Portrait d'un grenadier; portrait d'un chancelier
Vladimir Poïarkov/Musée de la Garde; Saint-Pétersbourg; Georg Botman/Domaine publicSuivez Russia Beyond sur Telegram ! Pour recevoir nos articles directement sur votre appareil mobile, abonnez-vous gratuitement sur https://t.me/russiabeyond_fr
Dans la Russie prérévolutionnaire, la société russe était structurée par une hiérarchie très stricte. À chaque « rang » correspondait une manière spéciale de s’adresser à ses représentants. Et gare aux têtes en l’air qui s’emmêlaient les pinceaux !
Avant Pierre le Grand, seuls le tsar et les princes de la dynastie des Riourikides possédaient des titres en Russie. Pierre le Grand a introduit les titres de comte et de baron et, plus important encore, a créé la Table des rangs, qui établissait une hiérarchie claire des rangs et des grades. D’ailleurs, rang et grade sont deux choses bien différentes.
Une personne acquérait le titre de baron, de comte ou de prince soit par la naissance, soit en récompense de la part de l’empereur. Lorsqu’une femme se mariait, elle devenait membre de la famille de son mari : princesse, baronne ou comtesse. Lorsque leur fille se mariait, elle perdait son titre, puisqu’il était impossible de transférer son titre à son mari.
Le comte Pavel Stroganoff
Domaine publicLes princes, barons et comtes étaient appelés « Votre Grâce » ou, pour ceux qui recevaient le titre de prince sérénissime, « Votre Grâce sérénissime ». Ces règles s’imposaient à tous, sauf à l’empereur. Les princes étaient également obligés de s’appeler mutuellement « Grâce » et « Grâce sérénissime » dans un contexte officiel. Pour toute personne qui était inférieure dans la hiérarchie, confondre ou oublier le titre en s’adressant au prince constituait un manque de respect flagrant et un échec mondain. Ce faux pas devait être certainement décrié publiquement et, très probablement, conduisait à une mise au ban de la société.
Des adresses spéciales ont été instituées pour les membres de la maison régnante. L’empereur, l’impératrice et l’impératrice douairière étaient les trois seules personnes appelées « Votre Majesté impériale ». Enfants et petits-enfants de l’empereur étaient désignés par la formule « Votre Altesse Impériale ». On donnait du « Votre Altesse » aux princesses et princes de sang impérial (au sens large, tous les parents des empereurs).
En plus des titres, dans l’Empire russe, il y avait des rangs (civils) et des grades (militaires) parallèles, institués par la Table des rangs. Les grades avaient également leurs propres adresses, que chaque Russe connaissait par cœur. En passant, il était incorrect d’approcher un noble, surtout pour un paysan – il encourait alors des châtiments physiques et un entretien avec la police.
Vassili Petrov, fonctionnaire du ministère des Domaines de l'État
Studio photo de L. Raïevski/Domaine public« Votre Noblesse » : c’est ainsi que l’on s’adressait aux fonctionnaires et aux militaires du 14e au 9e rang. Le 14e – greffier de collège – était le premier grade civil attribué aux chefs de bureaux de poste et aux fonctionnaires tels que les secrétaires d’institutions. Le 9e correspondait au conseiller titulaire dans le service civil, rang qui donnait droit à une noblesse personnelle, ou à lieutenant dans l’armée. Il n’y avait pas de sergents à l’époque, par conséquent la « noblesse » militaire commençait avec le grade d’adjudant (12e grade).
On disait « Votre Haute Noblesse » aux personnes du 8e (assesseur de collège, major) au 6e rang (conseiller de collège, colonel).
« Votre Haute Origine » : c’est ainsi que l’on s’adressait aux personnes de 5e rang : conseillers d’État, brigadiers et plus tard aux colonels.
« Votre Excellence » était utilisé avec les 3e et 4e rangs (conseillers privés et conseillers d’État véritables).
« Votre Haute Excellence » : c’est ainsi que l’on s’adressait aux plus hauts dignitaires de l’empire, de 1er et 2ème rangs – les conseillers privés véritables de 1re classe, chanceliers, et dans l’armée généraux et maréchaux.
Général russe Arkadi Souvorov
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Il était obligatoire de s’adresser à son interlocuteur en fonction du rang pour tous ceux qui étaient égaux ou inférieurs dans la hiérarchie. Dans le même temps, le titre princier « éclipsait » tous les autres - même si un prince ou un comte possédait le 9e rang, il devait être nommé « Votre Grâce » (en aucun cas « Votre Noblesse »). Lorsque l’on parlait d’une personne possédant un titre ou un rang officiel à la troisième personne, il fallait utiliser le pluriel - « Ils » et « Eux ».
Alexeï Startsev (1838-1900), marchand de la première guilde
Domaine publicIl existait un autre titre non officiel : « Votre Éminence » (stepenstvo), utilisé pour les marchands, en particulier ceux qui appartenaient à des guildes marchandes officielles. Cependant, ce titre n’était pas inscrit dans les lois ; il s'agissait d’une reconnaissance « populaire » de l’influence et de l’importance des marchands russes.
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