Russia Beyond : Madame la ministre russe de l’Éducation et des Sciences, vous avez rencontré lors de votre visite à Paris votre homologue français, le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer. Quels sont les points principaux que vous avez évoqués ensemble ?
Olga Vassilieva : Le ministre français a tout d’abord évoqué le problème de l'enseignement du français en Russie et du russe en France. D’ailleurs, les statistiques russes de 2016 l’ont surpris : 275 000 personnes réparties dans 2 752 organismes d'enseignement général étudient la langue française en Russie. En France, 13 500 écoliers et étudiants apprennent le russe, et, selon le ministre français, 700 nouveaux étudiants se sont ajoutés à ce chiffre depuis le début de l’année académique.
Les efforts sont déployés des deux côtés et à différents niveaux pour promouvoir l’apprentissage des langues. Par exemple, le Consulat général de Russie à Strasbourg s’occupe de l’organisation logistique de stages linguistiques d'été de trois à quatre semaines pour les citoyens français à l'Institut d'État de la langue russe Pouchkine, à l’Université d'État de Koursk, à l’Université pédagogique d'État d'Omsk, et à l’Université d'État de Tioumen.
Chaque année, 46 étudiants russes vont grâce aux bourses françaises travailler comme assistants des enseignants de langue russe dans les établissements d’enseignement secondaire en France.
Nous avons le programme « Éducation globale » visant à soutenir les citoyens de la Fédération de Russie qui se sont inscrits de manière indépendante dans les organismes d’enseignement supérieur étrangers. La liste des principales organisations éducatives étrangères, que le programme vise, comprend 11 établissements français.
Deuxième point important que nous avons abordé, ce sont les stages réciproques de nos étudiants et, ce qui est complètement nouveau, des élèves des collèges professionnels. Mon collègue a insisté sur ce projet, qui nous intéresse beaucoup en Russie, car nous développons actuellement le système d’apprentissage en coopération avec des entreprises, potentiels employeurs. L’attention est principalement focalisée par le ministère sur l'enseignement secondaire professionnel, il est nécessaire d'avoir un personnel hautement qualifié pour les industries des hautes technologies. La France s’intéresse bien évidement aux domaines où nous avons des projets scientifiques et technologiques en commun, comme le génie nucléaire, par exemple.
Et en ce qui concerne l’enseignement supérieur russe, est-il attrayant pour les étudiants français ?
Actuellement 247 citoyens français sont inscrits dans des établissements d’enseignement supérieur russes pour le cycle complet, dont 107 personnes dans le cadre des quotas ministériels, c’est-à-dire, pour des cursus d’étude gratuits. Les autres financent eux-mêmes ou via des organismes ou des tierces personnes leurs études. L'année prochaine nous allons augmenter les quotas. Les étudiants français choisissent des spécialités liées aux mathématiques, à la physique, à l'astrophysique - ces disciplines ont toujours intéressé les Français.
À ce jour, nous avons 400 accords interuniversitaires sur l'échange d’étudiants, d’enseignants et de chercheurs, sur les recherches communes. Les universités russes ont le droit, à travers l'association des universités, de passer directement des contrats pour des stages de courte durée, qui sont très appréciés par les établissements français. De plus, nous avons plus de 70 universités qui ont un double diplôme russo-français. Chaque année, plus de 2 000 jeunes, russes et français, participent à des échanges d'étudiants.
Où en est la coopération scientifique ?
En ce qui concerne la coopération scientifique et technique, nous avons de très gros projets communs. Les principaux domaines de recherche sont la physique des particules élémentaires et la théorie quantique des champs, l'astronomie et l'astrophysique, la physique interdisciplinaire, la physique nucléaire, la science des matériaux et d'autres domaines. Après l'Allemagne et les États-Unis, la France occupe la troisième place en nombre de publications scientifiques communes avec la Russie. Elle est le premier pays en termes de nombre de projets scientifiques communs avec notre pays.
Afin de soutenir la recherche bilatérale en 2015, le ministère russe de l'Éducation et des Sciences et le ministère français des Affaires étrangères ont organisé un concours pour soutenir des projets de recherche russo-français. Le 28 septembre 2015, les résultats d'un concours ouvert avec la participation d'organismes de recherche et d'universités de Russie et de France ont été dévoilés dans le cadre du programme de partenariat Hubert Curien - A.N. Kolmogorov, annoncé en avril 2015. Sur les 30 demandes soumises, six projets conjoints dans le domaine de la photonique, des micro- et nano-systèmes, des études climatiques et de la médecine ont été soutenus. En 2016, le concours s’est poursuivi.
Propos recueillis par Maria Tchobanov