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En visite dans n’importe quel vieux village du Nord russe, cette région historique du Nord-Ouest de la Russie, vous serez étonné par la taille des demeures.
C’est particulièrement évident dans le Pomorié, territoire des Pomors, sur le littoral de la mer Blanche. Par exemple, dans le village de Kolejma, où des Pomors modernes vivent encore dans de telles maisons et des musées d’architecture en bois.
Maisons pomores
Alexandre Lyskine/SputnikPresque toutes les bâtisses de cette région reposent sur des soubassements, au-dessus desquels l’on trouve un, voire deux étages supplémentaires et obligatoirement une gornitsa (quelque chose s’apparentant à une loggia). Chaque mur comporte 6 à 8 fenêtres. Or, une telle bâtisse était destinée à une seule famille.
Maison Ermoline, musée de Malyé Korely (région d'Arkhangelsk)
Sergent Pepper (CC BY-SA 3.0)Malgré le climat rigoureux du Nord, les habitants vivaient plutôt bien, grâce à la pêche en mer et aux routes commerciales. Or, leurs maisons sont un exemple de la façon dont ils organisaient leur vie. Sous un même toit, se trouvaient des espaces résidentiels et agricoles, reliés par des passages afin d’éviter au maximum les sorties en extérieur pendant la saison froide. Leur forme pouvait différer selon les régions, mais leur essence était très similaire.
Le soubassement est le tout premier niveau de la maison qui, selon la taille et les besoins, servait de grange et/ou d’écurie pour le bétail. Les odeurs des vaches et des chèvres ne pouvaient pénétrer dans la maison elle-même, car l’étable, bien que située sous un même toit, était séparée par un passage, ce qui était pratique compte tenu des hivers froids et enneigés. Il n’y avait pas de fenêtres dans le soubassement.
Maison Tretiakov, musée de Malyé Korely, région d'Arkhangelsk
Avsolov (CC BY-SA 4.0)Le premier niveau de la partie domestique de la maison servait habituellement au stockage du foin et des outils nécessaires, des pelles aux filets de pêche. Si vous regardez une maison nordique depuis la rue, vous verrez une énorme pente en bois descendant de cet étage vers le sol. Il s’agit justement de l’entrée pour un cheval tirant une charrette. Il était également pratique de descendre ou de monter des tonneaux sur cette pente.
La partie habitable de la maison était située soit au deuxième, soit au troisième niveau, selon la taille et l’idée des propriétaires. Elle était séparée des parties à but agricole par un passage couvert. À l’intérieur, tout se présentait comme dans une izba russe habituelle.
Au village de Kouzomen, région de Mourmansk
Pavel Lvov/SputnikToute la vie, bien sûr, était centrée autour du poêle russe, qui était utilisé pour chauffer l’habitat, faire cuire les aliments et sur lequel l’on dormait. La vaisselle était conservée à côté et il y avait de l’eau pour se laver les mains.
Le long des murs se trouvaient des bancs, sur lesquels l’on s’asseyait, voire dormait. Dans un coin, il y avait une table avec des bancs à laquelle l’on mangeait.
Intérieur d'une maison au musée de Malyé-Korely, région d'Arkhangelsk
Pavel Lvov/SputnikLa pièce de toilette se trouvait dans le coin le plus éloigné de la maison, généralement au-dessus du soubassement, et n’était pas chauffée.
Maison Roussinov, musée de Malyé Korely, région d'Arkhangelsk
Olga Shuklina (CC BY-SA 4.0)Enfin, la gornitsa était une pièce sous le toit donnant sur la rue, une sorte de mansarde ou de loggia. C’était l’endroit le plus lumineux de la maison, où, en règle générale, les jeunes filles se rassemblaient et cousaient quelque chose (ce qui était nécessaire en permanence). Ce lieu, contrairement aux autres pièces, n’était pas chauffé, mais de l’air chaud venait du premier étage, il n’y faisait donc pas froid.
En ce qui concerne la cour, toutes les dépendances étaient réunies sous un même toit pour faciliter le travail en hiver. Même un petit potager pouvait être aménagé sous le toit. En revanche, l’on s’efforçait de construire le bania (sauna russe) et le moulin le plus loin possible des bâtiments résidentiels, et près d’un point d’eau, car ils présentaient des risques d’incendie.
Ces maisons étaient construites pour une seule famille : les parents, plusieurs enfants et des parents plus âgés. Lorsque les enfants grandissaient et se mariaient, ils construisaient leur propre foyer. Pendant les années soviétiques, les maisons sont devenues plus petites, mais la tradition a tout de même survécu.
Bien sûr, les gens vivent toujours dans ces maisons. Tous les villages sont électrifiés depuis longtemps, mais beaucoup d’entre eux ne disposent pas encore du gaz. L’on s’y chauffe donc toujours avec un poêle traditionnel russe (certains ont aussi des poêles hollandais supplémentaires). Les maisons en bois conservent parfaitement la chaleur.
Maison Chtchegolev, musée de Malyé Korely, région d'Arkhangelsk
Nikana258 (CC BY-SA 4.0)De nos jours, il n’est pas nécessaire de garder un grand nombre d’animaux sous la maison, et ces pièces ne servent généralement qu’à stocker les articles saisonniers.
Bien entendu, les anciennes maisons de village n’avaient pas de plomberie ni d’égouts, aussi disposent-elles aujourd’hui d’extensions avec une salle de bains chaude.
Dans cet autre article, découvrez comment l’architecture russe moderne s’inspire des tchoums et des yourtes des peuples du Grand Nord.
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