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Pendant la guerre contre l’Allemagne et ses alliés, l’Armée rouge a compté une centaine d’as de char d’assaut (ou, comme on les appelle aussi, de maîtres du combat de chars), qui ont détruit plus de dix chars et canons automoteurs ennemis.
Bien entendu, la plupart d’entre eux se sont vu décerner le titre prestigieux de Héros de l’Union soviétique. Il est donc d’autant plus surprenant que l’as de char soviétique le plus efficace ait attendu près d’un demi-siècle avant d’être ainsi récompensé.
En seulement deux mois et demi de combat, l’équipage du T-34 du lieutenant principal Dmitri Lavrinenko a détruit 52 chars et canons automoteurs ennemis. Aucun de ses collègues n’a réussi à faire preuve d’une telle efficacité au cours des quatre années de guerre.
À l’école de char, Lavrinenko avait été un excellent tireur avec tous les types d’armes, ce qui lui avait valu le surnom d’« Œil de sniper ». Ses qualités exceptionnelles de tir ont été largement démontrées lors des combats réels : les commandants des T-34-76 remplissaient également les fonctions de pointeur (artilleur pointant le canon).
En outre, l’as de char s’est révélé être un excellent tacticien. Il voyait bien l’ensemble du champ de bataille, choisissait correctement le lieu de l’embuscade et le moment de l’attaque.
À l’automne et à l’hiver 1941, en tant que commandant d’un peloton de chars de la première brigade de chars de la garde, Lavrinenko a combattu dans la direction de Moscou. Dans presque chaque bataille, son véhicule de combat a détruit au moins trois ou quatre chars ennemis, et parfois bien plus.
Le maréchal des forces blindées Mikhaïl Katoukov, alors commandant de la brigade, a décrit en ces mots l’embuscade organisée par le tankiste près du village de Vyssokinitchi : « Après avoir laissé les nazis s’approcher à 150 mètres, Lavrinenko a tiré sur la colonne à bout portant. Deux canons ont été immédiatement touchés, les artilleurs ennemis ont tenté de faire tourner le troisième, mais le char a surgi sur la route et a embouti des camions d’infanterie, puis a écrasé le canon. Les hitlériens survivants se sont dispersés ».
Le tankiste le plus efficace de l’Armée rouge est mort le 18 décembre 1941 près de Volokolamsk, mortellement blessé par des éclats d’obus lors d’une attaque au mortier alors qu’il était en route pour faire son rapport à son commandant.
« Lorsque j’ai appris la mort de Lavrinenko, mes yeux se sont assombris, a confié Katoukov. Lavrinenko et la mort – ces deux concepts ne s’accordaient pas dans ma conscience. Lavrinenko semblait invulnérable : de combien de combats était-il sorti victorieux ! ».
Malgré tous les efforts de Katoukov, le titre de Héros de l’Union soviétique a longtemps été refusé à l’as légendaire – les dirigeants ne croyaient pas qu’il avait été capable de détruire cinquante chars et canons automoteurs allemands en si peu de temps, sans compter les effectifs et les autres véhicules blindés de l’ennemi.
Dmitri Lavrinenko n’a été décoré à titre posthume que le 5 mai 1990.
L’as de char Vladimir Botchkovski a détruit 36 tanks ennemis. Il a lui-même été brûlé cinq fois dans son char, a été gravement blessé à plusieurs reprises, mais a finalement survécu jusqu’à la victoire.
Botchkovski, diplômé de l’école de chars de Kharkov, est arrivé au front au printemps 1942. À l’automne, il a été enrôlé dans la première brigade de chars de la garde du général Katoukov, dans laquelle Lavrinenko avait auparavant combattu.
Avec cette brigade, l’as de char a combattu à Rjev et à Koursk, et a libéré l’Ukraine et la Pologne. Pendant la guerre, Vladimir est devenu capitaine de la garde et commandant d’un bataillon de chars.
Ce dernier a souvent fait office de détachement avancé de la brigade ou effectué des raids de chars rapides à l’arrière de l’ennemi, où il détruisait les quartiers généraux, les entrepôts, les aérodromes et les centres de communication allemands.
