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Dans la Russie tsariste, les propriétaires fonciers et les communautés rurales étaient tenus de maintenir les routes en bon état. Les voies de terre se transformaient en mers de boue impraticables au printemps et en automne, par conséquent, dès la fin du XVIIe siècle, les autorités ont commencé à paver les rues de Moscou et ont ordonné le pavage des axes principaux des autres villes. Cependant, pendant de nombreuses années, les rues ont été pavées avec divers matériaux, principalement du bois, car le pays ne connaissait pas de pénurie de cette ressource, contrairement à la pierre. Bien que ce type de revêtement ne soit pas très durable, les nouvelles couches de bois pouvaient être appliquées directement sur les anciennes.
Pavage d’une rue à Moscou, fin du XIXe siècle
Musée Pouchkine/Domaine publicPour paver les chaussées, étaient utilisées des pierres brutes – elles étaient horriblement irrégulières, de sorte que les chariots y passant étaient fortement secoués, provoquant un considérable inconfort pour les passagers.
Cochers à Moscou à la fin du XIXe siècle
Piotr Pavlov/MAMM/MDF/domaine publicLes premières expériences modestes avec des revêtements en asphalte ont commencé en Russie au milieu du XIXe siècle. Ce n'est qu'en 1873 que l'ingénieur Ivan Buttatz a établi la production d'asphalte dans une usine de la ville de Syzran, sur le cours de la Volga. Cependant, il s'est avéré à l'époque qu'il était coûteux de recouvrir les routes de bitume.
Pavé sur la place du Palais à Saint-Pétersbourg
Legion MediaAu premier quart du XXe siècle, plus de 90% des routes du pays étaient donc encore en terre. C'est en 1924, à Leningrad, que les bolcheviks ont commencé à bitumer sérieusement les voies de transport, après qu'une inondation eut emporté la plupart des routes. Par la suite, le béton et l'asphalte sont devenus les principaux matériaux de recouvrement des axes. Ainsi, de nombreuses rues en pierres et en pavés de l’époque impériale en ont été recouvertes.
Rue en pavés de bois à Saint-Pétersbourg après l'inondation de 1924
Domaine publicAujourd'hui, lors de la rénovation des rues de certaines villes, sont découverts sous des couches d'asphalte les anciens pavés, beaucoup plus résistants aux conditions du climat russe. Les changements radicaux de température font en effet craquer le bitume et créent des trous.
Rénovation de la rue Petrovskaïa dans le centre de Taganrog
Alexandra GouzevaQui plus est, d’anciennes rues pavées anciennes subsistent encore dans de nombreuses villes, n’ayant jamais été recouvertes. Nous vous présentons ici les plus belles d’entre elles.
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Le lieu pavé le plus célèbre de la capitale russe n’est autre que la place Rouge. Jusque dans les années 1920, elle est était couverte de pierres ordinaires, mais à l'époque de Staline, ces dernières ont été remplacées par un pavage en diabase, une pierre volcanique provenant des rives du lac Onega, dont la résistance est supérieure à celle du granit. Plus tard, cette couche a été renouvelée et placée sur un substrat en béton.
Lorsque Pierre le Grand a fondé Saint-Pétersbourg au début du XVIIIe siècle, il a imposé une « taxe de pierre », ordonnant à tous les navires et charrettes arrivant ici d'apporter des pierres pour paver au plus vite toutes les rues principales de la ville. Des pavés en pierre lisse ont été réalisés dans certaines rues, mais travailler la roche pour obtenir un bord régulier était un processus laborieux et long. Aussi, à de nombreux endroits, s’étendaient donc des rues en pavés de bois hexagonaux. À Kronstadt, île au large de la capitale impériale, l’on trouvait même une rue unique en pavés de fonte.
Vyborg est un vestige de la vieille Europe, non loin de Saint-Pétersbourg. La ville a été fondée par les Suédois et les pavés ont été préservés dans presque toute la zone médiévale historique autour du château.
L'ancienne ville allemande de Königsberg n'a fait partie de la Russie – ou, plus exactement, de l'URSS – qu'après la Seconde Guerre mondiale. Ici, comme à Vyborg, les témoignages du passé européen ont été préservés, notamment les pavés.
À Souzdal, ville touristique en pain d'épice, le centre historique est bien préservé, mais les routes sont un désastre. Le pavé a toutefois été conservé sur la place principale, près des halles. En outre, ces dernières années, des pavés ont été placés dans d'autres rues de la ville, ce qui ajoute à leur ancienne saveur russe.
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La petite cité d’Izborsk, à la frontière occidentale de la Russie, est célèbre pour sa puissante forteresse du XIVe siècle, qui a résisté à plus d'un siège de chevaliers germaniques. Il y a quelques années, une partie du sol en terre d'Izborsk a été retirée et les pavés du XVIIIe siècle, qui mènent aux portes du château, ont ainsi pu regagner la surface.
La ville de Tobolsk a été une base importante pour le développement de la Sibérie au XVIIIe siècle. S’y trouve le seul kremlin sibérien ayant subsisté jusqu’à nos jours et la vieille route pavée qui mène à lui est encaissée entre des murs de soutènement en pierre.
Au XIXe siècle, avec l'approbation de l'empereur, le gouverneur local a commencé à paver activement les rues de la capitale tatare (il y avait même ici aussi un semblant de taxe de pierre pour les navires arrivant par le fleuve). En 2019, en raison de l'abaissement du niveau de la Volga, a d’ailleurs été retrouvée sur ses berges une ancienne rue pavée, cachée sous les eaux depuis de nombreuses années ! L’axe pavé près du kremlin a quant a lui été recouvert d'asphalte à l'époque soviétique, mais a été restauré à l’approche du millénaire de la ville, en 2005.
Il est rare de trouver des rues pavées dans les petites villes anciennes de Russie. Dans celle-ci, située sur les rives de la Volga, le commerce fluvial était jadis très actif, et il aurait été difficile de traîner des charges sur des voies de terre aussi escarpées, ce qui a motivé qu’on les recouvre de pierre. Les pavés ont survécu à plusieurs endroits et les archéologues y ont même découvert les restes d'une rue pavée du XIIe siècle !
La plupart des rues de Krasnodar ont été bitumées à l'époque soviétique, mais y ont été conservés quelques rares axes pavés, à l’instar de la rue Gorki, où circule un tramway. La section piétonne de l’artère principale, la rue Krasnaïa, a également été restaurée et un nouveau pavage posé.
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