À quoi sert et comment utiliser le signe mou «Ь» de l’alphabet russe?

Skourikhina; Vsevolod Tarassevitch/Sputnik
Souvent, il n'est pas possible d’affirmer, à l’écoute, si cette lettre est présente dans le mot ou non, à tel point que beaucoup commentent des erreurs, en oubliant de l'écrire ou en l'utilisant au mauvais endroit. Pourtant le signe mou possède plusieurs fonctions techniques importantes. Nous vous expliquons comment s’en servir correctement.

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En russe, il n'existe pas de symboles spéciaux – accents ou trémas – qui modifieraient la prononciation de la lettre sur laquelle ils seraient apposés, mais il existe des lettres techniques. Le signe mou, par exemple, ne se prononce en aucune façon par lui-même (comme son compagnon – le signe dur). Cependant, il a un nombre considérable de fonctions grammaticales, un vrai casse-tête pour ceux qui apprennent la langue russe.

Mouille les consonnes dures

Affiche soviétique

L'une des principales fonctions du signe mou, qui est parfois transcrit en alphabet latin par une apostrophe, est l'adoucissement de la consonne le précédent. Les mots « мол » (« mol », « digue ») et « моль » (« mol’ », « mole ») sont ainsi lus différemment. Lorsqu’un signe mou est placé derrière une consonne, il convient de « mouiller » cette dernière. L’exemple le plus frappant pour un francophone sera le cas du « Н » (« N ») : « Н » sera prononcé comme le « N » français, par contre, « НЬ » se lira « GN », comme dans « châtaigne ».

Il convient bien de le marquer, puisqu’il permet par exemple de différencier un infinitif d’un verbe conjugué à la troisième personne du singulier, à l’instar de « портить » (« portit’ », « gâcher ») et « портит » (« portit », « il/elle gâche »). Pour s’en rappeler, il suffit de se souvenir que les infinitifs se terminent toujours par un signe mou (auquel peut ensuite être rattaché la forme pronominale « -ся ») : comparez « знакомиться » (« znakomit’s’a », « faire connaissance ») et « знакомится » (« znakomits’a », « il/elle fait connaissance »).

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Sépare une consonne de la voyelle lui succédant

Affiche soviétique

Le plus souvent, en russe, la prononciation des voyelles dépend de la lettre qui se trouve devant elles. Par exemple, les voyelles « Е » (« IÉ »), « Ё » (« IO »), « Ю » (« IOU ») et « Я » (« IA »), se lisent respectivement comme « Э » (« È »), « О » (« O »), « У » (« OU ») et « А » (« A ») si une consonne se trouve avant elles, tout en mouillant cette dernière, comme dans « мясо » (« m’asso », « viande ») et « нервы » (« n’ervy », « nerfs »). Mais si devant « Е », « Ё », « Ю », « Я » se trouve une voyelle, un signe dur ou un signe mou, alors le son « Й » (« Ï ») y est ajouté : « ЙЭ » (« IÈ »), « ЙО » (« IO »), « ЙУ » (« IOU », « ЙА » (« IA »). Ainsi, « семя » (« sem’a », « graine ») et « семья » (« sem’ia », « famille ») se prononceront différemment. Complexe, n’est-ce pas ?

La tâche principale est de reconnaître quel signe est nécessaire, mou ou dur. Pourquoi « свинья » (« svin’ia », « cochon ») s'écrit-il avec un mou, tandis que « подъезд » (« pod’ezd », « entrée d’immeuble ») s’épelle avec un dur ? Il existe de nombreux exercices pour cette règle, et pourtant les erreurs sont assez fréquentes.

En réalité, le signe mou sépare le plus souvent la racine de la terminaison du mot, ou la racine et le suffixe. Ainsi, il se trouve généralement proche de la fin d'un mot. Le signe dur, au contraire, sépare souvent le préfixe de la racine, alors vous le rencontrerez le plus fréquemment au début du mot.

En outre, le signe mou est le plus souvent utilisé dans des mots empruntés, tels que « бульон » (« boul’on », « bouillon ») et « шампиньон » (« champin’on », « champignon de Paris »). C'est la façon la plus intéressante de russifier les lettres et les sons étrangers, qui n’existent pas en russe. Le Grand « каньон » (« kan’on », « canyon ») et « Канье » (« Kan’e », « Kanye ») West ont ainsi eux aussi connu ce sort dans la langue de Pouchkine.

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Après les lettres chuintantes

Affiche soviétique

L'orthographe des mots avec des consonnes chuintantes – « Ж » (« J »), « Ш » (« CH »), « Щ » (« CHTCH ») et « Ч » (« TCH ») – est l'un des pièges les plus sournois de la langue russe, puisque l’on ne peut se fier à ce que l’on entend. Par exemple « жёлтый » (« j’olty », « jaune ») et « чёрт » (« tch’ort », « diable ») pourraient, à l’oral, laisser penser qu’il s’agit d’un simple « О », et non d’un « Ё » (« IO »).

Avec un signe mou, c'est encore plus difficile – après tout, les chuintantes « Ж » et « Ш » sont dures et il est impossible de les mouiller, même avec un signe mou, tandis que « Щ » et « Ч » sont mouillées de base, même sans signe mou.

Là encore, le signe mou a donc une fonction purement technique :

Il montre qu'un nom avec une chuintante à la fin est féminin et qu’il suit les règles de la troisième déclinaison.

Et si c'est un verbe, cela signifie qu’il s’agit :

- d’un infinitif, comme vu précédemment : « жечь » (« jetch’ », « brûler »)

- d’une deuxième personne du singulier : « думаешь » (« doumaïech’ », « tu penses »)

- ou d’un impératif singulier : « режь » (« rej’ », « coupe »)

Il existe également une règle, qui ne connait que trois exceptions, selon laquelle tous les adverbes terminant par une chuintante prennent un signe mou à la fin. C’est le cas, par exemple, de « навзничь » (« navznitch’ », « à la renverse »).

Dans cet autre article, nous nous intéressions au cas du signe dur.
   

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