Russia Beyond : Votre déplacement en Russie se limite-t-il à la participation au Salon du chocolat ou avez-vous pour projet de vous engager sur le marché russe ?
Christophe Roussel : J’examine la possibilité avec un importateur d’envoyer mes produits en Russie et dans un premier temps d’être représenté dans une galerie commerciale luxueuse, par exemple. On le fait déjà à Hong Kong – nous y sommes depuis deux ans et demi et peut-être la Russie deviendra-t-elle la prochaine destination.
La Russie et la Chine figurent pourtant parmi les pays qui restent peu populaires auprès des chocolatiers proposant des produits haut de gamme. Comment l’expliquez-vous ?
La raison c’est qu’au niveau des douanes ces pays sont compliqués pour importer des produits. Vu l’existence de ces risques considérables, les gens préfèrent ne pas s’y hasarder.
Par contre, ce qui peut être intéressant, c’est d’avoir un partenaire local, quelqu’un qui connaît le marché et dédouane les produits. Je pense que c’est de cette façon qu’il faut opérer. En Chine, par exemple, notre partenaire est un Français basé à Hong Kong qui n’importe que des produits français, et il connaît son marché.
Cela m’intéresserait de venir découvrir le marché russe, déjà nous avons des contacts, on verra.
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Que pensez-vous proposer à la clientèle russe ?
Dans un premier temps faire le standard normal, comme ailleurs, puis m’adapter au goût local. Je pense d’abord qu’il fait découvrir le pays pour savoir ce que les gens aiment consommer, voir quelles sont les spécialités russes.
Par exemple, le fabricant français de douceurs Ladurée a conçu pour la Russie des boites spéciales réalisées dans le style de la peinture de Jostovo. Envisagez-vous quelque chose de semblable ?
Justement, je pense que c’est sympa d’arriver avec une petite proposition locale. C’est comme si on disait : « J’arrive et j’ai envie de vous proposer des choses avec un petit clin d’œil à la Russie ».
Avez-vous déjà eu des commanditaires russes ?
Non, par contre nous avons pas mal de clients russes dans notre boutique à Montmartre, en bas du Sacré-Cœur, et lorsqu’ils repartent, ils achètent beaucoup, ce qui veut dire que les Russes sont sensibles à la qualité française. Je pense que nous avons un produit qui se situe bien et que les gens apprécient - au Salon, les visiteurs font le tour et reviennent acheter de nos produits.
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Avez-vous déjà eu l’occasion de goûter des confiseries russes ?
Non, pas encore. Par contre, j’ai goûté du chocolat russe qui avait des notes très caramel et qui, apparemment, plait beaucoup ici. Le caramel - ceci pourrait donc être la première piste. Demain je vais faire partie du jury pour goûter les produits de chocolatiers russes, je pourrais donc avoir un avis plus tranché.
Je pense que dans chaque pays on a des produits et des confiseries célèbres et auxquels les gens sont très attachés car ils font partie de la tradition. Mais, en même temps, nous sommes dans les cultures ouvertes sur l’extérieur où les gens aiment découvrir les différences.
Les chocolatiers russes voulant partir à la conquête de pays d’Europe occidentale, notamment la France, de quels atouts doivent-ils disposer pour connaître le succès ?
Pour se forger une place, les atouts seraient d’avoir déjà des chocolats très cacaotés, peu sucrés, des origines - parce qu’aujourd’hui les consommateurs sont très soucieux de l’origine des produits et sont très demandeurs du bio et de saveurs bien particulières -, avoir des produits qui racontent une histoire – toutes ces choses-là sont importantes.
Propos recueillis par Flora Moussa