Qassem Soleimani, «l’architecte» iranien de l’opération russe en Syrie

Le commandant de la Force Qods Qassem Soleimani avec le guide suprême de la Révolution islamique Ali Khameneï lors d’une réunion avec les Gardiens de la Révolution (GRI).  Téhéran, Iran, le 18 septembre 2016.

Le commandant de la Force Qods Qassem Soleimani avec le guide suprême de la Révolution islamique Ali Khameneï lors d’une réunion avec les Gardiens de la Révolution (GRI). Téhéran, Iran, le 18 septembre 2016.

AFP / East News
Il y a un an, le 30 septembre 2015, la Russie s’impliquait militairement dans le conflit en Syrie. Cette opération est étroitement liée au général Qassem Soleimani, le commandant de la Force Qods, une unité d'élite des Gardiens de la Révolution iranienne. Cet homme est l’un de ceux qui ont convaincu le Kremlin d’entamer une opération militaire en territoire syrien. Le journal en ligne Gazeta.ru a cherché à savoir à qu’attendre du général iranien et quelle est son influence internationale.

Quand l’aviation russe s’est installée sur une base permanente en Syrie, en 2015, et a lancé des frappes contre les groupes terroristes sur le terrain, Reuters a affirmé que le général iranien Qassem Soleimani était l’un des principaux « architectes » de cette opération.

Selon les données de l’agence, Qassem Soleimani a décrit aux responsables militaires de Moscou le scénario des opérations en Syrie et a précisé les moyens d’influer la situation. Pendant sa première visite supposée à Moscou (du 24 au 26 juillet 2015), il aurait rencontré le président Vladimir Poutine et le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou.

« Qassem Soleimani a déplié la carte de la Syrie sur la table. Les Russes étaient très alarmés et comprenaient qu’il existait des dangers réels pour le régime, dit l’agence. La partie iranienne les a assurés qu’il était toujours possible de reprendre l’initiative. C’est alors que Soleimani a affirmé que toutes les cartes n’étaient pas encore jouées ».

D’après certaines données, Qassem Soleimani aurait effectué quatre visites à Moscou : fin juillet, début août et décembre 2015 ainsi qu’à la mi-avril 2016. Une source digne de foi de gazeta.ru a confirmé que le général s’était rendu plusieurs fois à Moscou, notamment en hiver dernier.

Qassem Soleimani communique par talkie-walkie sur la ligne de front lors des offensives contre l'État islamique. Ville de Tal Ksaiba, province de Salâh ad-Dîn. Crédit : ReutersQassem Soleimani communique par talkie-walkie sur la ligne de front lors des offensives contre l'État islamique. Ville de Tal Ksaiba, province de Salâh ad-Dîn. Crédit : Reuters

« On lui fait confiance, on examine avec lui les livraisons d’armes », indique-t-on de même source. Qassem Soleimani a évoqué l’opération syrienne avec ses collègues russes dès 2013, mais la déstabilisation en Ukraine a retardé ces consultations de deux ans.

Répondant aux questions des journalistes, le porte-parole du président russe, Dmitri Peskov, a affirmé que Qassem Soleimani n’avait jamais rencontré Vladimir Poutine, en ajoutant ne pas savoir si le général était venu à Moscou.

L’homme-mystère international

Qassem Soleimani figure sur la liste noire des Nations unies comptant les noms de quinze responsables militaires et politiques iraniens ayant interdiction de quitter le territoire de leur pays à cause du programme nucléaire militaire.

En outre, Qassem Soleimani et Qods ont été frappés de sanctions unilatérales par les Etats-Unis qui qualifient l’unité d’élite d’organisation encourageant le terrorisme et Qassem Soleimani en personne de terroriste.

Qassem Soleimani est connu pour être l’organisateur d’opérations de subversion et de renseignement et pour avoir mis en place un large réseau d’agents s’appuyant sur les communautés chiites dans l’ensemble de la région.

John Maguire, ancien officier de la CIA en Irak, a déclaré au magazine The New Yorker que « Soleimani était aujourd’hui l’unique agent secret puissant au Moyen-Orient et que personne n’avait jamais entendu parler de lui »

Pas un militaire de métier

Qassem Soleimani estmonté dans l’échelle sociale grâce à la Révolution de 1979 qui a renversé le régime du chah.

