Vingt grandes réalisations des studios Lenfilm

Plus de mille cinq cents longs-métrages pour les grand et petit écrans furent tournés aux studios Lenfilm depuis leur création il y a cent dix ans. Beaucoup sont devenus des classiques du cinéma et de la télévision. Nous vous présentons ici les vingt que préfère aujourd’hui encore le public russe.

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La Prise du Palais d’Hiver (Konstantin Derjavine, 1920)

Ce film fut tourné pour célébrer l’anniversaire de la Révolution d’octobre. L’épisode dit de « l’assaut du palais d’Hiver », mis en scène par Nicolas Evreïnoff fut tellement montré à l’époque soviétique qu’on finit par croire qu’il s’agissait de prises faites dans la nuit du 24 au 25 octobre 1917.

Tchapaïev (Georgui et Sergueï Vassiliev, 1934)

Ce film consacré à la guerre civile (1918-1922) obtint le Premier prix de la première édition du Festival du film de Moscou en 1935. Les personnages principaux – Vassili Tchapaïev (1887-1919), un commandant de division de l’Armée rouge, Anna, un mitrailleur, et Petka, un soldat d’ordonnance – devinrent de véritables héros populaires. Ayant trouvé leur place dans le folklore, ils furent l’objet de centaines de récits. Ce film était, dit-on, l’un des préférés de Joseph Staline qui l’aurait regardé une trentaine de fois.

Cendrillon (Nadejda Kocheverova, Mikhaïl Chapiro, 1947)

Comme son titre l’indique, ce film est une nouvelle adaptation du conte de Charles Perrault. On en doit le scénario au célèbre dramaturge Evgueni Schwartz (1896-1958). Cette histoire d’une jeune fille laborieuse, maltraitée par sa marâtre (interprétée par la grande Faïna Ranievskaïa), parlait aux habitants de l’URSS qui, après les années de guerre, firent un succès à ce conte qui se finit bien. Le manque de pellicule couleur obligea les deux réalisateurs à tourner leur film en noir et blanc. Il fut colorisé en 2010.

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La Croisière tigrée (Vladimir Fetine, 1961)

Cette comédie excentrique fut le plus grand succès du cinéma soviétique en 1961. Elle attira près de quarante-neuf millions de spectateurs. L’histoire se passe sur un bateau de croisière qui quitte un pays exotique pour l’URSS. À son bord, une dizaine de lions et de tigres destinés à plusieurs zoos. Un cuisinier, qui veut rentrer chez lui en URSS, s’est embarqué sur le navire en se faisant passer pour un dompteur. Que fera-t-il lorsque les fauves parviendront à sortir de leurs cages ? 

Le Tarzan des mers (L’Homme-Amphibie de Vladimir Tchebotariov et Gennadi Kazanski, 1961)

Ce film est l’adaptation d’une nouvelle fantastique d’Alexandre Beliaïev (1884-1942). Il tint le haut du box-office en 1962 en rassemblant soixante-cinq millions de spectateurs. Un jeune homme, interprété par Vladimir Koreniev, à qui ont été greffées des branchies de requin vit dans l’eau au milieu des dauphins. Un jour, il sauve de la noyade une jeune fille, dont Anastasia Vertinskaïa joue le rôle. Il en tombe amoureux et veut redevenir un homme pour vivre avec elle. Malheureusement, il ne peut rester longtemps hors de l’eau ...

Hamlet (Grigori Kozintsev, 1964)

Cette tragédie de Shakespeare a toujours suscité l’intérêt des réalisateurs de cinéma, d’où qu’ils viennent. Dans cette adaptation de Grigori Kozintsev, le rôle-titre est tenu par Innokenti Smoktounovski, l’un des acteurs les plus doués de sa génération. Son interprétation du prince danois est aujourd’hui encore considérée comme une référence. S’il fut nommé pour de prestigieuses récompenses dans le monde entier, ce film n’obtint que le Grand prix du jury de la Mostra de Venise en 1964.

