De l’égalité au matriarcat: cinq modèles typiques de familles russes

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Comment les Russes se marient-ils, partagent-ils les tâches ménagères et gèrent-ils le budget familial? Gros plan sur les mœurs des couples de Russie à travers l’expérience de cinq d’entre eux.

Égalité: Lioubov et Anatoli (Perm)

Lioubov, 42 ans, est comptable. Son mari est un chauffeur de bus de 50 ans. Tous deux travaillent, partagent les tâches ménagères et ont un budget commun. C’est toutefois Lioubov qui contrôle ce dernier, mais pour la raison suivante : « Diplômée en économie, je comprends mieux les finances. Tolia (diminutif d’Anatoli) se focalise sur la gestion de la maison : il veille à ce que les appareils marchent, s’occupe du jardin. Pour moi, le travail physique étant difficile, je n’interviens pas dans ce domaine. En outre, il achète l’eau et sort les poubelles, pendant que je cuisine et fais la lessive ».

Les deux ont de l’argent de poche qu’ils dépensent en fonction de leurs besoins personnels. Par exemple, chacun a ses préférences en matière de loisirs. Ainsi, Lioubov aime se retrouver entre amies au café, tandis que la journée de repos idéale d’Anatoli est impensable sans la forêt et la rivière, étant passionné par la pêche. Pour eux, passer leur temps libre séparément ne pose aucun problème.

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« Un tel modèle aide à préserver aussi bien les nerfs que l’argent. Chacun sait ce qu’il a à faire », sont-ils persuadés. Et ce modèle de famille fonctionne bien pour les personnes qui ont de l’expérience et apprécient un certain espace personnel.

Matriarcat: Artiom et Aliona (Moscou)

Il y a quelques années, ils travaillaient tous les deux au théâtre. Aujourd’hui, Artiom a 37 ans et il apparaît comme un père pour ses enfants et un mari attentionné pour Aliona, qui a 8 ans de moins que lui.

« Aliona a commencé à recevoir d'excellentes offres d'emploi de la part de chaînes de télévision et de réalisateurs et j'ai décidé de prendre du recul et de passer plus de temps à la maison. Aliona peut compter sur moi, ce qui ne veut pas dire que nous avons construit un mur de béton pour séparer nos responsabilités. Moi aussi je travaille dans l'industrie cinématographique et Aliona s'occupe des enfants quand c'est nécessaire », nous explique-t-il.

Si leur situation change, Aliona et Artiom sont sûrs qu'ils pourront facilement redistribuer les tâches. Mais pour le moment, tant que le modèle actuel fonctionne de manière efficace, ils ne veulent pas le basculer artificiellement. Bien que ce mode de vie ne soit pas très répandu en Russie, ce couple vit heureux et donne un bon exemple de la famille traditionnelle « à l'envers ».

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Soviétique: Irina et Sergueï (Krasnodar)

Ce couple réside dans la ville ensoleillée de Krasnodar. Sergueï a 37 ans et travaille comme assembleur de meubles. Irina a 4 ans de plus que lui. Ils se sont rencontrés il y a 11 années, alors qu’elle était comédienne dans une ville de l'Oural. À cette époque-là, elle passait tout son temps sur scène et Sergueï l'a aidée à réaliser ses grandes ambitions.

Ils ont déménagé dans le Sud du pays il y a un an et maintenant Irina est road manager (personne en charge des tournées musicales). Elle a des horaires de travail flexibles et ne voit aucun mal dans le fait qu’elle travaille tout en assumant l’ensemble des tâches ménagères.

« Ce n'est pas gênant ou désagréable du tout. Je ne passe pas beaucoup de temps à cuisiner ou à laver les planchers. C'est facile. Sergueï fait du travail physique et je réalise que c'est dur. Donc je ne lui demande jamais de faire le ménage. Quant à lui, il ne s'attend pas à ce que je lui serve des plats dignes d’un restaurant, il sait que moi aussi je suis occupée par mon travail », dit-elle.

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Ils n’y voient aucun inconvénient et ne veulent rien changer, mais Irina prévient que ce modèle ne marche que pour les couples où la femme a un emploi du temps flexible ou travaille à temps partiel.

Patriarcat: Margarita et Andreï (Saint-Pétersbourg)

Bien que ce jeune couple soit originaire de Saint-Pétersbourg, ville considérée comme progressiste, il a opté pour le modèle de famille traditionnel. Margarita a 20 ans et Andreï en a 22. Fonctionnaire au service gouvernemental, il est le principal nourricier du foyer. Margo s'occupe de leur bébé et fait le ménage. Elle apprécie son mari, lui obéit et accepte son mode de vie.

« La naissance de notre enfant a changé ma vie. C’est Andreï qui gagne notre vie et ce n'est pas un problème. Cette situation est plus que typique pour la Russie. Le plus grand avantage d'un tel modèle est que je peux passer du temps avec notre enfant et lui donner autant d'amour que possible. M’occuper du ménage pour moi n’a jamais été un défi », se confie Margarita.

Elle avoue tout de même qu’à l’avenir elle aimerait changer un peu ce modèle et trouver un travail à domicile. « Au début, j’ai voulu être une femme traditionnelle, mais maintenant je commence à m’ennuyer. Mon mari est intéressé à apprendre toujours quelque chose de nouveau. Je veux être comme lui. Mon travail devrait être plutôt un passe-temps qu'une source de revenus ».

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Budget séparé: Elena et Sergueï (Berezniki)

Voici Elena, ingénieure de 28 ans, et son mari Sergueï, qui travaille comme contrôleur d'instruments. Pour la province russe, où il vit, ce couple est plutôt un exemple de famille progressiste, puisque tous deux disposent d’un budget séparé. Les deux travaillent à plein temps et partagent les tâches ménagères. Elena est très fière que l’idée d’adopter ce modèle soit son initiative à elle. Et si Sergueï a résisté au début, il reconnait aujourd’hui sa commodité.

« Nous ne nous querellerons jamais au sujet de l'argent, personne n’étant obligé de faire le compte rendu de ses dépenses », explique le couple, jugeant que ce modèle aide à se discipliner.

Elena ajoute que le respect mutuel est un autre atout : « Sergueï peut nous acheter quelque chose pour nous ou nos enfants parce qu'il veut nous faire plaisir et non pas parce qu’il est obligé de le faire. Il sait que je peux facilement gagner ma vie. Et je suis sûre qu'il le peut aussi. Nous nous estimons mutuellement comme des personnes indépendantes ».

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Néanmoins, en tant que femme, elle mentionne deux détails inconfortables : « Le premier est le congé de maternité. Mais nous en avons discuté encore pendant ma grossesse et j'ai fait des économies. La seconde est le malentendu entre moi et les autres filles qui pensent que l’homme est une vache à lait et me traitent de psychopathe ».

Ils préviennent en outre que ce modèle est inapplicable en cas de fortes disparités de revenus au sein du foyer.

Dans cette vidéo signée Russia Beyond, découvrez le portrait de couples mixtes, entre un(e) Russe et un(e) étranger(e) ainsi que leur témoignage.

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