Suivez Russia Beyond sur Telegram ! Pour recevoir nos articles directement sur votre appareil mobile, abonnez-vous gratuitement sur https://t.me/russiabeyond_fr
En 1729, Vitus Jonassen Bering (1681-1741), navigateur danois au service de la couronne russe, confirma la découverte qu’avait faite Simon Dejniov (mort en 1673) en 1648 de l’existence d’une mer baignant la côte du Nord-Est de la Sibérie. En 1741, il s’y engagea et atteignit la région qui serait plus tard appelée Alaska. Des explorateurs russes partirent ensuite à la conquête du nord-ouest du continent américain. Peu accueillante au premier abord, cette région constituait une réserve importante d’animaux à fourrure.
Сhasse à la loutre de mer
Si la faune de cette région était riche et variée, la loutre de mer (Enhydra lutris) était le gibier qui ferait la fortune des pionniers russes. En raison de sa fourrure particulièrement dense, ils l’avaient surnommée le « castor des mers ».
Dans les premières années qui suivirent la découverte du passage maritime qui porte aujourd’hui le nom de détroit de Bering, les chasseurs russes ne s’établirent pas de manière permanente ni sur les îles Aléoutiennes, ni en Alaska. Ils s’y construisaient des campements temporaires ou s’installaient parmi les tribus aléoutes et alutiit , qui maîtrisaient l’art de la chasse aux loutres.
Les relations entre autochtones et russes se dégradèrent rapidement. En 1763, sur l’archipel aujourd’hui connu comme celui des îles Fox, les trappeurs russes massacrèrent la population locale.
S’ensuivirent plusieurs années de conflit au cours duquel les Russes perdirent quatre navires et plus d’une centaine d’hommes. Plusieurs milliers d’Aléoutes furent tués.
Le premier comptoir russe permanent sur l’archipel des îles Aléoutiennes fut ouvert en 1772 sur celle d’Unalaska. Ces établissements se multiplièrent ensuite rapidement. La région devint alors le théâtre d’une lutte sans merci entre les marchands pour la chasse aux animaux et le commerce de leurs fourrures.
Compagnie Russo-Américaine
Longtemps, la couronne ne se mêla pas des affaires de ces marchands. Mais, le passage en 1778 près de l’archipel des îles Aléoutiennes de la flottille du capitaine James Cook (1728-1779) obligea le pouvoir à s’intéresser à cette région si éloignée de Saint-Pétersbourg.
À la fin du XVIIIe siècle, les autorités décidèrent de mettre fin aux guerres commerciales en Alaska. En 1797, le Collège du Commerce présenta à Paul Ier (1754-1801) un rapport intitulé « Du caractère préjudiciable du nombre important des compagnies en Amérique ».
Deux ans plus tard, l’empereur signa le décret de création de la Compagnie russo-américaine qui établissait le monopole de l’État sur la chasse aux animaux et le commerce de leurs fourrures dans le nord-ouest du continent américain.
Cette compagnie fut l’instrument de la colonisation russe de l’Alaska et des îles environnantes. Son premier gouverneur, Alexandre Baranov (1747-1819) était également le représentant de la Russie en Amérique du Nord.
Fort Ross
Les possessions de l’Empire russe sur la côte Pacifique de l’Amérique du Nord continuèrent s’étendre en dépit de la résistance fréquente des populations autochtones. Durant la première moitié du XIXe siècle, plusieurs conflits armés opposèrent Russes et Indiens Tlingits.
Les Russes poursuivirent leur découverte de la côte Pacifique vers le sud. En 1812, à quatre-vingts kilomètres au nord-ouest de la colonie espagnole de San Francisco, ils fondèrent Fort Ross. Les Espagnols firent valoir leurs prétentions sur ces territoires, mais les armes ne parlèrent pas.
L’entretien de ce fort coûtait bien plus cher que ce que la région ne rapportait à l’État russe. « Le sud n’est pas particulièrement rentable », écrivait en 1818 Ludwig von Hagemeister, gouverneur de l’Amérique russe. « À Ross, il n’y a ni castors, les fruits de la pêche sont maigres .... »
Crépuscule de l’Amérique russe
À partir des années 1820, les possessions russes sur le continent américain se trouvèrent sous la pression croissante des États-Unis au sud et de l’Empire britannique au nord-est. Si la poursuite de l’expansion vers le sud n’était pas envisagée, la colonisation de l’Alaska était très difficile à mettre en œuvre.
Le nombre de colons était en effet catastrophiquement bas : « La population totale de nos établissements ne dépasse pas les deux mille habitants, dont cinq cents russes. Les villages sont éloignés les uns des autres par plusieurs milliers de verstes », rapportait en 1824 l’administration de l’Amérique russe au ministre des Finances Egor Kankrine (1774-1829).
En 1839, la Compagnie russo-américaine demanda au ministère des Finances l’autorisation d’abandonner la colonie russe de Californie qui était devenue un véritable fardeau. Deux ans plus tard, elle fut acquise par le propriétaire terrien John Sutter.
En 1867, l’Empire russe céda aux États-Unis pour sept millions deux cent mille dollars l’Alaska et les îles Aléoutiennes. La faiblesse des revenus générés par rapport aux dépenses à consentir pour entretenir les établissements russes, l’impossibilité de défendre ces régions en cas de conflit majeur avec les États-Unis ou l’Empire britannique, l’échec de « l’implantation durable d’éléments russes » et la nécessité de remplir les caisses de l’État furent les principales raisons de cette vente.
La Russie a-t-elle réellement été payée pour la vente de l'Alaska ? Trouvez la réponse dans cette autre publication.