Le Soleil blanc du désert (Vladimir Motyl, 1969)

La guerre civile vient de prendre fin. Le soldat de l’Armée rouge Soukhov, qui a servi en Asie centrale, rentre chez lui à pied retrouver sa femme bien aimée. En plein désert, il tombe sur des bandits...

Ce film est le premier eastern (par analogie, avec les westerns) du cinéma soviétique. Longtemps, la censure refusa qu’il soit présenté au public, exigea qu’il soit retourné, puis que certaines scènes soient coupées. On raconte que Léonide Brejnev, grand amateur de ce genre de comédies, autorisa lui-même la sortie du film.

La Vérification (Alexeï Guerman, 1971)

Alexeï Guerman était un des représentants de l’École des réalisateurs de Leningrad, qui s’était formée aux studios Lenfilm. Leur crédo était de renoncer aux canons du réalisme socialiste et d’atteindre la plus grande véracité possible. Ils traitaient souvent de la tragédie de la Grande Guerre patriotique pour en repenser la signification. Alexeï Guerman poussa sa quête de sens si loin que la censure interdit la sortie du film dont le personnage principal est un ancien collaborationniste qui se rend aux partisans. Les censeurs y virent une altération de l’image héroïque du peuple soviétique. La Vérification fut présentée au public en 1986 seulement.

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Le Pivert n'a pas mal à la tête (Dinara Assanova, 1974)

Un écolier surnommé Moukha rêve d’être batteur dans un ensemble de jazz. Mais, il est malingre et insignifiant. Personne ne comprend sa musique, il est souvent moqué et son frère aîné, qui joue au basketball, le frappe souvent. Il est amoureux d’Ira, une camarade de classe. Il lui semble que le cauchemar de l’adolescence ne finira jamais. Ce long-métrage de Dinara Assanova est l’un des premiers films soviétiques à aborder le thème de l’adolescence et la psychologie des enfants qui mûrissent. C’est aussi un film touchant sur le premier amour.

Vingt jours sans guerre (Alexeï Guerman, 1977)

Dans ce film pénétrant, Alexeï Guerman aborde une nouvelle fois le thème de la Grande Guerre patriotique. À la demande de sa rédaction, un correspondant de guerre retourne à l’arrière où un film est tourné d’après ses récits. Là, il rencontre l’amour et, durant vingt jours, oublie tout de la guerre. Le scénario est de l’écrivain et poète Konstantin Simonov, l’auteur du célèbre poème Attends-moi. Les rôles principaux sont tenus par Iouri Nikouline, grand acteur de comédie, et Lioudmila Gourtchenko (1935-2011).

La Voix solitaire de l’homme (Alexandre Sokourov, 1978)

Démobilisé du front de la guerre civile, un soldat de l’Armée rouge ne peut en oublier les horreurs et reprendre une vie normale. Il tombe amoureux de Liouba, une étudiante, et met toute l’énergie qu’il lui reste pour la conquérir. Ce drame psychologique – le premier long-métrage d’Alexandre Sokourov – ne sortit sur grand écran que neuf ans après avoir été tourné.

Les Aventures de Sherlock Holmes et du Docteur Watson (Igor Maslennikov, 1979-1986)

Cette série télévisée est l’adaptation des romans de Conan Doyle. Son interprétation de Sherlock Holmes valut à Vassili Livanov d’être décoré de l’ordre de l’Empire britannique. Les tournages se firent à Leningrad, Tallinn (Estonie) et Riga (Lettonie). L’appartement de Baker Street fut construit dans les pavillons des studios Lenfilm.

Trois hommes dans un Bateau, sans parler du chien (Naoum Birman, 1979)

Cette comédie musicale légère inspirée du roman de Jerome K. Jerome  forma l’image un peu caricaturale que se firent les spectateurs soviétiques des gentlemen de l’époque victorienne : un peu gauches, débonnaires et romantiques, en maillots de bain à rayures et avec des chapeaux ridicules. L’un des rôles-titres est tenu par le sex-symbole de sa génération, le talentueux Andreï Mironov.

