Le président élu américain Donald Trump veut s’entendre avec le dirigeant russe Vladimir Poutine sur la réduction des arsenaux nucléaires en échange d’une levée partielle ou complète des sanctions économiques. « Ils (les pays occidentaux) ont décrété des sanctions contre la Russie. Voyons si nous pouvons conclure des accords avec elle. Je crois qu’il faut commencer par les armes nucléaires qui doivent être sérieusement réduites », a indiqué Donald Trump. Cette nouvelle déclaration est contraire à celles que le futur hôte de la Maison Blanche avait faites à la fin de l’année dernière, quand il estimait nécessaire « de renforcer et d’accroître le potentiel nucléaire » des États-Unis.
Moscou s’abstient pour l’instant de donner une évaluation aux nouvelles propositions du président élu. Le porte-parole du chef de l’État russe, Dmitri Peskov, a appelé les journalistes à « s’armer de patience ». « Il faut s’armer de patience et attendre l’investiture de Monsieur Trump (prévue le 20 janvier, ndlr) avant d’évaluer telle ou telle initiative », a-t-il souligné.
« La proposition de Donald Trump de réduire le potentiel nucléaire en échange de la levée des sanctions serait profitable à la Russie. Si cette proposition est faite, il faut l’accepter, a affirmé le général à la retraite Vladimir Dvorkine, de l’Institut de l’économie mondiale et des relations internationales. Toutefois, Donald Trump est imprévisible : aujourd’hui il dit une chose et demain une autre. Il faut attendre qu’une proposition officielle soit faite à Vladimir Poutine ou au moins qu’un coup de fil soit passé au chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, par le nouveau secrétaire d’État américain ».
Selon Vladimir Dvorkine, il n’y a rien de nouveau dans la proposition sur la réduction des arsenaux nucléaires : Barack Obama relevait la nécessite de diminuer le nombre des ogives nucléaires opérationnelles d’un tiers depuis 2013. Rappelons qu’en conformité avec le Traité de Prague de 2010, les États-Unis et la Russie ont établi un plafond de 1 550 ogives nucléaires opérationnelles sur tous les vecteurs.
Dans ce contexte, Vladimir Dvorkine fait remarquer que la Russie s’est résolument opposée à la réduction du potentiel nucléaire : « On a cité des raisons infondées comme le système ABM en Europe ou une frappe stratégique conventionnelle, on déclarait que la réduction des arsenaux influencerait le potentiel de dissuasion nucléaire russe même lorsque nos experts disaient le contraire après avoir effectué des études », a-t-il indiqué.
« Les Américains proposent de réduire le nombre d’ogives nucléaires opérationnelles jusqu’à 1 000 et celui des vecteurs jusqu’à 500. Mais il faut comprendre que pour la Russie et les États-Unis les armes nucléaires revêtent une importance différente. Pour Moscou, c’est un moyen de dissuasion, pour Washington c’est un poids qu’il est impossible d’employer sur le champ de bataille, tandis que son entretien revient cher », a expliqué à RBTH le colonel à la retraite Viktor Litovkine, expert militaire de l’agence TASS. À la place des armes nucléaires, les Américains mettent au point et s’arment de missiles de croisière à charges conventionnelles qui, d’après leur puissance, ne cèdent en rien aux ogives nucléaires.
« Dans une guerre moderne, nul besoin d’une arme de 300 kilotonnes et d’une dérivation de missile de dizaines de kilomètres de la cible. À la différence des systèmes d’il y a cinquante ans, les armes actuelles sont toutes de haute précision. Et une ogive de 100 kilotonnes qui ne contamine pas de radiation les alentours et qui ne fait pas de grand effet psychologique dans le monde est amplement suffisante », a-t-il noté.
Selon lui, pour assurer le succès des négociations avec la Russie sur le désarmement nucléaire, il ne suffit pas simplement de lever les sanctions, il faut détendre la situation géopolitique en Europe et dans le monde. « Il ne sera pas facile de mener des négociations sur la réduction du nombre d’ogives nucléaires avec Moscou quand de nouvelles brigades de l’Otan font leur apparition dans les pays baltes et quand la Pologne et la Roumanie accueillent un système de défense antimissile qui, d’arme défensive, peut à tout moment devenir offensive », a-t-il ajouté.
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