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L’Icône de Notre-Dame du Signe de Koursk, datant du XIIIe siècle, est considérée comme l’une des principales reliques orthodoxes. Elle représente la Mère de Dieu à l’enfant, levant les mains vers le haut en signe de propitation, et, au-dessus, le Seigneur des armées et les prophètes de l’Ancien Testament.
C’est cette icône qui a guéri Séraphin de Sarov, l’un des saints russes les plus vénérés, lorsqu’il était enfant. Les soldats russes ont été bénis par cette icône pendant des siècles, et une procession en son honneur est représentée dans l’une des peintures les plus célèbres d’Ilia Répine.
Aujourd’hui, l’icône est conservée... à Manhattan, dans la cathédrale de Notre-Dame-du-Signe, dépendant de l’Église orthodoxe russe à l’étranger. Elle est devenue le symbole et le sanctuaire de tous les Russes arrachés à leur patrie et dispersés dans d’autres pays.
Avant d’atteindre son lieu de résidence actuel, cette icône a dû traverser bien des épreuves. De l’invasion des Tataro-Mongols à l’attentat de révolutionnaires, en passant par la fuite à travers l’Europe face au bolchévisme.
À l’endroit où elle a été trouvée, une source est apparue
Selon la légende, l’icône a été trouvée le jour de la Nativité de la Mère de Dieu, le 8 septembre 1295. Cette date est toujours célébrée comme le jour de la découverte de l’icône. Dans ces années-là, la Russie était soumise aux assauts des Tataro-Mongols et, non loin de Koursk, cité détruite et brûlée par le khan Batou, un chasseur a trouvé l’icône à la racine d’un arbre (C’est pourquoi elle est aussi appelée « des racines »).
Lorsqu’il l’a ramassée, une source a jailli de l’endroit où elle reposait. Le chasseur a donc construit une chapelle pour l’icône et bientôt tous les habitants du voisinage sont venus vénérer le sanctuaire.
Elle a été découpée par les Tatars
Près d’un siècle plus tard, les Tatars ont à nouveau attaqué les terres de Koursk. Ayant rencontré sur leur chemin une chapelle avec une icône, ils ont décidé d’y mettre le feu, mais ont échoué. Ils ont alors pris l’icône et l’ont coupée en deux morceaux, qu’ils ont ensuite jetés dans différentes directions – et ce n’est qu’alors qu’ils ont réussi à brûler la chapelle.
Ils ont fait prisonnier le prêtre le plus âgé et l’ont longuement torturé pour qu’il renonce à sa foi et en accepte une autre. Cependant, par un accident miraculeux, alors qu’il chantait à nouveau une prière en l’honneur de la Mère de Dieu, il a été vu par des envoyés du tsar de Moscou et a été libéré contre rançon.
Le vieillard est retourné à l’endroit où se trouvait la chapelle et a trouvé les morceaux de l’icône fendue. Lorsqu’il les a assemblés, ils se sont réunis immédiatement, comme si l’œuvre n’avait pas été endommagée.
Ce n’est qu’en 1597 que Koursk a été libérée de l’invasion tataro-mongole. À la même époque, un monastère a été érigé en l’honneur de l’icône – l’ermitage Korennaïa (« des racines »).
Elle a été capturée par le Faux Dimitri, mais a tout de même aidé Koursk
De nombreux croyants venaient prier l’icône, dont le pouvoir miraculeux et la renommée étaient très grands. Le Premier Faux Dimitri a par conséquent décidé d’en profiter pendant le Temps des troubles. En tant qu’ancien moine, il connaissait l’influence de l’icône sur la population et la possession d’un tel objet pouvait la convaincre de se ranger de son côté. En outre, il voulait lui-même en ressentir la grâce.
Il a ainsi ordonné que l’icône soit apportée à son quartier général de Poutivl et prié avec elle tous les jours, puis l’a emportée avec lui lors de sa campagne de Moscou. Pendant un certain temps, il semble que l’icône l’ait aidé – l’imposteur a même réussi à prendre le pouvoir à Moscou. Bien que l’icône ait été absente, dans sa ville originelle de Koursk, les fidèles sont toujours venus la prier et, après un nouveau long siège par les envahisseurs polonais, la ville a finalement été libérée.
