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Les lecteurs du Daily Mail ont réagi avec émoi à l’information concernant un nouveau test réussi du missile hypersonique russe Zircon depuis une frégate du projet 22350 de type Amiral Gorchkov. Ayant atteint une vitesse de Mach 9, soit près de 9 500 kilomètres à l'heure, le projectile a atteint sa cible à une distance de 450 kilomètres. C'est deux fois moins que ce qu’avait promis par le président Vladimir Poutine, mais il convient de préciser que les marins tiraient depuis la mer Blanche, une zone très fréquentée où se trouvent un grand port commercial et la plus grande usine de sous-marins nucléaires du monde, Sevmach.
Quoi qu'il en soit, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a qualifié les essais de succès complet. Auparavant, le Zircon avait été lancé par le sous-marin nucléaire polyvalent dernier cri du projet 885 Severodvinsk depuis la surface et submergé. Et bien que les militaires soient encore loin d'avoir terminé les tests, ils sont si confiants de leur succès que dans le cadre du salon Armée-2021 organisé par le département militaire russe, ils ont déjà signé un contrat pour la production en série de ces missiles.
C'est une première dans la pratique de la Défense russe.
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Pratiquement rien, à part ce qu'a dit le président Vladimir Poutine - il vole à une vitesse de Mach 9 sur une distance de mille kilomètres. L'apparence du projectile est classée. On sait seulement que le Zircon représente un danger car son vol ne peut être suivi par aucun radar et que les systèmes de défense antiaérienne ne peuvent pas l’intercepter.
On sait également que le missile est tiré à partir du système de lancement vertical universel 3S-14. Cet appareil permet de tirer des missiles de croisière à longue portée Kalibr, des missiles antinavire Onyx et de missiles hypersoniques Zircon. En fait, c’est la clé de voûte du réarmement massif de la flotte russe avec de nouveaux missiles.
Le vice-ministre de la Défense Alexeï Krivoroutchko, qui est en charge des nouvelles armes, a déclaré que les missiles devraient être déployés sur les navires du projet 1155 de type Maréchal Chapochnikov, du projet 1144 de type Amiral Nakhimov, les sous-marins polyvalents du projet 949A et les sous-marins du projet 885 Iassen de type Severodvinsk.
Le premier d'entre eux (et accessoirement 5e bâtiment du projet Iassen) sera le sous-marin nucléaire Perm. Ce sous-marin devrait être remis à la flotte au plus tôt en 2025. La raison d’une telle décision est inconnue. Plus tôt, lors d'une conversation avec Russia Beyond, le commandant de la 11e division de sous-marins de la flotte du Nord, le contre-amiral Alexandre Zarenkov, a noté que le deuxième sous-marin nucléaire de la série, le Kazan, pourrait également transporter des Zircon.
Cependant, on peut supposer qu'avec cette décision, la Marine a divisé les tâches au sein du groupe Iassen. Il est clair que les bâtiments armés de missiles de croisière à longue portée Kalibr et antinavires Onyx résoudront la tâche « classique » consistant à détruire des cibles maritimes et côtières, tandis que ceux équipés de Zircon deviendront pour ces derniers des sortes de « gardes du corps », empêchant l'approche des navires anti-sous-marins ennemis.
Pour les concepteurs, la technologie hypersonique n'était pas quelque chose d'extraordinaire. En URSS, elle était maîtrisée dès les années 60 du siècle dernier. Par exemple, avec les ogives nucléaires. Un missile balistique les emmenait dans l'espace et de là, elles fondaient sur l'ennemi à une vitesse de 6 à 10 km par seconde. La navette spatiale soviétique Bourane entrait dans l'atmosphère à une vitesse de Mach 25 - trois fois plus vite que le Zircon moderne. On peut aussi rappeler le MiG-31 doté du complexe aérobalistique Kinjal. La nuance est que tous les équipements développant une telle vitesse sont désormais autopropulsés. Le nouveau missile de la Flotte atteint par lui-même des vitesses hypersoniques.
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Il y a un autre aspect très important et intéressant en raison duquel la Russie a pu créer le Zircon dès maintenant. Et il concerne des choses apparemment éloignées du programme militaire - la création d'une endoprothèse de hanche à partir d'un matériau composite carbone-carbone. Lors des dernières expositions d'armes, il était activement promu par la corporation Missiles tactiques, au sein de laquelle se trouve le Bureau de conception de Reoutov. Le squelette humain parmi les missiles de croisière, les bombes aériennes et les mines semblait étrange, mais il constitue la clé pour comprendre le Zircon. Selon les catalogues officiels, le matériau ressemble non seulement au tissu osseux humain et prendra racine dans le corps, sans nécessiter de transplantation ultérieure comme dans le cas des prothèses en titane, mais il peut résister à une température de 2 500 degrés Celsius. C'est précisément ce à quoi le Zircon doit faire face lorsqu'il vole vers une cible située à mille kilomètres en moins de cinq minutes de vol. Au siècle dernier, les technologies ne pouvaient pas assurer un tel vol.
L’auteur est rédacteur en chef de la Revue militaire indépendante.
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