La Russie voit s’épanouir le partenariat public-privé (PPP) qui permet à une autorité publique de faire appel à des prestataires privés pour financer la construction d’infrastructures. Les fonctionnaires ont appris à drainer des investissements par le biais de banques à participation de l’État, telles que Vnesheconombank (VEB) ou VTB Capital.
Ainsi, en mai dernier, la VEB a annoncé la construction d’un terminal du nouvel aéroport de Saratov (sur la Volga) pour le compte du turc Esta Construction. VTB Capital a pour sa part réussi à engager dans la construction d’un nouveau terminal de l’aéroport Poulkovo de Saint-Pétersbourg l’allemand Fraport, le grec Copelouzos, ainsi qu’une alliance de treize banques.
La possibilité de drainer des ressources via le PPP a tellement séduit les fonctionnaires russes que le ministère du Développement économique a décidé d’élaborer un projet permettant d’augmenter les investissements privés dans les infrastructures du pays, a déclaré le ministre, Maxime Orechkine, prenant la parole au cours du Forum économique de Saint-Pétersbourg début juin dernier.
« VTB coopère actuellement avec le ministère du Développement économique sur ce projet et participe aux activités des groupes de travail », a indiqué à RBTH Oleg Pankratov, chef du département du financement des infrastructures à VTB Capital.
La période moyenne d’amortissement pour les projets de PPP est de dix à quinze ans, ce qui est relativement long pour un investissement. « Toutefois, ce n’est pas ce qui compte le plus pour un investisseur, l’essentiel étant la rentabilité », a affirmé Oleg Pankratov.
Les investisseurs peuvent garantir le rendement de leur argent en vendant leur part dans le projet. C’est le cas du nouveau terminal à l’aéroport Poulkovo qui ouvert ses portes à Saint-Pétersbourg en 2014.
L’aéroport a été construit grâce à des investissements privés de 1,2 milliard d’euros drainés par VTB. 37,5% des actions de l’aéroport ont été achetées dès le début par Fraport, opérateur de treize aéroports internationaux. À l’époque c’était l’un des plus grands investissements de la société allemande.
En 2016, le Fonds souverain qatari a acheté une part de 24,99%. Cette année, le groupe Mubadala (appartenant au gouvernement d’Abou Dhabi), le fonds souverain Russian Direct Investment Fund (RDIF) et plusieurs autres investisseurs ont acquis encore 25% des actions. « Le secteur des aéroports est attrayant, le trafic international et interne étant en hausse. Nous constations aujourd’hui un intérêt croissant de la part des investisseurs proche-orientaux », a-t-il souligné.
Quant au gouvernement de Saint-Pétersbourg, il a obtenu un nouvel aéroport pour lequel l’État n’a pas versé le moindre rouble et ce sans courir de risques, ces derniers étant assumés par les investisseurs privés. En outre, les investisseurs versent tous les ans 11,5% des recettes brutes de l’aéroport au gouvernement de la ville.
« Nous constatons le fort potentiel que recèle le PPP dans le domaine des infrastructures aéroportuaires. À l’issue de la construction, ces ouvrages deviennent propriété de l’État, tandis que les investisseurs assurent leur gestion et leur exploitation », a dit Dmitri Raïev, juriste spécialisé dans le PPP au sein de Capital Legal Services.
Toutefois, la construction d’un aéroport ne se prête pas toujours aux services du PPP, les investisseurs ne souhaitant engager leurs capitaux que dans des projets à succès, a fait remarquer Vladimir Kolmakov, l'expert de gestion financière à l’Université Plekhanov à Moscou. « Le succès des aéroports régionaux dépend du taux de remplissage, à quoi viennent s’ajouter de nombreux facteurs autres que le coût des services des transporteurs », a-t-il noté.
Le PPP permet de construire non seulement des aéroports, mais également des autoroutes à péage. L’État souhaite toujours engager des investisseurs privés dans ces projets, car il est toujours gagnant. Par exemple, « l’effet route » permet de créer de nouveaux emplois, car les travailleurs ont la possibilité d’atteindre plus rapidement les grands centres économiques. « Au final, chaque rouble investi dans les infrastructures en rapporte deux ou trois », a constaté Oleg Pankratov.
Outre les projets de construction de routes, le PPP trouve sa place dans l’aménagement de parkings et dans la santé publique. Le secteur du transport maritime et fluvial est également prometteur, a poursuivi Dmitri Raïev. « Les projets de routes connaissent aujourd’hui un succès particulier sur le marché du PPP, ce sont les mieux étudiés et ils ont atteint une certaine standardisation », a-t-il fait observer.
Parmi ces projets, il a cité la construction du premier tronçon de l’autoroute à péage M11 qui relie Moscou à Saint-Pétersbourg et le Diamètre occidental (route à péage de Saint-Pétersbourg qui mène jusqu’à l’autoroute Scandinavie). « Ces projets, pionniers dans le domaine de la construction de routes, ont d’ores et déjà été mis en service », a dit Dmitri Raïev.
VTB a engagé dans la construction de l’autoroute M11 l’une des plus grandes sociétés de concessions dans le monde, le français Vinci Concessions. « La société s’intéresse depuis longtemps aux projets russes et même en période de crise, elle a continué à investir en se tournant aujourd’hui vers de nouveaux appels d’offres et projets », a indiqué à RBTH Oleg Pankratov.
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