrements qui compliquent les choses pour tout le monde.
Lire aussi : Le fournisseur russe des Bleus en fromage s’apprête à partir à la conquête du marché français
Heureusement, il y a des gens plus dynamiques. La Coupe du Monde a été l’occasion de faire de grands travaux à Moscou et Saint-Pétersbourg. Beaucoup de choses ont évolué. Les infrastructures de transport ont elles aussi profité de l’impact de la Coupe du Monde. Tout ça est très positif pour le tourisme et pourra servir à la Russie en tant que destination touristique.
Après la victoire « historique » des Bleus, y aura-t-il un tourisme de pèlerinage footballistique sur les lieux de l’épopée ?
On a déjà créé un petit produit : Sur les traces des Bleus. C’est le stade de Loujniki [à Moscou, ndlr] et l’hôtel des Bleus [à Istra, ndlr] qui est très décoré avec une grande fresque, chaque chambre de chaque joueur qui est identifiée avec un portrait sur la porte. Ils vont conserver une partie.
Vous avez visité la Russie pour la Coupe du Monde ? Des proches l’ont fait ? Quand comptez-vous (re)venir en Russie ? Quelle partie de la Russie souhaitez-vous visiter ? Laissez vos commentaires en bas de cet article.
Propos recueillis par Donatien de Rochambeau
De manière plus globale, retrouvez dans cet autre article notre analyse sur les potentielles retombées du Mondial sur l’économie de la Russie.