Désaccord monumental: le souvenir des anciens dirigeants russes aujourd’hui

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En Sibérie, un homme a récemment attaqué avec une hache un monument au dernier empereur de Russie, Nicolas II. Toutefois, le tsar exécuté en 1918 n'est pas le seul personnage historique dont le souvenir défraie la chronique en Russie.

« Attentat » contre l’empereur

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Un homme en colère de Novossibirsk a frappé à plusieurs reprises la statue de Nicolas II et de son fils Alexeï le 1er août avant qu’un policier ne l'arrête. Il a réussi à endommager la tête d'Alexeï avant d'être appréhendé, mais ses motifs restent incertains. 

Le monument de Nicolas II a été érigé qu'en juillet dernier à côté d'une église. Les habitants n'ont pas été consultés par les autorités et le maire de la ville, Anatoly Lokot, membre du Parti communiste de Russie, n'approuvait pas la sculpture lui non plus – bien qu'il n'ait pas pu empêcher sa construction.

« Il est dangereux de prendre des décisions qui divisent notre société », a déclaré Lokot. Il a également indiqué qu'il avait été invité par certains militants à installer un monument à Joseph Staline, mais qu’il avait refusé – inaugurer un monument à l'homme responsable de la Grande Purge des années 1930 aurait suscité encore plus de controverses.

Staline apparaît et disparaît

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Lokot pensait peut-être à l'hommage à Staline réalisé dans la ville de Sourgout (2136 km à l'est de Moscou) en prenant sa décision. Les partisans du dictateur soviétique ont érigé une statue le 15 septembre 2016, mais elle n’a pas tenu longtemps. Les autorités locales l'ont démantelée après avoir affirmé qu'elle avait été mise en place illégalement.

Cependant, les gens ont tenu à exprimer leur colère durant la courte vie du monument – ils l'ont peint en rouge pour symboliser le sang des nombreuses victimes de Staline. Mais les partisans de Staline restent sur le qui-vive. Denis Khanjine, chef d'un groupe célébrant l’homme politique controversé, estime que lui et ses camarades trouveront une autre façon de commémorer la mémoire de leur chef bien-aimé – bien qu'il reste à voir comment.

Des monuments au dirigeant soviétique le plus sanglant apparaissent en Russie de temps à autre, mais ils ne sont généralement pas soutenus par l'État. Les activistes les installent généralement sur des terrains privés où les autorités n'ont pas le pouvoir de les retirer, mais ces statues improvisées alimentent encore la colère de certains secteurs de la société – et, dans certains cas, provoquent des accès de rage.

Être érigé… ou pas

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Dans une autre ville, Omsk (2235 km à l'est de Moscou), les citoyens débattent de l’installation d'un mémorial à Alexander Koltchak (1874–1920), chef du mouvement blanc qui a combattu contre les bolcheviks en Sibérie pendant la guerre civile russe. Le mouvement a reconnu Koltchak comme le « souverain suprême » de la Russie et Omsk fut sa capitale autoproclamée jusqu'à sa mort en 1920.

Le gouvernement local a décidé de commémorer l'amiral en 2016 avec une statue, tout en marquant le 200e anniversaire de la ville. Mais cela n’a pas été du goût des communistes locaux, qui ont souligné les mesures brutales prises par Koltchak dans sa lutte contre les bolcheviks – ils sont allés jusqu'à le qualifier d’« Hitler sibérien ».

L’anniversaire s’est déroulé sans accrocs, mais la lutte autour du monument de Koltchak se poursuit. Ses partisans ont même écrit au ministre de la Culture en mai 2017 pour demander de l'aide. Dans le même temps, un énorme Koltchak en bronze est déjà érigé dans la ville d'Irkoutsk (4202 km à l'est de Moscou) où l’ennemi juré de communistes a été abattu en 1920.

Le premier président repeint en bleu

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Même le premier président de la Russie postsoviétique – Boris Eltsine (1931 – 2007) – n'a pas échappé au sort des autres dirigeants controversés. Un monument blanc et plutôt phallique mis en place dans sa ville natale d'Ekaterinbourg (1416 km à l'est de Moscou) est apparu en 2011 et a été largement soutenu par les autorités. Dmitri Medvedev, président à l'époque, l'a inauguré en personne et a déclaré que la Russie devait être reconnaissante à son premier président.

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Cependant, cela n'a pas empêché certains Russes mécontents de profaner la statue le 24 août 2012. Ils l'ont recouverte de peinture bleue et les lettres du nom d'Eltsine ont été partiellement arrachées du piédestal. Cela a coûté 2,5 millions de roubles (41 600 dollars) de réparations. Les autorités locales ont même dû établir un poste spécial d'observation de la police pour empêcher ce type de vandalisme de se reproduire.

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