Une farce. C’est ce à quoi Alexandre Rezanov a cru avoir affaire en recevant un appel le conviant à contribuer à la restauration de la célèbre cathédrale parisienne, victime des flammes en avril, narre l’agence de presse TASS. Décidant de recontacter ceux qui s’étaient annoncés comme des représentants de l’UNESCO par le biais du numéro officiel, cette inattendue invitation lui sera toutefois confirmée.
« Des restaurateurs comme moi, il y en a plein dans le monde. C’est tout de même étonnant que c’est précisément à moi qu’ils aient téléphoné », témoigne-t-il, encore abasourdi.
Originaire du district autonome de Khanty-Mansiïsk, en Sibérie, il apparaît pourtant à 65 ans comme un sculpteur de talent, comptant à son actif des réalisations aussi multiples que louées. Ancien mécanicien dans l’aviation, cela fait en réalité pas moins de 40 années qu’il travaille le bois et le métal.
« Ma passion, ce sont les bancs. J’aime les faire en bois de différentes formes. Combien j’en ai fait et distribué, impossible d’en faire le compte. L’une de mes œuvres les plus célèbres est un banc en forme de carabine de biathlon. Je l’ai offert à Marie Dorin-Habert [biathlète française], lors de sa participation à l’une des étapes de la Coupe du monde de biathlon, qui s’est déroulée à Khanty-Mansiïsk », confie-t-il, précisant avoir par la suite réalisé deux autres bancs similaires pour les parents de la sportive.
Il est également l’auteur de plusieurs trônes, imaginés à l’occasion de divers événements, tels que cette même compétition ou les Olympiade d'échecs, organisées dans la ville en 2010. Des œuvres remarquées puisqu’y ont pris place de nombreuses personnalités, à l’instar de Vladimir Poutine, Dmitri Medvedev, Garry Kasparov et Anatoli Karpov, tandis que les membres de l’équipe féminine française de biathlon y ont laissé la trace de leurs lèvres.
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L’atelier d’Alexandre n’est en outre pas étranger aux œuvres religieuses, puisque suite à un voyage au Vatican, dans le cadre duquel l’artiste a pu admirer le Christ crucifié, sculpté par Léonard de Vinci, il s’est lui-même lancé dans la réalisation de sa propre version, qu’il peaufine depuis maintenant trois ans et envisage d’expédier en Syrie, pour orner l’un des lieux de culte détruits par le conflit.
Malgré cette spécialisation, les détails de sa mission dans la capitale française restent à définir, bien que l’UNESCO lui ait d’ores et déjà demandé s’il lui serait possible de se procurer 10 mètres cubes de mélèze, une simple formalité lorsque l’on sait que dans la seule région de Khanty-Mansiïsk en poussent quelque 900 000m3. À noter que l’espèce sibérienne de cet arbre se distingue selon lui par sa robustesse et sa résistance à la putréfaction, et a d’ailleurs été utilisée pour la construction de Venise et Saint-Pétersbourg, cités érigées dans des milieux on ne peut plus humides.
En ce qui concerne le coût d’une telle commande, le spécialiste se montre également rassurant.
« Le prix de marché du mètre cube est de 9 000 roubles [125 euros]. Pour dix mètres cubes on est donc à environ 90 000 roubles [1 250 euros]. La livraison reviendra à approximativement trois fois plus cher, soit près de 270 000 roubles [3 750 euros]. Pour la restauration d’une cathédrale, c’est bon marché et de bonne qualité », soutient-il.
Son départ pour Paris est ainsi prévu pour octobre-novembre prochains, après quoi lui seront durant deux semaines dispensés des cours de français afin de faciliter son séjour, qui devrait quant à lui s’étaler sur six mois.
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