Décès de Véronique Lossky, figure incontournable des relations littéraires franco-russes

Le 17 mars 2018 s’est éteinte à Paris Véronique Lossky, personnalité majeure dans le renforcement des liens culturels entre la France et la Russie, qui s’était distinguée notamment par son travail sur l’œuvre de la poétesse Marina Tsvetaïeva.

Un parcours remarquable

Véronique Lossky, éminente spécialiste de la littérature russe, traductrice, auteur et professeur à la Sorbonne, à qui l’on doit de nombreuses études et versions françaises des œuvres de la poétesse Marina Tsvetaïeva, nous a quittés ce samedi à l’âge de 87 ans. Née en 1931 à Paris sous le nom de Véronique Youdine-Belsky, elle était issue d’une famille d’immigrés russes de la première vague, et a en 1952 épousé le théologien et futur prêtre orthodoxe Nicolas Lossky.

Diplômée de la Sorbonne et de l’Université d’Oxford en littérature russe classique et contemporaine ainsi qu’en histoire slave, elle a ultérieurement embrassé une carrière de professeur dans ce premier établissement et à l’Institut de Théologie Orthodoxe Saint-Serge de Paris.

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Au cœur de ses travaux se trouvait Marina Tsvetaïeva, célèbre poétesse russe de la première moitié du XXe siècle. Lossky a en effet rédigé plusieurs monographies à son sujet et traduit une partie considérable de son œuvre. C’est d’ailleurs pour la traduction de Mon dernier livre – 1940, recueil de vers et poèmes, qu’elle a reçu, en 2012, le prix Marina Tsvetaïeva.

« Véronique Lossky est une des grandes traductrices et des personnalités importantes du monde littéraire franco-russe. C’est grâce à elle en grande partie que les lecteurs français ont pu découvrir les œuvres de Marina Tsvetaïeva. Elle a récemment publié en deux volumes l’intégralité des œuvres lyriques en édition bilingue, ce qui était en quelque sorte réputé comme infaisable et elle s’en est très bien sortie », confie François Deweer, gérant de la Librairie du Globe, véritable institution de la littérature russe à Paris.

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Elle s’est cependant penchée sur de nombreux autres auteurs et sujets, dont Anna Akhmatova, l’émigration russe, la place de la femme dans l’Église orthodoxe. Ses recherches l’ont ainsi amenée à rédiger de multiples ouvrages, articles, essais, publiés à travers le monde. Elle a également été coauteur du Dictionnaire biographique de l'émigration russe en France 1919-2000.

Une perte inestimable

Les milieux littéraires, tant russes que français, ont évidemment reçu la nouvelle avec une profonde tristesse et beaucoup ont tenu à exprimer leur peine.

« Véronique Lossky pour moi c’était une énergie permanente, quelqu’un qui vous emportait par son enthousiasme et c’était quelqu’un qui aura été jusqu’au bout très positive et énergique. », se remémore Anne Coldefy-Faucard, traductrice, éditrice et professeur de littérature russe à la Sorbonne, évoquant le jour où Lossky s’était rendue à l’un de ses séminaires portant sur Tsvetaïeva et était parvenue à surprendre le public et à s’emparer de son entière attention grâce à sa vivacité, son humour et son éloquence. Selon elle, Véronique Lossky était « irremplaçable ».

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« C’est une immense perte. Véronique Lossky est une figure importante dans les lettres russes en France, elle a fait un travail absolument énorme sur l’œuvre de Marina Tsvetaïeva, qu’elle a fait connaître, qu’elle a traduite et qu’elle a commentée. Nous savions qu’elle était malade et nous sommes très tristes de savoir qu’elle n’est plus avec nous », témoigne de son côté Christine Mestre, coordonnatrice du prix Russophonie et fondatrice des Journées du livre russe.

Sa disparition coïncide par ailleurs avec l’apogée du salon Livre Paris, où la Russie est invitée d’honneur, et a par conséquent eu un écho tout particulier auprès des amateurs de belles-lettres russes.

« C’est évidemment très triste d’apprendre une telle nouvelle, justement au moment où on met à l’honneur les écrivains et les traducteurs [russes] », regrette Deweer.

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L’Institut de traduction de Moscou a également fait part de son affliction. « Nous connaissions très bien cette grande personne et professionnelle. Elle devait prendre part au programme du stand russe [du salon Livre Paris] mais s’est, en raison de son hospitalisation, désistée au dernier moment », déplore ainsi Evgueni Reznitchenko, directeur de l’établissement.

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