Investir dans l’éducation et la santé, une condition pour s’adapter à une économie mondiale en mutation, estiment les experts.
Alexeï Malgavko / RIA NovostiPour la première fois, la Banque mondiale n’a pas insisté dans son rapport sur le problème de la dépendance au pétrole et au gaz de l’économie russe, mais à l’étude de son capital humain. Selon les économistes, les dirigeants du pays doivent résoudre le problème de l’absence au sein de la population de compétences professionnelles en phase avec l’innovation, de l’augmentation des inégalités et de la forte mortalité des Russes d’âge actif.
Près de la moitié du rapport « Fédération de Russie, diagnostic économique complet : comment atteindre une croissance économique complète », que la Banque mondiale a présenté au forum Gaïdar de l’Académie russe de l'économie nationale de Moscou le jeudi 12 janvier, est consacrée aux défis sociaux et démographiques.
« Il est évident que la Russie a un grand problème : le risque d’une longue stagnation, et il est clair que le rétablissement d’un taux de croissance normal ne sera pas possible uniquement à l’aide de la politique monétaire et budgétaire », a déclaré le premier ministre russe Dmitri Medvedev durant son intervention lors du forum.
Par conséquent, presque tous les grands axes définis par le gouvernement russe sont liés au développement du capital humain grâce à l’amélioration de l’éducation, de la santé, du climat des affaires et du développement de l’infrastructure, a annoncé le premier ministre.En plus des défis sociaux et démographiques, le rapport de la Banque mondiale définit également trois principaux facteurs censés permettre la croissance en Russie : la stabilité budgétaire, la qualité de l’administration et l’utilisation rationnelle des ressources naturelles.
L’un des principaux paradoxes de l’économie russe est que malgré la grande proportion de Russes diplômés de l’enseignement supérieur, le pays accuse un retard dans le développement des innovations et est confronté à une faible productivité du travail, considère Anna Revenga, co-auteure du rapport et adjointe de l’économiste en chef de la Banque mondiale. Les Russes diplômés de l’enseignement supérieur ne disposent pas des techniques et compétences nécessaires à une économie moderne et à des compagnies innovantes, explique-t-elle.
De plus, la Russie est affligée par un pourcentage élevé de maladies cardiovasculaires, une faible qualité de la médecine ambulatoire, ainsi que par une mortalité élevée au sein de la population active, fait remarquer le rapport. « En termes d’espérance de vie des hommes, la Russie est en retard par rapport à la Chine et à toutes les économies développées », affirme Cyril Muller, vice-président de la Banque mondiale pour l’Europe et l’Asie centrale.
Aujourd’hui, la Russie dépense 2,5% de son PIB dans le secteur social, mais, selon la Banque mondiale, ces moyens ne sont pas répartis efficacement. Pour améliorer l’efficacité de ces dépenses, elles doivent être ciblées. Les autres recommandations de l’institution sont d’améliorer la productivité du travail et d’investir dans la formation continue de la population, afin que les Russes adultes puissent recevoir de nouvelles compétences durant toute leur vie.
« Le moteur pétrolier de la croissance a perdu sa pertinence. Dans ce contexte, la seule source de croissance potentielle pour l’économie russe est d’améliorer la qualité de la population », a-t-il confié à RBTH. L’exemple des pays d’Europe de l’est (République tchèque, Pologne et pays Baltes) démontre que le capital humain peut être un facteur de croissance même lorsque le pays ne dispose pas d’une grande quantité de ressources naturelles, considère-t-il.
« Je pense que la Banque mondiale a raison : l’état de la population russe est tel que si l’on ne s’en occupe pas immédiatement, toutes les réformes économiques futures seront vides de sens », commente à RBTH Mark Ournov, professeur de sciences sociales à la Haute école d’économie.
La Russie a des défis institutionnels à relever et accuse un retard technologique, mais tout cela est bien moins critique que le problème de la natalité, de l’état de santé de la population et du manque total de cadres qualifiés, considère Ournov.
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