Comment la population russe profite-t-elle de la Coupe du Monde pour se remplir les poches?

Économie
KSENIA ZOUBATCHEVA
La Coupe du Monde de la FIFA, Russie 2018™ a pour beaucoup été synonyme de juteuses opportunités. Les locaux n’ont en effet pas manqué de malice et d’astuce pour mettre un peu de beurre dans leurs épinards grâce aux flots de visiteurs étrangers. Russia Beyond a étudié le phénomène.

Le plus grand tournoi de football de la planète offre de nombreuses opportunités pour les ingénieux entrepreneurs locaux s’étant mis en tête de se faire un peu d’argent facile. Alors que des foules de supporters ont inondé Moscou ainsi que les 10 autres villes hôtes du Mondial, les Russes s’affairent à proposer toute une variété de services pour combler les besoins des visiteurs, qu’il s’agisse de transports ou de peinture faciale.

Hôtels, bars, et taxis  

Des milliers de touristes devant simultanément arriver en Russie, nombreux sont ceux ayant prédit une croissance de la demande dans les secteurs du logement et de la restauration. Et sans surprise, ils ne se sont pas trompés.

Selon les rapports, les revenus des hôtels et restaurants de Moscou avaient d’ores et déjà augmenté d’environ 15% durant la première semaine de la compétition. Les autorités ont cependant constaté 700 cas de surcoût intentionnel dans les hôtels, et certains locaux n’ont pas hésité à mettre en location leurs logements à des prix faramineux. 

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La demande élevée a également engendré un pic dans les tarifs des taxis. Selon les analyses, à Moscou, les prix ont en effet été doublés, voire triplés. À Saint-Pétersbourg, les résidents ont même eu la mauvaise surprise de voir un trajet de huit minutes habituellement facturé à 100 roubles (1 euro) l’être à 2 096 roubles (30 euros). Un Moscovite est également venu à la rescousse d’un groupe d’étrangers souhaitant effectuer un trajet en taxi et à qui le chauffeur réclamait 6 565 roubles (90 euros) pour ce qui aurait dû en coûter 500 (7 euros), nul besoin de dire qu’une bagarre s’en est ensuivie.

Vendeurs, musiciens et maquilleurs de rue

Les hordes de supporters ont par ailleurs attiré des dizaines d’enthousiastes souhaitant satisfaire les besoins de ces milliers de visiteurs. Bière, souvenirs, musique, street food, plus besoin d’aller dans les magasins, ce sont eux qui viennent à vous.

« L’heure de pointe est entre 23h et 3h du matin, affirme Aleksandr, qui vend de la bière sur la rue Nikolskaïa, cœur névralgique des festivités. Il y a beaucoup de monde, les magasins ne vendent pas [de bière après 23h] et il y a la queue dans les bars. On peut en fait se faire plus de 10 000 roubles [135 euros] en une nuit si on le veut. Achetez simplement de la bière à 50 roubles (68 centimes d’euros) dans un magasin et ensuite venez ici pour la vendre ».

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Les maquilleurs sont également omniprésents. Vous souhaitez arborer le drapeau de votre pays sur votre joue ou quelque chose comme ça ? Des artistes vous le feront directement sur place pour 100 roubles (1 euro), ou plus, en fonction de la complexité du dessin demandé. « C’est notre premier business, explique Andreï, 17 ans, s’adonnant à la peinture faciale sur la rue Nikolskaïa avec son ami Timofeï.  Quand on aura 18 ans, on aimerait ouvrir un bar à chicha, car c’est rentable ». Leur chiffre journalier est tout de même de 8 000 roubles (110 euros).

Excursions, guides personnels et traducteurs

« Traductions durant la Coupe du Monde 2018. Toutes les langues. Accueil et transfert des invités », peut-on lire sur l’une des innombrables annonces publiées sur le site Avito. Y est un ainsi proposé un service de traduction et de guide privé pour 1 000 roubles (14 euros) en moyenne. Et c’est loin d’être le plus onéreux.

Evgueni, de Moscou, précise en effet qu’il a proposé ses services de guide et de chauffeur personnel à bord d’une voiture de luxe à travers la ville à un supporter fortuné. Le tout, pour 40 000 roubles (540 euros) par jour. Et là encore, ce n’est pas le maximum. « Des femmes proposent aussi de tels services. Non, pas des escorts, juste des femmes attirantes. Et leurs tarifs sont supérieurs aux miens », souligne-t-il.

Les excursions ont, elles aussi, vu leur valeur grimper. « Si avant il fallait compter 20 000 roubles (270 euros) pour louer pour une journée un bus pour 20 personnes, maintenant, le même bus de la même compagnie coûte 100 000-120 000 roubles (1 353-1 620 euros) », a témoigné auprès d’un média russe Nikita Groudtsine, chef de projet dans une compagnie touristique.

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Et ce n’est que l’une des facettes du tableau : revendeurs illégaux de billets, agents de paris sportifs, et bien d’autres spéculateurs se frottent également les mains. Malheureusement, aucun pays hôte de la Coupe du Monde de la FIFA ne peut éradiquer ces phénomènes périphériques.

Fait cependant réconfortant, le nombre de personnes s’efforçant de faire du tournoi une expérience mémorable pour les étrangers est bien plus significatif. Prenez par exemple le cas de Iouri Belov, 72 ans, originaire de Zlatoust, dans la région de Tcheliabinsk (Sud de l’Oural) : il tricote tous les jours des souvenirs pour les supporters. Il a d’ores et déjà réalisé des dizaines d’écharpes, de chapeaux et de jouets ornés des symboles de la FIFA et les a offerts aux étrangers sur la rue Nikolskaïa. Cela, gratuitement, juste pour qu’ils se souviennent à jamais de leur visite en Russie.

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