Pourquoi une véritable princesse africaine vit-elle en Russie depuis dix-sept ans? 

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SVETLANA LOMAKINA
Suzy-Naomie Gouandegno Ngongwe  est l’une des arrière-petites-filles du dernier  roi du Gabon. Elle vit en Russie depuis dix-sept ans. Que ne pourrait-elle pas raconter au sujet de sa vie en Russie: le froid à pierre fendre en Sibérie, les crépuscules brûlants du Sud, ses excellentes relations avec sa belle-mère russe.

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Suzy-Naomie Gouandegno Ngongwe  vit à Sotchi depuis un an. Après avoir connu Moscou et la Sibérie, elle y est très heureuse : lorsque les habitants se plaignent de la chaleur humide qui peut dépasser les 42°C, la jeune Africaine se sent parfaitement bien. 

Le nom de Denis Rapontchombo , un des arrière-grands-pères de la jeune femme, figure dans tous les manuels d’histoire du Gabon. Il était le chef de la grande tribu des mpongwè. Il se convertit au christianisme et signa en 1839 un traité avec les Français qui commençaient alors à occuper cette région de l’Afrique de l’Ouest.

« En cours d’histoire, lorsque le nom de mon ancêtre était prononcé, mes condisciples s’émouvaient et le traitaient de traître. C’est pourquoi je me taisais et ne disais rien de ma généalogie », se souvient Suzy-Naomie Gouandegno Ngongwe.

Pourquoi la Russie?

La jeune femme est arrivée en Russie à la suite de circonstances dramatiques. En 2007, au Gabon, elle a commencé des études de médecine et a été victime d’étudiants qui bizutaient leurs nouveaux condisciples.

« Au début, ils m’ont laissée tranquille. Mais un jour, ils m’ont attrapée, poussée dans une voiture et ont voulu m’emmener quelque part. J’ai sauté en marche et me suis enfuie », raconte Suzy-Naomie Gouandegno Ngongwe.

Cette tentative d’enlèvement a provoqué un grand scandale. Ses agresseurs ne sont plus approchés d’elle mais ses parents, inquiets, ont décidé de l’envoyer faire des études ailleurs.

Un de ses parents, qui avait fait des études en Russie, a suggéré qu’elle poursuive ses études à Moscou. Suzy-Naomie Gouandegno Ngongwe voulait devenir endocrinologue pour aider sa mère qui souffre de diabète.

Difficultés de traduction et 1er bortsch russe

Faire des études de médecine en russe n’a pas été très difficile. Suzy-Naomie Gouandegno Ngongwe avait déjà de bonnes connaissances en anatomie, biologie et chimie. Elle a des facilités en langues et des étudiants gabonais qui vivaient en Russie depuis plusieurs années l’ont aidée.

« Quand je me perdais dans le métro, j’appelais une amie. Elle me disait si j’avais pris la bonne direction ou pas. J’allais faire les courses avec un dictionnaire. Les vendeurs se sont vite habitués. Dès qu’ils me voyait arriver avec un livre, ils souriaient », se rappelle la jeune femme.

Suzy-Naomie Gouandegno Ngongwe se souvient avec amusement du premier repas qu’elle a pris au restaurant universitaire. Elle ne savait pas quoi choisir parce qu’elle ne connaissait aucun des plats qui étaient servis ce jour-là. Une des employées lui a demandé : « Tu es nouvelle ». En entendant la réponse : « oui », elle lui a dit : « Alors du bortsch!».

C’est ainsi que le bortsch est devenu le plat russe préféré de la jeune princesse africaine.

Mari russe et belle-mère russe

Un jour, une amie de Suzy-Naomie Gouandegno Ngongwe, également africaine, sest fait aborder dans le métro par un jeune homme russe qui voulait pratiquer le français. Elle ne parlait pas cette langue et lui a conseillé de prendre contact avec son amie gabonaise.

C’est ainsi que Suzy-Naomie Gouandegno Ngongwe a fait la connaissance de son futur mari. Il était originaire de Krasnoïarsk et informaticien. Six mois après leur rencontre, craignant que sa bien-aimée ne retourne au Gabon après la fin de ses études, le jeune homme l‘a demandée en mariage.

Malheureusement, ils se sont séparés après la naissance de leur fils Naoum. L’enfant a une véritable grand-mère russe qui l’aime énormément et le prend tous les étés chez elle en Sibérie.

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Suzy-Naomie Gouandegno Ngongwe a gardé d’excellentes relations avec son ancienne belle-mère. « Au début, nous avons eu du mal à nous comprendre. Lorsque mon fils avait dix mois, elle m’a demandé : "Quand est-ce que tu commenceras à lui faire faire des choses ?" Je lui ai répondu : "À 10 mois ? Par quoi commencer ? Par les mathématiques, peut-être ?". J’ai été élevée dans une autre culture : dans ma famille, les parents n’aident jamais les enfants à faire leurs devoirs. Je les faisais toute seule» , raconte Suzy-Naomie Gouandegno Ngongwe.

Elle a alors décidé de laisser sa belle-mère s’occuper de son fils. Cette année, le petit est entré à l’école primaire.

Une Gabonaise en Sibérie 

C’est le titre du livre que Suzy-Naomie Gouandegno Ngongwe a écrit en russe : elle est fatiguée de raconter pour la centième fois qui elle est et d’où elle vient.

La jeune femme a vécu quatre ans avec son mari en Sibérie. Médecin, elle faisait la tournée des petites villes et des villages ouvriers. Elle sait s’habiller comme les vrais Sibériens : elle applique la technique de l’oignon, c’est-à-dire la superposition de couches de vêtements.

« Il m’arrivait parfois d’aller dans des endroits que l’on ne peut atteindre que l’hiver. L’été, on ne trouve pas de routes. Là où l’on extrait du gaz et du pétrole. Quand ils me voyaient en pleine taïga, les gens croyaient halluciner », se souvient en riant la jeune femme.

Il y a trois ans, Suzy-Naomie Gouandegno Ngongwe a participé au concours de Miss Krasnoïarsk. Elle a été 1re dauphine. Elle a aussi eu la possibilité de participer à un concours international de mannequins à Sotchi. 

« Lorsque je suis descendue de l’avion, j’ai eu l’impression d’être à la maison ! Ici, il y a les mêmes fleurs qu’au Gabon. Bien sûr, il y en a moins. Il y a aussi des bananiers. Cà et là, il y a des bâtiments dont l’architecture rappelle celles de maisons de Libreville, la capitale du Gabon. »

Elle a compris qu’elle voulait rester à Sotchi. Elle s’y est installée il y a un an et y travaille comme endocrinologue.

Comme beaucoup de jeunes femmes russes, Suzy-Naomie Gouandegno Ngongwe a l’habitude de fréquenter souvent les instituts de beauté. Ses amies gabonaises sont admiratives de ses sourcils et de ses ongles. « C’est en Russie qu’on trouve les meilleures esthéticiennes du monde !», dit-elle.

La version complète de cette interview a été publiée dans le journal Nation Magazine.

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