La tradition consistant à célébrer le Nouvel an est née en Russie en 1935, après plusieurs années de prohibition de cette fête « bourgeoise » et « nocive » aux yeux des bolcheviks. Un article du membre du Parti communiste soviétique Pavel Postychev est alors paru dans le journal Pravda, proposant de restituer aux enfants soviétiques « l’ambiance de conte et de magie ». La fête d’hiver a vite été réhabilitée, mais a dû subir un « lifting » pour ne comporter aucune connotation religieuse : désormais, c’est le Nouvel an, et non Noël, qui devenait la célébration principale de la saison. Le sapin, cet attribut indissociable de la fête de la Nativité, est alors devenu le principal symbole du Nouvel an. D’ailleurs, même l’apparence de l’arbre a été soigneusement repensée par rapport à celle arborée sous la Russie tsariste.
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L’étoile de Bethléem a été remplacée par une étoile rouge à cinq branches, symbole de l’armée Rouge, quant aux figurines d’anges, elles furent substituées par des boules en forme d’animaux, de plantes, de tours du Kremlin, de pionniers, de sportifs et même de membres du Bureau politique du PC.
Russia Beyond revient sur les cinq sujets principaux que la machine de propagande soviétique utilisait lors de la conception des décorations.
Symbolique soviétique
Les premières décorations de sapin fabriquées en URSS avaient un penchant vers la propagande très prononcé : en concevant les figurines allant des avions aux aérostats et aux bateaux, les artistes les ornaient d’inscriptions telles « Le communisme vaincra », ou de symboles soviétiques comme la faucille et le marteau ou l’étoile rouge. Qui plus est, une collection de boules à l’effigie de membres du bureau politique du Parti communiste soviétique a été fabriquée en 1936 à Kharkov (aujourd’hui en Ukraine). L’une de ces boules était ornée d’un côté de l’effigie de Lénine et de l’autre de celle de Staline. Cependant, cette pratique a vite été abandonnée : au cours des années 1930, la conjoncture politique changeait rapidement, et les héros d’hier ne tardaient pas à devenir des ennemis du peuple qui n’avaient plus leur place sur les branches des beaux sapins.
Sport et espace
Avec le lancement du premier satellite soviétique et le début de l’ère spatiale, des figurines de cosmonautes russes, de fusées, de planètes, d’étoiles et de satellites ont commencé à orner l’arbre festif. Les Jeux olympiques d’été 1980 ont apporté leur obole et depuis des sportifs - le plus souvent réalisés en verre fin - ainsi que Michka l’ourson, célèbre mascotte des JO, se sont invités à la fête.
Agriculture
Pendant la brève période du « dégel » sous Nikita Khrouchtchev, des décorations reflétant les acquis réalisés dans l’agriculture et dans d’autres domaines « pacifiques » de l’économie soviétique sont apparues. Souvent, les sapins étaient décorés de figurines représentant des concombres, des champignons, des carottes et des poivrons. Mais c’est l’épi de maïs qui était la décoration la plus en vogue depuis le lancement de la campagne de plantation de cette céréale. En outre, les décorations « musicales » - guitares, mandolines, flûtes et tambours, étaient très prisées.
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Cinéma
Des personnages de films populaires trouvaient également leur place sur les boules. Ainsi, après la sortie du film Le Cirque - avec le sex-symbol soviétique Lioubov Orlova dans le rôle principal - des décorations en forme de clowns, de gymnastes et d’acrobates n’ont pas tardé à faire leur apparition dans les rayons des magasins. En 1941, après la sortie sur les écrans du film La Porchère et le Berger, ce sont les figurines représentants des professions prolétaires qui ont conquis le marché. En 1956, après la première du film La Nuit de carnaval, œuvre devenue l’un des principaux symboles du Nouvel an soviétique, des boules en forme d’horloge montrant minuit moins le quart (en référence à une chanson interprétée par l’héroïne) ont acquis une popularité particulière.
Motifs nationaux
Tout virage de la politique étrangère de l’Union soviétique et toute adhésion d’une nouvelle république se traduisaient par l’apparition de décorations aux motifs nationaux du pays en question. Ainsi, au milieu des années 1930, pendant la phase active de la politique axée sur les pays asiatiques, les motifs orientaux étaient en vogue et des décorations représentant des chameaux, des oiseaux exotiques, des beautés orientales, Aladin ou de simples personnages en costumes nationaux ont vu le jour. Suite à la signature en 1945 du Traité d'amitié et de l'alliance sino-soviétique, ce sont des dragons, des lanternes et des éventails qui ont trouvé leur place sur les branches du sapin du Nouvel an.
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