« Si j’étais une femme en Russie je serais lesbienne, avait-il en effet déclaré en 2010 au quotidien français Métro suite à une visite au pays des tsars. Il existe quelques raretés comme le petit ami de Naomi Campbell [à l’époque l’homme d’affaires Vladislav Doronine], mais là-bas, vous voyez les plus belles femmes du monde et les hommes les plus affreux ».
En tant que photographe, Lagerfeld avait par ailleurs collaboré avec la version russe du magazine Vogue. L’ancienne rédactrice en chef de cette dernière, Aliona Doletskaïa, a d’ailleurs consacré un chapitre entier de ses mémoires au couturier. Tous deux étaient en réalité très proches, une relation née d’un incident, puisque Doletskaïa lui avait accordé une accolade spontanée, ignorant un fait pourtant connu de tous : Lagerfeld avait en horreur les contacts physiques.
Suite à l’annonce de son décès, Aliona a honoré la mémoire de l’artiste lors d’une interview pour la station de radio Govorit Moskva, affirmant qu’il était de toute évidence l’une des plus importantes figures de l’industrie de la mode, en plus d’être une personne extraordinaire. « Je devrais dire qu’il n’y a personne comme lui dans le monde de la mode juste pour ses bonnes manières, son éducation et la structure de son esprit. Il était un homme très généreux », a-t-elle confié.
En 2009, Lagerfeld avait en outre assisté en personne au défilé de Chanel Paris-Moscou, s’étant tenu dans l’un des théâtres moscovites. Cette collection avait alors eu pour but de refléter le faste de la Russie impériale, tout en mettant en valeur, notamment, des symboles ethniques et nationaux, la couleur rouge révolutionnaire ainsi que l’esthétique bolchévique.
Trois ans plus tard, le designer s’était à nouveau rendu dans la capitale russe afin de présenter le calendrier Pirelli-2011, dont il avait réalisé les photographies. Il n’appréciait cependant que peu Moscou en raison de ses chauffards et de ses interminables embouteillages. Néanmoins, il avait déclaré qu’il s’agissait d’une ville paraissant plus agréable en hiver et qu’il ne se sentait pas étranger en Russie, contrairement à la Chine ou au Japon. « Les mêmes magasins qu’à Paris, et si l’on oublie le Kremlin, l’architecture est la même aussi. Et comme on le sait depuis l’époque napoléonienne, Moscou n’est pas si loin », avait-il avancé dans une entrevue pour Vogue Russie en 2011.
Dans cet autre article, nous nous intéressons à l’histoire d’Oleg Cassini, Parisien d’origine russe qui habillait les stars hollywoodiennes.