Marina Chitova, assistante de recherche de la réserve naturelle de Komandorski, a découvert le squelette d’une rhytine de Steller sous une couche de galets et de sable, à une profondeur de 70 cm. Si la longueur de l’ossature trouvée s’élève à 5,2 m, certaines parties sont néanmoins manquantes, ce qui pousse les scientifiques à avancer que la longueur totale de l’animal devait être d’environ 6 mètres.
Le dernier squelette de rhytine de Steller avait été découvert il y a 40 ans, sur l’île russe Béring, à l’est de la péninsule du Kamtchatka, faisant partie de cet archipel. Le seul chercheur à avoir personnellement vu l’animal vivant est le zoologiste allemand Georg Steller, en 1741. 27 ans seulement après la découverte de cet animal sur les îles Komandorski, en Russie, l’espèce a malheureusement disparu.
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Steller prenait alors part à une expédition menée par l’explorateur danois Vitus Béring et financée par l’Empire russe. Un beau jour, en marchant le long d’une plage à la recherche de bois pour le feu, Steller a aperçu une énorme silhouette noire se déplaçant lentement à la surface de l’eau, tel un bateau renversé. De temps un autre, un museau sortait des flots pour reprendre sa respiration, dans un bruit semblable à celui émis par les chevaux.
Steller a décrit la rhytine comme de gentils géants, dont la seule réelle défense contre les harpons était leur peau très épaisse. Il s’agissait d’un animal imposant, dont le corps pouvait atteindre 10 mètres de long, pour une masse allant jusqu’à 5 tonnes. Steller a par ailleurs remarqué que ces mammifères semblaient entretenir une loyauté exceptionnelle les uns envers les autres.
Selon un chercheur, ils avaient « un amour peu commun les uns pour les autres, qui allait si loin que lorsque l’un d’entre eux était harponné, tous les autres tentaient de le sauver ». Ils venaient alors à sa défense, formant un cercle autour de leur congénère blessé.
Quand ils tuaient une femelle, les pêcheurs étaient étonnés de voir son partenaire visiter jour après jour la plage où son corps gisait, « comme s’il s’informait de son état ».
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Dans ses rapports, Steller a en outre comparé la graisse de rhytine au meilleur beurre hollandais, affirmant qu’elle avait un goût d’« huile d’amande réduite par ébullition ». Ces qualités ont par la suite entrainé l’extinction de l’espèce, seulement quelques décennies après sa découverte. La dernière rhytine a en effet été aperçue par des chasseurs de fourrure en 1768.
La réserve de Komandorski, où le squelette a été retrouvé, est la plus grande réserve naturelle marine de Russie, et est située sur les îles du même nom. C’est aujourd’hui un refuge pour de rares mammifères marins, deux sous-espèces endémiques du renard polaire, ainsi que de nombreuses espèces d’oiseaux.
La rhytine de Steller était l’un des derniers survivants du Pléistocène, l’ère géologique précédent la nôtre. C’était l’époque des géants : mastodontes et tigres à dents de sabre peuplaient l’Amérique du Nord, tandis que les mammouths et rhinocéros laineux parcouraient l’Eurasie. La plupart de ces fascinants animaux ont disparu il y a 4 000 ans, à la fin de Dernière période glaciaire. Les rhytines s’étaient quant à elles réfugiées et avaient élu domicile sur les îles Komandorski, jusqu’à ce que Steller ne les découvre.