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« À la cosaque » – Brutalement, sans cérémonie...
Grossiers, sales et sans retenue – c'est ainsi que les cosaques russes ont été dépeints dans la presse contrôlée par Napoléon, que, engourdis d'horreur, lisaient les habitants de France, s’attendant alors à une invasion des forces alliées. « On leur a dit que nous étions des barbares du Nord, et que les cosaques étaient complètement sauvages, à moitié nus, écorchaient vifs leurs prisonniers, et que dans les villages où ils trouvaient de jeunes enfants, ils les cuisaient et les mangeaient », se souviendra le major-général russe Alexandre Mirkovitch. On pense que les atrocités « cosaques » ont atteint leur apogée après l'assaut sur Paris, lorsque les troupes russes dirigées par Alexandre Ier sont entrées triomphalement dans la capitale. Depuis lors, le mot « cosaque » a un sens figuré en français, synonyme de « rude », l'expression « à la cosaque » signifiant donc « de manière rude, sans cérémonie ».
De manière générale, il n'y a à cela rien d'étonnant, car l'occupant perd toujours son visage humain aux yeux de la population locale. Cependant, la question de savoir si les cosaques russes (à noter qu’il n’était pas rare que l’on prenne pour cosaques d’ordinaires hussards, voire des soldats d’armées alliées à la Russie) étaient réellement si terribles, reste en suspens.
Par exemple, on sait qu'à Paris, Alexandre Ier a ordonné aux soldats russes « de traiter les habitants aussi amicalement que possible et de les vaincre avec plus de générosité que de vengeance ». Pour éviter tout pillage, l'empereur prudent a également accordé à ses hommes une triple prime annuelle.
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Bien sûr, les militaires russes se sont comportés dans la capitale française sans trop de contrainte : ils ont allumé des feux au milieu des jardins de la ville, ont fait baigner leurs chevaux dans la Seine, ont bu du vin et joué à la roulette.
Néanmoins, par exemple, les soldats du régiment Semionovski ont sauvé la colonne Vendôme de la destruction par les royalistes. Les « Cosaques » semblent également relativement inoffensifs sur les aquarelles de l’Allemand Georg Emanuel Opiz, témoin de ces événements ; œuvres que l'on peut admirer à l'Ermitage.
« C'est une Bérézina » – C’est une déroute
La défaite de l'armée de Napoléon à la bataille de la Bérézina (du nom d’une rivière se trouvant en actuelle Biélorussie) a également laissé une trace dans la mémoire historique des Français. Brillant commandant après la bataille de Smolensk, Bonaparte a réussi à se détacher de la grande armée de Mikhaïl Koutouzov. Il a alors cherché à se rendre vers l'Ouest afin de faire sortir du pays ses unités prêtes au combat et de poursuivre la bataille. Lorsque les soldats de Napoléon se sont retrouvés dans les environs du village de Borisovka, près duquel coulait la rivière Berezina, ils n’ont fait face qu’à deux petites armées russes – celles de l'amiral Pavel Tchitchagov et du général Pierre Wittgenstein. Cependant, les soldats du premier ont réussi à détruire le passage qui aurait pu sauver Bonaparte, coupant ainsi sa seule voie de retraite, tandis que les hommes du second ont anéanti un stock de munitions stratégiquement important pour les Français, à Vitebsk.
L'empereur français a par conséquent perdu une partie importante de son armée sur la Bérézina. On croit que cette bataille a été une défaite si terrible, qu'après elle, Napoléon n'avait véritablement plus aucune chance. La question de savoir s'il en a vraiment été ainsi, comme c'est souvent le cas dans l'histoire, reste toutefois ouverte. Voici, par exemple, ce que Léon Tolstoï a écrit à ce sujet dans son roman Guerre et Paix : « On soutenait que la Bérézina avait été la perte des Français, quand au contraire les conséquences de ce passage furent moins fatales aux Français que Krasnoïé [combats près de la ville de Krasny, non loin de Smolensk], comme le prouve le chiffre des prisonniers et des canons qui leur furent enlevés dans cette rencontre. La seule importance du passage de la Bérézina, c’est qu’il montra avec une évidence indéniable la fausseté de tous les plans d’attaque et la justesse d’un seul plan possible exigé par Koutouzov et par toute l’armée : plan qui consistait seulement à suivre l’ennemi ».
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« Le général Hiver »
Peut-être l'ennemi le plus redoutable de l'armée de Napoléon, le général Hiver a beaucoup contribué à la défaite de Bonaparte en Russie. Cette expression est encore utilisée par les historiens à ce jour lorsqu'il s'agit de la campagne de Russie.
Selon une version, le général Hiver, incarnant toute l'horreur de l'armée française face aux fortes gelées russes, est devenu populaire après la caricature de William Elmes. L'artiste ne connaissait guère les difficultés rencontrées par l'armée de Napoléon, mais dans son illustration, ce personnage est vraiment effrayant : mi-homme, mi-ours, dont la tête est couronnée d'un véritable iceberg au lieu du tricorne de général. L'hiver brandit une lame géante et aiguisée au-dessus de la tête de Napoléon. « Envahis mon pays, allez ! Je te raserai, te gèlerai et t'enterrerai dans la neige petit singe », s’exclame-t-il, tandis que Napoléon le supplie de l’épargner.
Il est en réalité intéressant de noter que, en 1812 dans l'Empire russe, l'hiver s’est montré plus tardif que d'habitude et que le vrai gel n'a atteint Napoléon que durant sa retraite, après la bataille de la Bérézina. Cependant, les conditions climatiques difficiles ont assurément causé d'énormes dommages à l'armée française. La misère de la situation dans laquelle se trouvaient les Français, les Russes eux-mêmes s’en souviennent. Ce n'est pas un hasard si l'on dit encore ici : « Gelé comme un Français ! ». Ainsi, plus de 200 ans après la fin des guerres russo-françaises, les Russes semblent plutôt témoigner de la compassion à l’égard des soldats de Napoléon.
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