Nouvelles théories intrigantes sur la terrible et énigmatique tragédie du col Dyatlov

Sciences & Tech
DANIEL CHALYAN
Il y a cinquante-neuf ans, dans l’Oural, 9 randonneurs se sont lancés à l’assaut de «la montagne de la mort». Les détails glaçants quant aux inexplicables circonstances de leur disparition sont depuis devenus matière de cauchemars et fictions cinématographiques. Récemment, un blogueur russe a laissé entendre qu’il pensait être plus proche de la vérité que nul autre auparavant.

La nature de cette effroyable découverte a bouleversé autant la communauté scientifique que les enquêteurs. Les corps d’alpinistes partis en expédition dans l’Oural ont été retrouvés à différents endroits, à différents moments, certains laissant apparaître des traces de traumatismes internes sévères, tous pressentaient des signes d’exposition radioactive. La moitié d’entre eux étaient dénudés ou portaient des vêtements appartenant à d’autres membres du groupe. Certains encore avaient les yeux arrachés. En bref, aucun objet des environs ne semblait pouvoir expliquer un tel carnage, ont conclu les investigations soviétiques.

Naturellement, les théories les plus folles sont alors apparues, allant d’une psychose sanguinaire aux extraterrestres, en passant par des expérimentations gouvernementales.

Causé par un missile?

Aujourd’hui, près de soixante ans après, le blogueur russe Valentin Degteriov, qui tient un journal en ligne consacré au paranormal et à l’inexpliqué, avance que la mort du groupe de Dyatlov aurait été causée par un missile doté d’une ogive à faible rendement qui aurait frappé un versant de la montagne. Un cratère large de 30 mètres, affirme-t-il sur son site, pourrait être observé grâce à une étude plus approfondie des images satellites de la zone. Ce point serait ainsi situé à environ trois kilomètres du campement des randonneurs.

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« Le granit a fondu pour devenir simplement du verre rouge. Je pense que la température au moment de l’impact était très haute. C’est clairement visible sur les images satellitaires, soutient-il. Après avoir été réveillés par l’onde de choc, [les randonneurs] ont été aveuglés par la vive lumière, souffrant probablement d’une perte temporaire de la vision. Cela explique leur soudaine fuite et leur descente dans les bois ».

En réalité, Degteriov suggère même que le lancement de ce missile n’aurait pas été un test.

« Le missile s’est probablement égaré et a changé de trajectoire, frappant le versant de la montagne par accident », juge-t-il.

Le blogueur rappelle par ailleurs que des signes de radiation avaient été décelés sur les vêtements des malheureux alpinistes, et que cela pouvait donc également être l’œuvre d’une météorite.

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« Je pense que le lieu requiert une étude méticuleuse à l’arrivée du printemps. Si la radiation est effectivement trouvée, et s’il y a un cratère d’impact, alors le mystère du col de Dyatlov pourra être considéré comme résolu », conclut-il.

Mais sa théorie peut-elle tout expliquer ?

Que s’est-il passé originellement?

Le groupe, mené par Igor Dyatlov, 23 ans, n’est pas parvenu à revenir de son expédition en direction de la montagne Otorten durant l’hiver 1959. Les investigations ultérieures ont démontré que le 2 février, la tente dans laquelle les randonneurs se reposaient, avait été déchirée de l’intérieur, ses occupants s’élançant alors dans la nuit vêtus uniquement des habits qu’ils portaient dans leur sommeil. Tous les corps ont été retrouvés des semaines plus tard. Certains arboraient cependant des vêtements appartenant à d’autres, et tous présentaient un haut taux de radioactivité.

Là où cela devient étrange (comme si cela ne l’était pas déjà assez), c’est que plusieurs corps ne montraient que des signes d’hypothermie, tandis que d’autres, découverts plus profondément dans les bois, présentaient des traces de traumatismes internes extrêmes : saignements, fractures, crânes brisés. Un membre du groupe, Loudmila Doubinina, a même vu sa langue et ses yeux être arrachés, tandis que ses côtes ont été broyées des deux côtés.

