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Techniquement, Rodion Raskolnikov est un méchant. Son plus grave crime est d'avoir commis un meurtre pour des raisons en apparence morales. « Suis-je une créature tremblante ou ai-je le droit ? », se demande-t-il avec audace, cherchant à savoir s'il est « un pou, comme tout le monde, ou un être humain ? Puis-je faire cela ou non ? ». Après avoir commis son crime ignoble (Raskolnikov assassine une avide prêteuse sur gages, Aliona Ivanovna, et sa sœur Lizaveta, qui se trouve être enceinte), le protagoniste endure un enfer émotionnel dans sa quête de rédemption morale. Raskolnikov se repent et paie pour son crime durant le reste de sa vie. « Je n'ai pas tué la vieille femme, je me suis tué moi-même ! », reconnaît le jeune homme dans Crime et Châtiment, analysant l'impact de son crime. L'auteur d’Invitation au supplice Vladimir Nabokov, qui a souvent critiqué Fiodor Dostoïevski avec une pointe de sarcasme, a estimé que Raskolnikov aurait dû être emmené non pas dans un commissariat, mais, avant tout, chez un psychiatre.
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Arkadi Svidrigaïlov est un méchant parfait qui cache ses démons sous un vernis de bienveillance. Il y a évidemment « quelque chose de terriblement désagréable » chez cet homme qui commet des péchés graves, et ne choisit jamais le bon chemin. Personne cynique et mesquine, Svidrigaïlov est responsable du suicide d'une jeune fille sourde de 14 ans et, peut-être, de l'empoisonnement de sa femme jalouse, Marfa. Ancien accroc aux cartes, Svidrigaïlov est décrit comme « un méchant vide et insignifiant » dont les yeux étaient « en quelque sorte trop bleus et le regard en quelque sorte trop lourd et immobile ». Ce noble, qui n'a pas encore cinquante ans, personnifie la débauche, la luxure et l'oisiveté avec un grand « O ». Chose intéressante, dans le roman à plusieurs niveaux de Dostoïevski, Svidrigaïlov est associé au motif de la dualité et à la résurrection de Raskolnikov. Il est ce que Raskolnikov aurait pu devenir s'il n'avait pas trouvé la force de se repentir.
Grigori Petchorine détruit la vie des autres avec la même facilité que les vagues démolissent des châteaux de sable. Il fait souffrir les autres sans effort, mais reste totalement indifférent aux conséquences de ses actes. Fière beauté caucasienne ou frêle jeune femme noble - peu importe pour Petchorine, 25 ans, qui sera sa prochaine proie. Et pourtant, si l'une d'entre elles, Bèla, n'avait pas rencontré Petchorine, elle serait restée en vie ! Mais les femmes vont et viennent, comme les marionnettes d'un spectacle bon marché, pendant que Grigori essaie de trouver un nouveau remède contre l'ennui, en vain. Le jeune officier immoral s'ennuie de tout et finit par être las de la vie elle-même. Petchorine est souvent considéré comme un personnage dans lequel tous les vices de la société des années 1830 se sont réunis, mais il est aussi celui en qui les jeunes modernes peuvent reconnaître des traits humains universels. Il est indifférent, las du monde, cynique et sarcastique. Le talentueux de M. Ripley, en quelque sorte…
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S'il avait vécu aujourd'hui, Taras Boulba aurait certainement été contraint de suivre des cours de gestion des émotions. Dans un accès de colère et de déception, Boulba, type colérique et à la forte volonté, assassine son propre fils Andriï. « Je t'ai mis au monde et je te tuerai ! », conclut le cruel cosaque. Homme vindicatif et grossier, il massacre son fils lorsque celui-ci trahit les Cosaques et se range du côté des Polonais. Après ce meurtre brutal, l'homme aux cheveux gris, qui est également un ardent croyant orthodoxe, regarde longtemps le « cadavre sans vie » de son fils gisant. Physiquement forts et puissants, même les Cosaques trouvent sa « férocité et sa cruauté impitoyables excessives », mais Boulba est aussi têtu qu'un bœuf. Il insulte et bat sa femme. La brutalité fait partie de son ADN.
Katerina Izmaïlova a longtemps été un symbole de la passion intimidante de Shakespeare, pimentée par la sombre réalité de la vie russe.
Au départ jeune paysanne, elle devient ensuite la femme d'un marchand et souffre désespérément de l’ennui. Dans sa passion aveugle et incontrôlable pour son nouvel amant arrogant (le commis Sergueï), cette femme au sang chaud se transforme en un véritable monstre : elle tue son mari, son beau-père âgé et le petit neveu de son mari, Fédia, qu’elle étouffe avec un oreiller. Même si l'on peut supposer que les deux premiers meurtres ont été commis par amour, le troisième est injustifiable. Le jeune garçon n'a en effet jamais interféré avec la vie amoureuse de Katerina. Elle a tué le garçon pour ne pas partager l'héritage avec lui. Et ce n'est pas la dernière mort du sombre roman de Leskov…
L'écrivain lui-même avait reconnu qu'il avait souvent la chair de poule lorsqu'il écrivait sa Lady Macbeth du district de Mtsensk. Le roman est une tentative d'explorer ce qui se passe lorsque les gens ordinaires sont la proie de ce que Leskov décrit comme des « passions sombres ». La clé à retenir est qu'un crime ignoble et pervers finit toujours par être puni…
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