Le nouveau tsar de la dynastie des Romanov, Michel Ier, a ensuite ordonné le retour de l’icône à Koursk et fait construire le monastère de la Mère-de-Dieu-du-Signe en son honneur. Depuis lors, une tradition s’est établie : le neuvième vendredi après Pâques, l’icône est transportée en procession du monastère jusqu’à l’ermitage Korennaïa, son ancienne demeure. C’est cette procession qui est représentée dans le célèbre tableau d’Ilia Répine.
Indemne après une violente explosion
À la fin du XIXe siècle, l’orthodoxie en Russie était en crise. Bien des jeunes gens révolutionnaires ne croyaient plus en Dieu, certains menaient des activités terroristes contre le régime tsariste et organisaient régulièrement des attentats et des explosions. Or, en 1898, quatre athées de Koursk ont fabriqué une bombe artisanale et l’ont placée dans la cathédrale pour se prouver à eux-mêmes et aux autres que l’icône n’avait pas le pouvoir qu’on lui attribuait et que Dieu n’existait pas.
Alors, une puissante explosion s’est produite dans l’édifice. Heureusement, elle s’est produite après l’office, alors que le temple était vide. Toutefois, à la stupéfaction générale, alors que les clôtures et les marches en pierre et en métal près de l’icône ont été détruites, l’icône elle-même est restée indemne. Toutes les fenêtres de la cathédrale et même certains murs ont été fissurés, mais le verre du coffret de l’icône n’a pas été endommagé.
Elle a été volée mais retrouvée
Après la révolution, en 1918, l’icône a soudainement disparu. Quelques semaines plus tard, elle a été retrouvée dans un vieux sac, avec une copie. Toutes deux avaient été dépouillées de leur précieux cadre, et comme peu de gens avaient vu l’icône sans la riza, l’on n’a même pas pu reconnaître immédiatement laquelle était la vraie. L’iconographe qui a réalisé la copie est cependant venu en aide. Depuis lors, l’icône a été recouverte d’une nouvelle riza en argent recouverte d’émail bleu – c’est dans cette riza que l’icône est conservée à ce jour.
A survécu à la guerre civile, à la Seconde Guerre mondiale et à plusieurs évacuations
En 1920, l’armée bolchévique s’approchait de Koursk et l’armée blanche de Denikine se retirait de la ville, proposant au clergé de la suivre. Les évêques ont alors jugé qu’il fallait sauver l’icône des bolcheviks et l’ont envoyée avec eux dans le sud, puis en Serbie, où de nombreuses troupes furent évacuées.
Jusqu’en 1944, l’icône a été conservée dans le monastère serbe de Jazak, puis dans l’église de la Trinité à Belgrade. Cependant, la force destructrice de la Seconde Guerre mondiale a contraint les prêtres à évacuer à nouveau avec la relique. Les évêques orthodoxes craignaient l’approche des troupes soviétiques. Bien qu’ils aient libéré l’Europe des nazis, le clergé se souvenait de la façon dont la religion avait été traitée en URSS.
L’icône a par conséquent d’abord été transportée à Karlovy Vary, puis à Munich, à Genève...
Conservée à New York et voyage à travers le monde
En 1950, le sommet de l’Église orthodoxe russe à l’étranger a décidé de s’installer aux États-Unis et d’y transporter l’icône. Un nouvel ermitage Kornaïa a été construit pour abriter l’icône à Magopak, près de New York. Toutefois, en 1958, à Manhattan, la cathédrale synodale de Notre-Dame-du-Signe a été construite pour l’icône.
Ce n’est qu’en 2009, 90 ans après son évacuation, que l’icône s’est rendue pour la première fois en Russie. Avant cela, elle avait eu le temps de voyager à travers les États-Unis, de visiter l’Amérique du Sud et même plusieurs fois l’Australie.
À Koursk, une procession se déroule chaque année depuis la cathédrale Notre-Dame-du-Signe jusqu’à l’ermitage Kornaïa, avec une ancienne copie de l’icône.
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