Ce Russe a traversé le Pacifique en solitaire pour retrouver sa famille en pleine pandémie

Ever Sailing - jizn v okeane/YouTube
Ce citoyen russe s'est embarqué dans un voyage très risqué pour retrouver sa famille vivant en Nouvelle-Zélande.

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La pandémie de Covid-19 a pris Dmitri Pelevine, comme tout le monde, par surprise. En tant que navigateur expérimenté travaillant dans le secteur des technologies de l'information, il a soudain réalisé qu'il était coincé en France, où il avait prévu de ne passer que quelques jours sur le chemin depuis la Russie pour rejoindre sa famille basée en Nouvelle-Zélande.

« Quand les frontières ont commencé à se fermer, j'ai décidé de rester et d'attendre la fin de la pandémie [en France] », écrit Dmitri sur sa chaîne Telegram.

Comme il s’est rapidement avéré évident, la fin de la pandémie n'était toutefois pas proche. Les voyages aériens avaient pour la plupart cessé et de nombreux pays scellaient leurs frontières.

« La quarantaine a commencé et mes vols ont été annulés. À partir de ce moment, j'ai commencé à chercher un moyen de rentrer chez moi, dans ma famille », explique-t-il.

Dmitri, qui voulait désespérément retrouver son fils et son ex-femme vivant en Nouvelle-Zélande, a alors décidé de se lancer dans un voyage solitaire et dangereux à travers l'océan Pacifique. S’il avait déjà songé à traverser un jour un océan, il n'avait pas l'intention de le faire en 2020. « Il n'y avait pas de plans précis, tout s'est fait spontanément », dit-il.

Le Russe a vendu son bateau existant, conçu pour naviguer uniquement dans les eaux côtières, et s'est mis à la recherche d'un nouveau voilier qui supporterait un voyage à travers l'océan.

Finalement, il a trouvé le bon. Ce modèle « Dufour Gib'Sea 37 » était stationné en Martinique, dans les Caraïbes. Ce bateau de 37 pieds, appelé « Cupiditas », appartenait à une famille de voyageurs et de blogueurs russes qui avait décidé de le vendre et de s'installer à Moscou. Dmitri l'a donc acheté et a commencé à préparer le voyage.

Le 11 juillet 2020, il est parti de la Martinique et a mis les voiles vers le canal de Panama, qu'il a dû traverser pour entrer dans l'océan Pacifique.

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En plus de s'équiper pour ce long voyage, Dmitri devait également recevoir tous les documents nécessaires lui permettant de voyager légalement.

« [J'ai besoin] d'un permis de croisière pour naviguer dans les eaux territoriales du Panama. La Polynésie française est actuellement fermée et pour y entrer, il faut obtenir l'autorisation du département maritime local. J'ai engagé un agent [pour déposer les documents en mon nom]. Toute cette bureaucratie doit être résolue [avant que je ne poursuive mon voyage] », a déclaré Dmitri dans l'un de ses messages vidéo sur sa chaîne YouTube consacrée au voyage.

En attendant, Dmitri, qui devait se dépêcher pour retrouver sa famille, a dû utiliser efficacement le temps qui lui restait et préparer le bateau pour le test ultime. « Il faut généralement des mois pour préparer un bateau [pour la traversée d'un océan]. Tous les systèmes et composants – coque, gréement, espar, moteur, systèmes de contrôle, navigation, etc. – doivent être vérifiés et changés [si nécessaire]. Il doit y avoir beaucoup de choses à bord : provisions, pièces de rechange, équipement de sauvetage. Dans mon cas, j'ai eu peu de temps pour me préparer : 2 semaines en Martinique et environ 3 au Panama. J'ai fait ce que j'ai pu », explique-t-il.

Avant de quitter le Panama, Dmitri était optimiste quant à la durée estimée de son voyage. « Je vous rappelle que je vais traverser l'océan Pacifique pour rejoindre la Nouvelle-Zélande. Je vais devoir parcourir 4 000 milles nautiques. Cela prendra très probablement 35 à 40 jours », a-t-il annoncé avant de lever les voiles.

Il a vite compris que ce ne serait pas si facile. En raison de la pandémie, de nombreuses procédures bureaucratiques ont été modifiées et les autorités locales ainsi que les voyageurs ont dû s'adapter à la nouvelle réalité.

« Aujourd'hui, il n'est pas non plus facile de voyager sur un voilier. De nombreux pays ont fermé leurs frontières maritimes et rendu l'entrée des navires plus difficile. Il y avait d'autres difficultés. Par exemple, au Panama, je n'étais pas autorisé à me rendre à la marina avant de partir faire le plein de carburant. [Les autorités locales] ont justifié [les nouvelles restrictions] par les règles de la marina pendant la pandémie. J'ai dû transporter des bidons de diesel depuis la station-service la plus proche », a déclaré Dmitri.

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La traversée de l'océan Pacifique en solitaire n'est pas non plus une activité habituelle des vacances d'été. De nombreux dangers attendent le marin en chemin. « Il y avait des risques de tomber par-dessus bord, de tomber très malade ou d'être blessé, et alors personne ne pourrait venir en aide. C'est aussi un peu plus difficile [de naviguer seul]. Il faut être sur le qui-vive tout le temps, dormir par à-coups. [J’aurais pu] m'épuiser et faire des erreurs », a relaté Dmitri.

Pourtant, Dmitri pensait qu'il serait plus facile pour lui de survivre seul, notamment s’il y avait une urgence et qu'il devait survivre sur un radeau de sauvetage. « On ne sait jamais comment l'autre personne va se comporter dans une situation critique, la panique peut commencer. Être seul est plus facile à cet égard, puisque vous n'êtes responsable que de vous-même. Survivre dans une situation critique est encore plus difficile s'il y a des femmes et des enfants à bord », souligne-t-il.

Heureusement pour Dmitri, il a pu éviter des situations d'urgence majeures. Physiquement et mentalement, il était prêt à traverser l'océan. « Vous devez être en bonne forme physique. Le corps ne doit pas être affaibli et surtout le système immunitaire. Après tout, il est très dangereux de tomber malade dans l'océan sans aucune aide médicale. Il est également préférable de ne pas avoir de maladies chroniques, car dans des situations stressantes, elles peuvent s'aggraver », rappelle-t-il.

La pandémie de Covid-19 a prolongé le voyage de Dmitri, mais à part cela, tout s'est relativement bien passé. Le 21 décembre 2020, – cinq mois après son départ de la Martinique – Dmitri est entré dans un port de Nouvelle-Zélande où son fils et son ex-femme l'attendaient.

« Mon fils était très heureux [de me voir]. Je lui ai certainement beaucoup manqué et maintenant il ne descend pratiquement plus du bateau. Actuellement, nous vivons sur le bateau [ensemble] », décrit-il.

Le voyage à travers l'océan Pacifique a été la première expérience de cette ampleur pour Dmitri, mais il affirme que ce ne sera pas la dernière : « J'ai beaucoup aimé et je le ferai probablement plus d'une fois [à l'avenir]. Je veux traverser l'Atlantique ».

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