«Je ne mange pas six jours»: que veulent dire les Russes en vous lançant cette phrase?

Kira Lisitskaïa (Photos : Legion Media; CSA Images/Getty Images)
«De grâce, pourquoi tout le monde en Russie, même les chauffeurs de taxi, m’importunent avec cette phrase», m’a un jour lancé un ami français. Grammaticalement incorrecte et complètement absurde aux yeux des francophones natifs, elle est pourtant bien connue dans les pays de l’ex-URSS. Explication.

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Les étrangers ayant séjourné en Russie reprochent souvent aux locaux de ne pas suffisamment maîtriser les langues étrangères. Si c’est partiellement vrai – par exemple, une étude réalisée en 2019 a démontré que 63% des citoyens ont des connaissances d’anglais, mais seuls 5% d’entre eux se disent capables de l'employer couramment – la situation tend à changer et les plus jeunes sont de plus en plus nombreux à maîtriser les langues, dont celles de Shakespeare, de Goethe ou de Molière. De toute façon, il n’est pas rare que celles et ceux qui ne font paspartie des polyglottes se précipitent à faire preuve de leur bienveillance à l’encontre de l’étranger en déversant sur lui tout leur bagage linguistique, puisé dans les films et les livres. Cela donne souvent lieu à des situations absolument comiques. 

Vu la popularité de la culture française en URSS, les ressortissants de l’Hexagone ont donc des chances d’entendre aujourd’hui les Russes d’un certain âge énumérer les noms d’auteurs, d’œuvres littéraires et même chantonner des chansons depuis longtemps oubliées.

Les Belges auront quant à eux sans doute le droit au mention d’Hercule Poirot et du choux de Bruxelles.

On en arrive donc à notre phrase « Messieurs, je ne mange pas six jours ». Celle-ci est également puisée dans la littérature, mais cette fois-ci russe. Il s’agit d’un dialogue extrait du roman satirique des écrivains soviétiques Ilf et Pétrov Les Douze Chaises. Paru en 1928, il raconte les aventures d’Hippolyte Matvieïévitch Vorobianinov et du « grand combinateur » Ostap Bender partis à la chasse des diamants ayant appartenu avant la révolution à la famille de ce premier et cachés dans une chaise.

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À court d’argent, Hippolyte Matvieïévitch est donc poussé par son compagnon à mendier dans plusieurs langues, dont en français, qu’il avoue ne maîtriser que dans le cadre du « cursus gymnasial (scolaire, ndlr) ».

Néanmoins, c’est surtout grâce aux multiples adaptations au cinéma de cette œuvre – toutes, il faut l’avouer, à succès – que cette phrase s’est répandue au sein de la société. D'ailleurs, la plupart des Russes ignorerait que cette phrase est incorrecte du point de vue grammatical.

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