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Carlos Alonso a fait des études dans une école militaire de La Havane pour devenir ingénieur-mécanicien. À cette époque, Cuba a passé avec la Russie un contrat de livraison de chars T-72. En 2010, les 9 meilleurs élèves ont été envoyés à Omsk poursuivre leur formation à l’institut du génie des troupes blindées. Carlos Alonso était l’un d’eux.
« L’incompréhension totale ! Comment pouvait-on vivre ici ? À La Havane, il faisait +35°С. À Moscou, - 1°C et à Omsk déjà - 5°C à la fin du mois d’octobre ! J’avais évidemment entendu parler du froid russe, mais je n’y étais pas préparé. Je me suis demandé comment j’allais pouvoir le supporter ».
Carlos Alonso se souvient du long voyage en avion de La Havane à Moscou. Il était inquiet et n’a pas pu dormir. Il a fait ensuite le trajet de Moscou à Omsk en avion sans fermer l’œil non plus. Il est arrivé en Sibérie totalement déphasé à cause du manque de sommeil et du décalage horaire.
Dès qu’on lui a assigné une chambre, il s’est couché et a dormi très longtemps. « Lorsque je me suis réveillé, je suis allé à la fenêtre et ai vu que la première neige était tombée pendant la nuit : sur un fond blanc immaculé s’élevaient des arbres au tronc blanc tacheté de noir. Oui, c’étaient des bouleaux. C’était un spectacle tellement beau ! J’ai été tellement touché par ce paysage que je l’associe dans ma mémoire au jour où j’ai commencé à aimer la Russie ».
Le père de Carlos Alonso était lui-même ingénieur-mécanicien. En 1982, il a combattu au côté de soldats soviétiques en Angola. Carlos Alonso admire son père. Un autre exemple a été pour lui l’un de ses grands-pères. Il était barbier le matin et sculpteur sur bois le reste du temps. Il a appris ces deux métiers à son petit-fils. Lorsqu’il était adolescent, Carlos Alonso coiffait tous ses amis.
À Omsk, le Cubain avait un condisciple angolais qui avait une tondeuse à cheveux. « Je la lui empruntais le week-end. Dans le foyer, les jeunes hommes faisaient la queue pour être coiffés. Les soldats doivent avoir les cheveux courts et chacun voulait avoir une coupe à la mode qui le distinguait des autres. Ce que je pouvais leur proposer ».
Au début, Carlos Alonso offrait ses services gratuitement. Puis, des amis lui ont conseillé de prendre au moins 200 ou 300 roubles par coupe. C’est ainsi qu’il a économisé de quoi s’acheter sa première voiture. Au début, la coiffure restait un hobby. Ensuite, il a suivi une formation professionnelle. Cela fait maintenant près de 7 ans qu’il travaille dans un salon d’Omsk et il faut une semaine pour avoir un rendez-vous avec lui.
« Je ne regrette absolument rien. Si je n’avais pas voulu devenir militaire, je ne serais jamais venu en Russie, je n’aurais pas rencontré Olga et nous n’aurions pas eu nos enfants adorés », nous confie Carlos Alonso.
À Cuba, on aime beaucoup la Russie et on connaît bien son histoire. « Dans toutes les bibliothèques, on trouve les volumes rouges des écrits de Lénine en espagnol ».
Carlos Alonso a rencontré sa future femme. Il ont eu un fils. Son contrat avec l’armée cubaine prévoyait qu’il serve encore 3 ans et il est rentré dans son pays.
À son retour à Cuba, il a passé les 6 premiers mois seul. Ensuite, Olga et son fils l’ont rejoint. Ils se sont mariés et sont restés sur l’île jusqu’en 2018. Mais, la Russie manquait beaucoup à Olga. À la fin de son contrat avec l’armée, ils sont revenus en Russie.
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« Je dois vous dire que la première chose que mes condisciples cubains et moi avons remarqué, après le froid, a été qu’en Russie les jeunes femmes sont très très belles, affirme en riant Carlos Alonso. Elles sont différentes des femmes cubaines : elles prennent plus soin de leurs hommes, elles les aiment vraiment ! ».
Le Cubain a fait la connaissance de sa future femme en 2013. Des amis lançaient alors à Omsk un projet de danse et il était venu les soutenir. Olga était alors journaliste et était passée faire une interview du groupe. Carlos Alonso l’a invitée à sortir.
« Olga est la meilleure chose qui m’est arrivée dans la vie. Quoi que j’entreprenne, elle me soutient. Notre rencontre a aussi eu des côtés positifs pour elle : elle a commencé à apprendre l’espagnol avec moi. Après son séjour à Cuba, elle a décidé de devenir traductrice. Elle a terminé l’institut Cervantès de Moscou (il y a un centre à Omsk) et maintenant elle est traductrice. En ce moment, elle est en congé parental. Nous avons eu une fille. Lorsqu’elle aura grandi, Olga reprendra le travail ».
Carlos Alonso se sent maintenant à Omsk comme dans sa ville natale. À une exception près : celle de l’hiver. Quand il fait froid, il essaie de passer le moins de temps possible dans la rue : maison, voiture, travail.
« J’emmène les enfants se promener deux fois par mois, mais pas plus. Je ne peux pas porter de chapka à cause de ma coupe ! », s’amuse le Cubain.
Il a commencé à fréquenter les bains russes et a même pris un bain dans l’eau glacée d’une rivière l’hiver.
Il reconnaît adorer la fête du Nouvel An et l’attendre impatiemment pour avoir l’occasion de déguster des «harengs en fourrure » !
« En quoi encore me suis-je russifié ? Il n’y a pas longtemps, j’ai été à un anniversaire. On m’a demandé de souhaiter un heureux anniversaire en espagnol. Je me tiens là et comprends que je ne peux rien dire en espagnol. Je n’ai que du russe dans la tête. Voilà.... »
Retrouvez la version intégrale de l’entretien en russe dans le magazine Nation (Нация).
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