En images: la plus grande synagogue de Russie en cinq faits

Alex 'Florstein ' Fedorov (CC BY-SA 4.0)
À la fin du XIXe siècle, la construction de la grande synagogue chorale de Saint-Pétersbourg fut un événement d’une portée considérable pour la communauté juive de la capitale.

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Alexandre II autorisa la construction de la synagogue

Le 23 décembre 1791 (ancien style), Catherine II signa un décret délimitant les zones de l’Empire où les Juifs avaient le droit de vivre et de faire du commerce. Cette loi, dont certains points furent révisés durant la seconde moitié du XIXe siècle et au début du XXe, resta en vigueur jusqu’au 20 mars 1917 (ancien style).

Dans les années 1850, Alexandre II (1818-1881) assouplit certaines dispositions du décret pris par Catherine II. De gros marchands, des artisans, des savants et des étudiants juifs furent autorisés à certaines conditions à vivre et exercer leurs activités en dehors des zones de résidence assignées à la population juive. Certains s’installèrent à Moscou et Saint-Pétersbourg.

Dans la capitale, il existait plusieurs petites salles de prière. Lorsque la communauté juive atteignit environ dix mille personnes, la nécessité de disposer d’une grande synagogue s’imposa. En 1869, Alexandre II autorisa la construction d’un lieu de prière à Saint-Pétersbourg. La salle des mariages de la synagogue fut appelée salle Alexandre pour lui rendre hommage.

La construction de la synagogue fut financée par l’un des hommes les plus riches de l’Empire

Les travaux de construction dans le quartier de Kolomna, près du théâtre Mariinski, ne commencèrent qu’en 1883. Trouver le terrain avait pris beaucoup de temps.

Des difficultés se firent rapidement sentir. Finalement, le baron Horace Günzburg (1833-1909), l’un des hommes les plus riches de Russie, finança la majeure partie de la construction de la synagogue. Il descendait d’une dynastie de banquiers et avait été consul du grand-duché de Hesse à Saint-Pétersbourg, Le titre de baron lui avait été conféré par le grand-duc de Hesse et Alexandre II l’avait autorisé à le faire valoir en Russie. Le poète Ossip Mandelstam (1891-1938) se souvenait que la communauté juive de l’Empire devait beaucoup à Horace Günzburg. Lorsqu’il venait assister aux prières à la synagogue chorale de Saint-Pétersbourg, on lui réservait toujours une place d’honneur. Samuel Poliakov (1837-1888), qui avait fait fortune dans les chemins de fer, contribua également grandement au financement de la construction de la synagogue de la capitale.

Une synagogue dans le style mauresque

L’historien de l’art et critique Vladimir  Stassov (1824-1906) suggéra que la synagogue de Saint-Pétersbourg soit construite dans le même style que celle de Berlin, c’est-à-dire dans le style mauresque. Le projet des architectes Ivan Chapochnikov (1833-1898) et Lev Bakhman (1830-1896) fut retenu par les commanditaires mais rejeté par l’empereur Alexandre III qui ordonna de réduire la taille du bâtiment.

La construction de la synagogue dura dix ans et ne fut achevée qu’en 1893. L’édifice impressionne par sa taille : avec une capacité de mille deux cents personnes, il est la plus grande synagogue de Russie et la deuxième plus grande d’Europe (derrière celle de Budapest). Son immense coupole est visible de loin et il se distingue des autres bâtiments de la ville par sa couleur terracotta et son style mauresque.

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À l’intérieur, l’Aron Kodesh (l’arche sainte sous laquelle sont conservés les rouleaux de la Torah) est très richement décoré.

À l’époque soviétique, la synagogue resta fermée au culte seulement six mois

Après la Révolution d’Octobre, les juifs pratiquants furent persécutés comme les fidèles des autres religions. Les instances de la communauté juive subsistèrent jusqu’à l’été 1929, lorsqu’elles furent accusées d’être des suppôts de la bourgeoisie et du nationalisme. Le 17 janvier 1930, les autorités de Leningrad fermèrent la synagogue sous prétexte que les prolétaires juifs ne fréquentaient pas ce lieu de culte, haut lieu de la bourgeoisie. Mais, des fidèles adressèrent une plainte au Comité exécutif central panrusse, l’un des organes du pouvoir les plus importants du pays. À leur grande surprise, ils obtinrent gain de cause :  la synagogue fut rendue au culte dès juin 1930.  Elle avait été vidée de ses trésors : certains avaient été confiés au Musée de l’Histoire des religions et de l’Athéisme, d’autres, à Gosfond, où étaient conservés les biens nationalisés.

Au début des années 1940, les autorités de la ville firent une seconde tentative pour fermer la synagogue. Elles proposèrent de la transformer en cinéma. Le déclenchement de la guerre les empêcha de réaliser leur projet. Durant le blocus, les cadavres des juifs étaient rassemblés dans la cour de la synagogue avant d’être transportés au cimetière Preobrajenski où ils étaient inhumés dans des fosses communes.

La synagogue fut restaurée avant les Jeux olympiques de 1980

Après la guerre, la synagogue faisait l’objet d’une attention particulière de la part des services de sécurité. On raconte que des agents du KGB se faisaient passer pour des fidèles et assistaient à toutes les prières et réunions. Après que l’URSS obtint l’organisation des Jeux olympiques de 1980, la synagogue de Leningrad fut, de manière surprenante, inscrite sur la liste des principaux sites touristiques. En 1978, des travaux de restauration y furent menés, une première depuis la Révolution d’Octobre.

Avec la fin de l’URSS, la communauté juive de Leningrad commença à une écrire une nouvelle page de son histoire et se montra très active. Elle se prépara aux festivités du trois-centième anniversaire de la fondation de Saint-Pétersbourg en 2023 en restaurant toute la synagogue. Aujourd’hui, elle est un centre culturel important pour la communauté juive qui a ouvert dans ses alentours des jardins d’enfants et des écoles, une cantine pour nécessiteux, un magasin d’alimentation casher et un restaurant.

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