Il est né dans une famille de paysans pauvres dans la localité en montagne de Rabor (province de Kerman). Ses études se résument à l’école élémentaire et il a été manœuvre jusqu’à la révolution.
Le jeune Qassem Soleimani a été enthousiasmé par la révolution. Dès les premiers jours il s’est inscrit au Corps des Gardiens de la Révolution islamique devenu par la suite une unité d’élite sous les ordres personnels du guide suprême Ali Khameneï.

Qassem Soleimani assiste à un rassemblement annuel commémorant l'anniversaire de la Révolution iranienne  de 1979. Téhéran, Iran. Crédit : APQassem Soleimani assiste à un rassemblement annuel commémorant l'anniversaire de la Révolution iranienne de 1979. Téhéran, Iran. Crédit : AP

Ce Corps a joué un rôle clé dans la guerre entre l’Iran et l’Irak en 1980–1988 et Qassem Soleimani a participé d’une manière ou d’une autre à l’organisation des opérations. C’est à cette époque qu’il a jeté les bases de son futur réseau d’agents, en établissant des liens avec les leaders des Kurdes irakiens et de l’organisation chiite Badr en lutte contre Saddam Hussein.

Vainqueur de Saddam et de Washington

C’est en 1998 que Qassem Soleimani s’est placé à la tête de Qods, qui coordonne et dirige les activités du réseau de « révolutionnaires » chiites qui s’étaient soulevés contre les alliés américains dans la région, notamment l’Arabie saoudite ou le Bahreïn.

L’unité a joué un rôle important dans le renversement du régime de Saddam Hussein. C’est Qassem Soleimani en personne qui a commandé les opérations militaires des rebelles irakiens.

Il a établi des relations avec la plupart des partis et organisations : il était alors considéré comme maître de la situation en Irak. A la chute du régime de Saddam Hussein, il exerçait déjà une influence sur d’importantes personnalités politiques en Irak. 

Tout un réseau d’alliances s’est formé avec le temps dans la région sous la direction du général iranien.

Soleimani contre le « califat »

Quand les villes irakiennes sont tombées tour à tour entre les mains de Daech, le réseau de Qassem Soleimani a réagi instantanément. Pour l’Iran, la lutte contre Daech est devenue une priorité : les terroristes détruisaient en masse les lieux saints des chiites.

Qassem Soleimani a pris le commandement et a transféré à Bagdad ses meilleurs combattants. C’est à Qods que sont liées les victoires principales des forces armées irakiennes à Tiktrit, Falloujah et Mossoul. Quand le « califat » terroriste est arrivé en Syrie, Qods était prêt.

Selon les données de DEBKA, site israélien étroitement lié aux services secrets du pays, ce sont des spécialistes iraniens qui dirigent les opérations militaires de l’armée de Bachar el-Assad sur de nombreux fronts et qui coordonnent les actions du Hezbollah libanais dans la lutte contre Daech, de ses alliés et d’une partie de l’opposition syrienne. Les autorités officielles d’Iran démentent la présence de combattants de Qods en Syrie.

Name Sham, un site arabo-iranien maintenant des rapports avec l’opposition syrienne, a cité le président Assad affirmant lors d’une réunion que le général Soleimani avait « une place dans son cœur. S’il présentait sa candidature, il aurait gagné l’élection tant le peuple syrien l’aime »

« Soldat jusqu’à la fin de ses jours »

Doté d’une telle autorité, Qassem Soleimani aurait pu entamer la lutte pour le pouvoir en Iran. L’élection présidentielle (en 2017) approchant, les réseaux sociaux iraniens publient des appels cherchant à pousser Qassem Soleimani à présenter sa candidature.

Toutefois, le général a déclaré au mois de septembre qu’il n’avait aucune ambition politique et qu’il souhaitait rester « soldat jusqu’à la fin de ses jours ». Son projet semble être l’achèvement de la campagne syrienne. Si celle-ci est couronnée de succès, Qassem Soleimani n’aura pas besoin d’élections en Iran.

Source : Gazeta.ru

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