Une femme parfaitement aveugle de la ville de Tcheliabinsk, dans l’Oural (1 494 kilomètres au sud-est de Moscou) a pu voir son époux pour la première fois en 13 ans. Ayant eu une vision défaillante dans son enfance, Antonina Zakhartchenko a perdu totalement la vue en 2004, alors qu’elle avait 37 ans. Près de 14 années plus tard, une puce implantée dans ses yeux a donné un espoir à la quinquagénaire de pouvoir contempler à nouveau le monde.
Un œil bionique
L’appareil high-tech appelé « œil bionique » est composé d’un implant électronique, de lunettes équipées d’une caméra, et d’une partie séparée où est traitée l’image. La caméra capture l’image et la transfère à la puce implantée dans l’œil du patient, où elle est convertie pour être recevable par le cerveau.
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Il existe au moins 10 versions de cette technologie généralement appelée « prothèse visuelle », et celle implantée avec succès en Russie n’est que l’une d’entre elles. « Il s’agit d’une technologie américaine qui est en développement depuis plus de 10 années », a expliqué Khristo Takhchidi, chirurgien des yeux et directeur du centre médical où l’opération s’est déroulée.
« [Un œil bionique] est en fait quelque chose qui unit l’électronique et la biologie. Ce système passe actuellement des tests cliniques ; pour le moment seules quelques dizaines d’opérations ont été effectuées à travers le monde », avait-il précédemment précisé.
En Russie, cette délicate opération n’est que la deuxième où un œil bionique a été implanté avec succès. La précédente, ayant eu lieu en août de cette année, a vu les même chirurgiens, dirigés par Khristo Takhchidi, mener la première expérimentation de ce type en Russie, marquant ainsi le point de départ de l’application de cette technologie dans le pays.
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140 000 dollars pour un simple aperçu
Les deux patients ne reverront néanmoins jamais le monde de manière parfaitement nette. « Cette opération est seulement la première étape dans la compréhension de comment l’analyseur [la prothèse] visuel fonctionne », affirme Takhchidi.
« Durant l’opération la puce est implantée dans la macula, zone centrale de la rétine, et le patient est alors en mesure de voir une image pixélisée du monde. Contrairement à une image multi-pixélisée, le patient verra cependant un motif lumineux bien moins riche. C’est plus un système de codes lumineux qu’il aura, avec notre aide, besoin de développer, et d’apprendre à vivre dans ce nouveau monde », assure le chirurgien.
Pourtant, le plaisir de voir leur mari ou leur fille pour la première fois depuis plusieurs années était quelque chose d’inespéré pour les deux patients-précurseurs, puisque la valeur d’une telle opération est estimée à près de 140 000 dollars (environ 120 000 euros). Rares sont donc les patients à pouvoir se permettre un tel traitement révolutionnaire.
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Aussi, les deux opérations en question ont été conjointement financées par un certain nombre d’œuvres de charité, d’institutions médicales et de fonds commerciaux. Toutefois, suite à la première implantation réussie, Tatiana Iakovleva, députée et ministre adjoint à la Santé, a promis de considérer ce type de pratiques pour la liste des opérations de haute technologie qui sont pleinement financées par l’État.
Une bonne nouvelle pour les quelque 50 000 Russes ayant perdu la vue et qui attendent eux aussi leur tour pour avoir la chance de revoir un jour leurs proches.
Redonner confiance aux personnes portant une prothèse est l’objectif que ce sont fixé des entrepreneurs russes. Une initiative louable à découvrir dans notre article.