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Les autorités n’ont su que faire de cette affaire et l’ont donc classée, ne pouvant y apporter de solution. Le rapport final des Soviétiques stipulait alors que le groupe avait été tué par une « force irrésistible inconnue ».

Les Russes n’ont par ailleurs pas déclassifié les documents depuis les années 1990, ce qui, évidemment, a alimenté les théories conspirationnistes à propos d’éventuels essais nucléaires ou présences d’aliens. Il existe d’ailleurs un film d’horreur relatant cette histoire.

Théories diverses

La nouvelle théorie de Degteriov a reçu des réactions mitigées. Beaucoup des commentateurs répondent positivement à ces possibles révélations, d’autres, cependant, mettent en avant d’autres versions qui, selon eux, sont plus dignes d’intérêt. Il existe en réalité plus de 60 théories connues concernant cette mystérieuse affaire.

Ce que la science en dit assurément, est que les randonneurs n’ont pu recevoir ces blessures d’aucun objet trouvé dans les alentours.

L’une des hypothèses les plus intéressantes s’articule autour d’une grotte sacrée qu’une tribu locale mansie (peuple autochtone de la région) aurait eu pour tradition d’utiliser pour des sacrifices rituels. La tribu n’aurait que peu apprécié l’idée de partager sa montagne avec des étrangers et lorsque le groupe de Dyatlov aurait volé divers objets dans cette caverne, ils auraient été pourchassés par des Mansis avant d’être tués, dans la nuit. Cette théorie toutefois ne se fonde sur aucun élément tangible.

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En effet, il ne faut pas oublier la tente déchirée de l’intérieur ainsi que l’absence de traces de pas autres que celles des membres de l’expédition.

D’autres assurent que ces morts chaotiques et violentes auraient été provoquées par une boisson de contrebande toxique que le groupe se serait procuré auprès de chasseurs du coin (peut-être également utilisée pour des rituels). Cela aurait ainsi pu entrainer des hallucinations psychédéliques, expliquant également la fuite désordonnée et les comportements étranges du groupe.

Une énigme supplémentaire

Aujourd’hui encore, l’enquête sur cette affaire continue de passionner les foules et peut donc compter sur la participation des particuliers tels que Degteriov, mais également sur celle des journalistes. Récemment, le journal Komsomolskaïa Pravda a ainsi révélé de nouveaux éléments intrigants concernant cette inextricable histoire. En effet, a été retrouvée une note officiellement authentifiée du procureur Vassili Tempalov, en charge de l’affaire, adressée à l’enquêteur Vladimir Korotaïev pouvant laisser perplexe. En effet, si le contenu de son texte ne présente pas d’intérêt particulier, l’homme informant de sa prochaine absence en raison d’un déplacement dans le cadre de l’enquête sur la mort des randonneurs, le message est daté du 15 février 1959. Or, à ce moment-là, les alpinistes n’étaient pas encore portés disparus puisqu’ils ne devaient revenir de leur expédition que le 16 ou 17 du mois. Les recherches n’ont en effet commencé qu’après le 20 février, la tente n’ayant ainsi été retrouvée que le 26 et les premiers cadavres le 27. L’enquête n’a quant à elle été lancée qu’après la découverte de la tente.

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En réalité, il existe une totale pagaille concernant les dates de cette affaire. Sur la couverture du dossier de l’enquête figure en effet celle du 6 février 1959. Un protocole de la milice également daté de ce jour indique qu’un capitaine a interrogé un employé de la division forestière locale pour savoir s’il avait vu les randonneurs et quelles avaient été les récentes conditions météorologiques dans les environs. Les autres traces écrites ont quant à elles été rédigées à partir du 26 février.

Si l’on considérait alors vraisemblable que les mentions du 6 février aient été le résultat d’erreurs d’inscription, la découverte de la note du procureur fait par conséquent resurgir une théorie avançant que les autorités étaient au courant de cette affaire bien avant qu’elle ne soit révélée au grand jour. Toutefois, d’autres documents témoignent que l’homme aurait effectué ce déplacement non pas en février, mais en avril. Se serait-il donc lui aussi trompé ? L’avenir nous le dira peut-être si de nouvelles révélations venaient à refaire surface. En attendant, le mystère reste entier.

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