«Le virus a muté avec beaucoup de succès»: ce que les médecins russes disent du coronavirus

Ramil Sitdikov/Sputnik
Branle-bas de combat en Russie pour se préparer à une infection de masse au coronavirus. Voici ce que ses médecins du pays disent de la nouvelle infection.

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À l'heure actuelle, 495 cas d'infection au coronavirus ont été enregistrés en Russie, le nombre de décès est de 0. Ce chiffre n'est pas aussi effrayant qu'en Chine ou en Italie. Mais chaque jour, plusieurs dizaines de personnes viennent grossir les rangs des malades du Covid-19 dans le pays. Les gens achètent des céréales, du papier hygiénique et des liquides antiseptiques, les voyageurs sont placés en quarantaine et les hôpitaux sont sur le pied de guerre. Que pensent les médecins russes de la pandémie et pendant combien de temps tout cela devrait durer ? Nous avons recueilli leur opinion.

« C'est un mensonge, les enfants tombent malades » - Sergueï Boutri, pédiatre à la clinique Rassvet, auteur du blog « Notes d'un pédiatre », populaire sur Telegram :

« Le Covid-19 dure plus longtemps qu'une infection virale respiratoire aiguë banale, pendant 2-3 semaines, et est parfois compliqué par une pneumonie étendue - ce qui nécessite l'intervention des médecins, d'un hôpital, une ventilation mécanique et d'autres choses qui vous effraient. Ici, la règle est simple : si l’on remarque un essoufflement – il faut filer de toute urgence chez le médecin. Il n'y a pas de médicaments ou de stratégies efficaces qui peuvent réduire le risque de dyspnée avec le Covid-19.

La rumeur veut que les enfants ne tombent pas malades du Covid-19 et qu'ils ne sont pas dangereux pour les personnes âgées. C’est un mensonge, [les enfants] sont malades, quoique moins gravement et plus rarement. D'un point de vue épidémiologique, pour toute maladie, c'est le porteur asymptomatique ou à faible symptôme qui est le plus dangereux (car les autres ne s'en protègent pas), et selon des études récentes, jusqu'à 10% de toutes les infections au Covid-19 proviennent de porteurs asymptomatiques. Ajoutez à cela l'habitude d'étreindre et d'embrasser les enfants, les faibles connaissances d’hygiène chez les bambins - et vous arriverez à la conclusion que les enfants sont encore plus dangereux pour les personnes âgées que les adultes. Je vous recommande maintenant de limiter autant que possible les contacts des enfants avec les grands-parents pour préserver ces derniers. Autrement dit, les enfants sont actuellement ceux pour lesquels on peut avoir le moins peur ».

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« Il n'y a rien d'intéressant ou d'effrayant dans ce virus » - Andreï Bessedine, médecin généraliste de la clinique GMS de Moscou :

« Le coronavirus a un degré de virulence assez élevé dans le corps humain. Au tout début de l'épidémie, nous espérions beaucoup qu'il y aurait une faible possibilité de transmission d’homme à homme. Mais le virus a prouvé qu'il a muté avec beaucoup de succès et a occupé son créneau.

Il poursuivra sa progression sur la planète pendant de très nombreuses années : il deviendra saisonnier et entrera dans la cohorte des virus saisonniers classiques. Les « frères » de cette infection à coronavirus occupent au total environ 10% du nombre total d'infections des voies respiratoires supérieures saisonnières. Mais nous ne mettons pas les gens en quarantaine [à cause d'elles]. Et le Covid-19 est un virus commun des voies respiratoires supérieures. Il n'y a rien d'intéressant ou d'effrayant là-dedans. Oui, il y a de la mortalité chez les personnes âgées et les gens gravement malades. Mais dans l'épidémie que nous avons vue en Chine, il n'y a rien d'extraordinaire. Moins de cent mille personnes infectées dans la ville de Wuhan qui compte 20 millions d’habitants. 81% de toutes les infections surviennent sans presque aucun symptôme ou avec de légères manifestations propres à une banale infection respiratoire.

