Pourquoi la France attire-t-elle les étudiants russes?

Global Look Press
Francophones ou anglophones, 2000 étudiants russes choisissent chaque année de partir poursuivre leurs études en France. RBTH a cherché à comprendre ce qui motive les jeunes gens à miser sur les établissements français de l’enseignement supérieur et quelles difficultés ils rencontrent.

Cinq mille Russes suivent actuellement une formation supérieure en France, qui est la 5ème destination la plus prisée au monde par les étudiants de ce pays après l’Allemagne, les États-Unis, la République Tchèque et le Royaume-Uni, selon les données de l’Agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, l’accueil et la mobilité internationale (Campus France).

Chaque année, plus de 2.000 étudiants russes partent étudier à Paris, Lyon, Marseille, Strasbourg, Toulouse, Grenoble, Nice et d’autres villes universitaires françaises pour des périodes supérieures à trois mois. Les filières économiques restent les plus populaires, mais les cursus choisis par les étudiants en provenance de Russie sont tout de même assez diversifiés : le droit, la littérature, la musique, les sciences exactes, l’histoire, le cinéma, ainsi que d’autres disciplines.

Un grand nombre d'entre eux s’inscrivent en deuxième année de Master, mais certains commencent leur parcours en France par une Licence ou un Doctorat. La majeure partie des postulants ont un très bon niveau de français, cependant, le nombre de programmes en anglais augmente chaque année dans les universités françaises, attirant de plus en plus d’étudiants non-francophones.

En 2015 un accord de reconnaissance mutuelle des diplômes a été signé entre la France et la Russie, ce qui permet aux étudiants une reconnaissance de leurs années d’études, même aux niveaux intermédiaires, mais aussi de renforcer la lisibilité de leurs cursus et de leurs diplômes sur le marché du travail.

Toutefois, les étudiants russes restent relativement peu mobiles (54 923 personnes font des études à l’étranger sur un total de 7 millions d’étudiants en Russie), révèle une étude de Campus France publiée en février 2017. En 2015–2016, 4 994 étudiants russes étaient inscrits dans des établissements français de l’enseignement supérieur, dont 3 794 dans les universités. Les doctorants comptent pour 12,9% d’entre eux. Ce nombre a stagné ces dernières années et ce sont en très large majorité des étudiantes (76%).

Nous avons rencontré certaines d’entre elles pour comprendre leurs motivations et évoquer les difficultés et les atouts des études en France. Procédure d’obtention des visas, recherche de logement, différence entre les méthodes d’enseignement françaises et russes… Qu’est-ce qui préoccupe les étudiants ?

Arina Lazareva

Crédit : Archives personnellesCrédit : Archives personnelles

Arina a entamé en 2015 un Master 2 (anglophone) en droit international à Toulouse après avoir fait des études à Novossibirsk. Elle prépare actuellement sa thèse de Doctorat en droit international/sciences politiques, également en anglais, à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.

Parmi les difficultés, la doctorante évoque le manque d’information relatives aux démarches administratives de la part de Campus France, qui sert d’intermédiaire pour l’obtention des visas étudiants. Mais le véritable problème, c’est la recherche de logement, qui nécessite obligatoirement un garant. C’est un casse-tête pour tous les étudiants non-boursiers.

En ce qui concerne concrètement l'enseignement, selon Arina, « la différence avec la Russie est colossale, le format des cours magistraux et des séminaires est beaucoup plus intéressant, les enseignants sont souvent des professionnels pratiquants, ce qui est très important : il y beaucoup de matières appliquées ».

Elle remarque également qu’en France les étudiants peuvent s’exprimer plus facilement, l’apprentissage n’est pas un chemin à sens unique, comme souvent en Russie, où la tache principale de l’étudiant est d’écouter le professeur, « qui a toujours raison ». En revanche, passer plusieurs examens le même jour lors des sessions, c’est assez éprouvant et inhabituel pour les étudiants russes. 

Lioubov Doudareva

Crédit : Archives personnellesCrédit : Archives personnelles

Après ses études supérieures en mathématiques appliquées à Moscou, Liouba a continué sa formation en France par un DEA Économie de l’énergie à l’École Nationale Supérieure du Pétrole et des Moteurs (ENSPM) de Rueil-Malmaison, pour enchainer ensuite avec un Master Ingénieur d’affaires pour les marchés de l’énergie à Supélec à Gif-sur-Yvette.

Comme Arina, elle a trouvé le contenu des cours beaucoup plus informatif et utile par rapport à ceux proposés par la très prestigieuse Université d'État du pétrole et du gaz I.M. Goubkine de Moscou, et les professeurs plus ouverts au dialogue, à l'écoute et au partage. 

« J'avais un groupe très international, sur 24 étudiants, 12 étaient étrangers, et c'était tellement enrichissant de communiquer avec des personnes de différentes cultures et mentalités. J’ai découvert avec surprise, que, malgré l'ouverture, la bienveillance et une grande érudition, les étudiants français rivalisent beaucoup entre eux. Dans mon université en Russie, je n'ai pas eu à faire face à cela », raconte Liouba.

Elle reconnait que lors de sa deuxième formation, elle ne se sentait plus une étrangère, mais une personne totalement intégrée dans la société française, qui, comme beaucoup, cherche à trouver un emploi grâce à une spécialisation en obtenant une formation supplémentaire. « Il y avait des étudiants de tous âges, moins jeunes, avec des parcours professionnels très variés, qu’ils partageaient avec joie. Ils étaient plus aptes à collaborer ensemble pour la réussite des projets et c’est tout à fait une autre expérience », précise la jeune femme avec satisfaction.

Evgeniya Glushkova

Crédit : Archives personnellesCrédit : Archives personnelles

Evgeniya est arrivée en France pour effectuer en 2013 – 2014 une Licence Pro Tourisme International à l’Université de Cergy Pontoise après des études linguistiques français/anglais à Barnaoul (kraï de l'Altaï), en Russie.

« Dès la première journée je me suis sentie très à l’aise dans cette université : les étudiants venaient de toute la France et de beaucoup de pays différents. Le niveau des professeurs était excellent, l’ambiance extrêmement amicale et accueillante entre les étudiants, ce qui a rendu l’adaptation très facile. C’était mieux que ce que je pouvais m’imaginer, en choisissant l’établissement à l’étranger. Même s’il a fallu quelque mois pour commencer à comprendre véritablement tout cet argot et le vocabulaire des jeunes, que nous n’étudions pas en Russie avec notre approche académique très puriste et classique », raconte notre interlocutrice.

Elle a beaucoup apprécié l’approche créative et en même temps très concrète du travail pratique en groupe qui comprenait la conception d’un projet touristique pour les habitants de la région choisie. 

Selon Evgeniya, le plus compliqué, ce sont les démarches administratives. « Tout fonctionne différemment ici, mais ce qui est vraiment frappant, c’est le temps d'attente pour un certain nombre de service, comme l’obtention du titre de transport ImagineR : la procédure peut prendre un mois et demi, voire plus. Au fur et à mesure vous commencez à accepter que les délais pour les démarches administratives puissent se mesurer en mois, mais au début cela semble très étrange », avoue-t-elle.

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

À ne pas manquer

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies