Un algorithme informatique russe sort un album musical, effrayant mais beau

Sciences & Tech
VICTORIA RYABIKOVA

Un réseau de neurones artificiels, mis au point par Yandex, géant russe du Web, a, en collaboration avec des musiciens en chair et en os, enregistré un album musical, pour un résultat des plus surprenant.

L’album a reçu le nom de « Musique non humaine » et à sa création ont pris part le groupe d’indie alternatif Komsomolsk, le compositeur Kouzma Bodrov ainsi que le DJ techno Nikita Zabeline.

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Le réseau neuronal a donné naissance à 25 pistes musicales, basées sur les œuvres de Sebastian Bach, d’Alfred Schnittke et de Sergueï Rachmaninov. Après cela, les musiciens ont sélectionné les mélodies leur plaisant le plus et les ont perfectionnées.

Kouzma Bodrov, lors de la participation de l’orchestre Nouvelle Russie et du célèbre chef d’orchestre Iouri Bachmet, a élaboré une œuvre symphonique baptisée Digital Sunrise. Nikita Zabeline a de son côté conçu son morceau d’ambiance Neurobirth Modular. Quant au groupe Komsomolsk, il a rédigé les paroles de la chanson My ichtchem tcheloveka (Nous cherchons l’homme).

Cette dernière débute ainsi :

« Brûlent les maisons, se reflétant sur la poitrine nue de l’asphalte,

Je me lève sur la pointe des pieds,

Pour mieux voir par les fenêtres embuées,

Où se cache aujourd’hui l’homme,

Peut-être s’est-il coincé entre les carreaux de la fenêtre et s’y cogne,

Il y bourdonne, comme une mouche de mai,

Peut-être, agité par la pluie a-t-il rampé jusqu’au trottoir,

Et tel un ver, a été écrasé par une vieille aveugle,

Peut-être, tel le courrier, est-il tombé sur le canapé,

Peut-être, il a quatre ans, a-t-il grimpé sur les épaules de son père,

Mais encore peut-être est-il simplement saoul à en mourir,

Il a terriblement vécu sa vie, et s’est consumé jusqu’au bout, comme une allumette …

Nous cherchons l’homme

Nous cherchons l’homme ».

Les développeurs n’avaient pas pour tâche d’apprendre au réseau de neurones artificiels à composer une « belle » musique, car la création d’une telle formule est impossible, explique Alexandre Kraïnov, directeur du laboratoire d’intelligence mécanique de Yandex.

Selon lui, le réseau neuronal a été pensé comme assistant pour compositeur, et non pas comme auteur à part entière.

Par ailleurs, la compagnie a mis en ligne une vidéo présentant comment le réseau de neurones compose ses œuvres.

Enfin, il s’agit en réalité de son deuxième album. En 2016, l’algorithme avait en effet d’ores et déjà écrit les paroles de chansons dans le style d’Egor Letov, fondateur du groupe de rock russe Grajdanskaïa oborona (Défense civile).

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