Actuellement (et cela peut être dit avec fierté), la vitesse de la recherche et de la compréhension de la pathogenèse de l'infection au coronavirus est la plus rapide au monde ! La quantité d'informations que nous avons reçues en moins de trois mois... Nous avons reçu des informations similaires sur de nombreuses infections au fil des ans. Personnellement, je doute des perspectives de création d'un vaccin contre le coronavirus. Des recherches sont en cours. La Chine et les États-Unis travaillent très activement sur ce sujet, mais nous n'avons malheureusement pas de résultat confirmé sur la création d'un vaccin contre des virus similaires du même sous-type. Pour le moment, c’est techniquement impossible ».

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« Seuls les régimes totalitaires peuvent vaincre l'épidémie » - Fedor Katassonov, pédiatre, blogueur :

« Il est trop tôt pour dire que le nouveau coronavirus peut devenir saisonnier, mais c'est très probable. La pandémie prendra fin s'il ne reste plus de personnes réceptives ou si nous parvenons à la contenir. Le second scénario est peu probable avec une telle infectiosité (le seul espoir repose sur un vaccin), mais le premier aussi parce que, pour autant que l'on sache, le coronavirus ne provoque pas une immunité persistante. Après une baisse saisonnière causée par la chaleur et la lumière ultraviolette, que le coronavirus n'aime pas, l'épidémie peut reprendre de plus belle.

Il est probablement possible de lutter réellement contre l'épidémie uniquement dans les régimes totalitaires, où vous serez fusillé si ce n’est pour avoir infecté les autres (comme l’affirment de fausses nouvelles sur la Corée du Nord), du moins pour avoir violé le couvre-feu. Strictement organisée, la Chine a fait face à l'épidémie avec brio : 3 000 morts pour une population de 1,3 milliard d'habitants, c'est un énorme succès. Je ne suis pas sûr que cela puisse se répéter dans les systèmes libéraux, où les droits de l'homme sont plus respectés.

Si nous parlons de mortalité, le nouveau coronavirus est plus dangereux que la grippe saisonnière à tous les âges après 10 ans. Cependant, parmi les patients de moins de 50 ans, son taux de mortalité est toujours inférieur à 1%. Très probablement, ces indicateurs seront encore plus bas après que le pic sera passé et que de nouveaux moyens de lutte auront été trouvés. Probablement, ils se rapprocheront des données de la grippe saisonnière. L'épidémie de grippe espagnole (la fameuse grippe A du sous-type H1N1, comme la grippe porcine de 2009, ainsi que la plupart des grippes saisonnières annuelles) était beaucoup plus dangereuse que le nouveau coronavirus ».

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« Nous devons fermer la ville » - Denis Protsenko, médecin-chef de l'hôpital de Kommounarka (près de Moscou), où presque tous les patients soupçonnés d'être contaminés par le Covid-19 sont pris en charge :

« Nous avons des patients de plus de 65 ans, mais leur maladie n'est pas grave. À Moscou, il n'y a pas un seul patient placé sur [appareil de] ventilation mécanique. Neuf personnes sont en soins intensifs, mais elles ne sont pas dans un état critique.

Nous ne savons pas quand le pic de l'épidémie sera atteint. Nous faisons juste notre travail, sans rien changer. Maintenant, il est à la mode de critiquer le système de santé, mais nous avons une équipe qui fonctionne bien. J'admire les médecins - ils font des heures supplémentaires, des bénévoles viennent à l'hôpital. Les médias doivent arrêter l’hystérie : la panique nous gêne, à cause de cela, des gens se tournent vers les cliniques sans raison, créant une surcharge des services.

Il n’est pas nécessaire de porter des masques de protection pour les personnes saines - ils n'aident pas. Les masques avec un degré de protection FFP2 sont utilisés par nos médecins avec une combinaison qui couvre complètement le corps. Un tel masque dans la rue ne fait qu'exacerber l'hystérie chez les gens. Un masque sur le visage ne sauvera pas du virus - seul l'auto-isolement est efficace. En tant que médecin, je suis favorable à la fermeture de la ville. Toute la question est le prix d’une telle fermeture ».

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Dans cet autre article, nous vous présentons les mesures globales prises par la Russie pour endiguer la pandémie sur son territoire.

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