Au printemps 1944, lors de l’un de ces raids, les T-34 de Botchkovski ont pénétré dans la ville de Tchortkov, en Ukraine occidentale, et l’ont tenue avec succès jusqu’à l’approche des forces principales. Pour cet exploit, le commandant s’est vu décerner le titre de Héros de l’Union soviétique.
En outre, pendant le raid dans la ville de Kolomyia, le bataillon s’est rendu à la gare, où il a commencé à tirer sur des convois chargés d’équipements et de marchandises ennemis. Lorsqu’une locomotive à vapeur a tenté de quitter la zone de combat, l’un des chars soviétiques l’a même fait dérailler.
En avril 1945, lors de la bataille pour les hauteurs de Seelow, le capitaine de la garde a reçu sa dernière et plus grave blessure. Son ami et correspondant de guerre Iouri Joukov a décrit ce moment comme suit : « Botchkovski sort du char pour une minute dans le feu de l’action, s’arrêtant à un arbre pour mieux s’orienter sur le terrain. Et voilà que, précisément à ce moment, un obus ennemi éclate au-dessus du tank, le mettant hors d’état de nuire, et au même instant, Botchkovski ressent un coup violent dans l’estomac. Le sang gigle… ».
Vladimir a été sauvé, mais la guerre s’est arrêtée là pour lui : il n’est sorti de l’hôpital qu’en novembre 1945. Botchkovski a toutefois décidé de rester dans les forces armées et est ultérieurement devenu lieutenant général des troupes de chars d’assaut.
Ivan Korolkov, maître du combat de chars, a eu une carrière militaire étonnante. Il a commencé le conflit en tant que simple mécanicien-chauffeur et a accueilli la victoire avec le grade de major de la garde et de commandant d’un régiment de chars d’assaut.
Korolkov a servi dans l’Armée rouge à partir de 1937 et a combattu les Allemands dès les premiers jours de leur invasion de l’URSS. Le 5 septembre 1941, il a transporté un char lourd KV-1 qui avait pris feu à cause d’un obus ennemi jusqu’à l’emplacement de ses troupes, ce qui lui a valu l’ordre de l’Étoile rouge.
Au début du mois de juin 1942, le commandement a pris une décision extraordinaire et a promu l’adjudant-chef Korolkov au rang de lieutenant, en tenant compte de ses mérites et de sa grande expérience au sein de l’Armée rouge. Il s’est alors vu confier un peloton de chars KV-1, puis une compagnie de chars.
Le 10 juin de la même année, lors de la bataille à proximité du village de Tatianovka, près de Kharkov, le char d’Ivan a détruit huit tanks, sept canons d’artillerie et jusqu’à deux cents soldats ennemis. Korolkov a par conséquent été décoré de l’ordre de Lénine, soulignant qu’il s’était révélé un commandant courageux, résolu et habile.
Le 8 février 1943, il a ensuite reçu le titre de Héros de l’Union soviétique « pour l’accomplissement exemplaire des missions de combat du commandement au front de la lutte contre les envahisseurs nazis et pour son courage et son héroïsme ».
« Lors de la défense de la ville de Stalingrad, il a mobilisé, par son exemple individuel, le personnel des équipages de chars pour vaincre l’ennemi. Le 18 septembre 1942, sous le couvert des tirs d’artillerie et des bombardements aériens, l’ennemi est passé à l’offensive. Notre infanterie a commencé à se replier, il a jailli de son char, l’a rassemblée, l’a encouragée avec la parole bolchévique et l’a menée vers la défaite de l’ennemi. Au cours de cette bataille, il a été gravement blessé, mais il a continué à commander sa compagnie », indique sa fiche de récompenses.
Au cours de l’été 1943, Korolkov s’est vu confier un bataillon de chars, avec lequel il a participé à la bataille de Koursk. Après avoir obtenu son diplôme de l’École supérieure des officiers blindés de Leningrad en décembre 1944, il s’est ensuite retrouvé à la tête du commandement d’un régiment de chars.
Le major de la garde Ivan Korolkov a combattu jusqu’à Berlin. Le nombre de chars et de canons automoteurs allemands qu’il a détruits s’élève à 34 unités. En 1946, l’as de char s’est retiré de l’armée soviétique et est retourné dans sa région natale de Koursk pour travailler dans l’agriculture.
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