La Blonde au coin de la rue (Vladimir Bortko, 1984)

La blonde Nadejda est une femme entreprenante de tous les points de vue. Elle sait comment trouver les marchandises qui sont rares, a de l’entregent. Elle est elle-même une personne importante : elle travaille dans un magasin de produits alimentaires, ce qui, en URSS, était une relation à avoir. Elle rencontre un astrophysicien rêveur, tombe amoureuse et essaie de le faire redescendre sur terre. Mais, il ne pense qu’aux civilisations extraterrestres. Ce film, l’un des derniers que tourna Andreï Mironov avant sa mort, fut un grand succès en salles.

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Mon ami Ivan Lapchine (Alexeï Guerman, 1984)

Il s’agit d’un des films les plus importants de la Perestroïka. Dans cette adaptation d’une nouvelle de son père, Alexeï Guerman chercha à rendre l’atmosphère des années 1930 et montrer la difficulté du quotidien de l’époque.

Le chef de la police criminelle d’une petite ville vit dans un appartement communautaire bondé, arrête des bandes de malfaiteurs, tombe amoureux d’une actrice qui ne partage pas ses sentiments, se retrouve pris dans un triangle amoureux avec l’un des vieux amis.

La Cerise d’hiver (Igor Maslennikov, 1985)

Ce mélodrame existentiel sur un amour qui ne trouve pas son objet et la solitude plut tellement aux spectateurs soviétiques que le metteur en scène Igor Maslennikov leur proposa la suite de l’histoire de ses personnages en deux autres films. Un quatrième était annoncé mais ne put être tourné faute de moyens. C’est l’une des premières réalisations de la Perestroïka où l’on voit une scène érotique.

Cœur de chien (Vladimir Bortko, 1988)

La nouvelle de Mikhaïl Boulgakov qu’adapta Vladimir Bortko pour la télévision resta longtemps interdite en URSS. La censure y voyait une satire trop mordante de l’ordre social instauré après la Révolution d’octobre. Elle fut publiée sous la Perestroïka et rencontra un succès immense. Tout comme le téléfilm dans lequel Evgueni Evstignéïev tient le rôle du professeur Preobrajenski. Cette adaptation reste une source inépuisable de citations et de mèmes.

Les Particularités de la chasse nationale (Alexandre Rogojkine, 1995)

Un jeune Finlandais convainc un ami russe de l’emmener participer à une vraie chasse russe. Le Russe accepte et présente son ami à une compagnie de chasseurs, parmi lesquels un général. Le Finnois est horrifié lorsque les Russes commencent à boire, à prendre des bains de vapeur et à oublier complètement ce pour quoi ils se sont réunis...

Le rôle de l’étranger est tenu par l’acteur finlandais Ville Haapasalo qui, après la sortie du film sur les écrans, est devenu une véritable vedette en Russie. Cette comédie désopilante eut tellement de succès que plusieurs suites furent tournées.

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Molokh (Alexandre Sokourov, 1999)

Dans ce film, Alexandre Sokourov aborde pour la cinquième fois la question de la nature du pouvoir. Il s’intéresse ici à une journée de la vie d’Adolphe Hitler. Le Führer se repose avec Eva Braun dans les Alpes. Viennent leur rendre visite Joseph Goebbels et sa femme Magda, ainsi que Martin Bormann.

Ce long-métrage est une coproduction franco-russo-germano-italo-nippone. Il fut tourné en allemand et reçut de nombreuses récompenses internationales.

Il est difficile d’être un Dieu (Alexeï Guerman, 2013)

Alexeï Guerman réfléchissait depuis la fin des années 1960 à l’adaptation de cette nouvelle de science-fiction des frères Strougatski éditée en 1963. Ce film est son dernier, fut achevé par son fils Alexeï et sortit après sa mort. L’histoire se passe sur une planète qui n’est pas la Terre dans un avenir lointain. Mais l’ordre social qui régit la vie des humanoïdes rappelle celui du Moyen-Âge sur Terre. Des scientifiques humains observent comment des moines formant un Ordre s’emparent du pouvoir.

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