Que devinrent ceux que Pierre le Grand avait envoyés étudier à l’étranger? 

Histoire
ANNA POPOVA
Pierre Ier voyagea lui-même à l’étranger où il suivit des apprentissages auprès de nombreux corps de métier. Il y envoya environ un millier de ses sujets étudier les arts et les sciences, apprendre des métiers divers et variés. En Europe, ils se formèrent dans les domaines de la construction navale, de l’art des fortifications, de l’astronomie et d’autres sciences, de la peinture.  

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De domestique à contre-amiral

Lorsqu’il avait une idée en tête, Pierre Ier (1672-1725) n’admettait pas qu’elle ne soit pas réalisée. Par exemple, il décida la création d’écoles où les élèves apprenaient à lire et à écrire. On leur enseignait aussi la géométrie et l’arithmétique. Un jeune homme qui n’avait pas terminé l’école ne pouvait pas se marier.

En 1696, le tsar prit un décret concernant les études à l’étranger. Il envoya des représentants des familles Chakhovkoï, Dolgorouki, Golitsyne, Kourakine, Troubetskoï et Volkovski acquérir des connaissances nouvelles en Angleterre, aux Provinces-Unies et en Italie.

Pierre le Grand accorda aussi cette possibilité à certains de ses proches. Parmi eux, son valet de chambre Alexandre Menchikov, qui étudia la construction navale aux chantiers d’Amsterdam, et le comte Pierre Tolstoï (1645-1729) qui, à l’âge avancé pour l’époque de cinquante-deux ans, se porta volontaire pour devenir étudiant. Le tsar le délégua à Venise où il apprit plusieurs années durant la navigation. Il rentra en Russie avec la qualification de quartier-maître. En 1721, Pierre Tolstoï devint le premier ambassadeur-résident russe à Istanbul.  

A la différence de Pierre Tolstoï, les nobles ayant atteint un certain âge n’avaient pas tous, loin de là, la soif des études. Cela conduisit à des situations parfois cocasses. Par exemple, un certain Maxime Spafariev, envoyé aux Provinces-Unies apprendre l’art de la navigation, refusa de s’acquitter de ses obligations. Il força son serviteur kalmouke à se former à sa place. Celui-ci s’avéra un élève appliqué qui allait en mer à la place de son maître. Tout se passa bien jusqu’au jour de l’examen que Pierre Ier faisait passer lui-même. La supercherie fut alors découverte. Le tsar envoya le paresseux servir comme matelot et son serviteur kalmouke, étudier en Angleterre.

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Denis Kalmykov (son nom de famille fut choisi par Pierre Ier) traduisit en russe le règlement maritime anglais , dirigea la formation des gardes-marine, inventa un système de signaux de communication entre navires par drapeaux, fut le commandant en chef du port de Kronstadt et termina sa carrière avec le rang de contre-amiral.        

Gardes-marine, en avant !*

Pierre le Grand accordait une très grande importance à la marine. Ceux qui voulaient rester à terre étaient sévèrement punis. Ceux qui pensaient que le tsar n’avait pas à charpenter évitèrent la mort grâce à l’intervention de membres de la cour des Provinces-Unies. En revanche, les élèves studieux pouvaient faire carrière. Par exemple, Ivan Neplouiev, qui avait fait l’Académie maritime de Pétersbourg, fut envoyé à Revel, puis à Venise et Cadix. Il participa à la Septième guerre vénéto-ottomane (1714-1718), fut commandant des navires construits à Pétersbourg. Plus tard, il fonda les forteresses autour desquelles se développèrent Orenbourg et Magnitogorsk.

Le premier parmi les peintres

Pierre le Grand n’envoya pas ses sujets en Europe uniquement étudier les sciences exactes ou devenir artisans. Il voulait aussi qu’ils cherchent un nouveau langage artistique. L’un des peintres les plus célèbres de son temps fut Andreï Matveïev. Il fut apprenti aux Provinces-Unies auprès d’Arnold van Boonen, puis étudia à l’Académie des Beaux-Arts d’Anvers. Rentré en Russie en 1727, il fut affecté comme dessinateur à la Chancellerie de la construction urbaine. Il fut le premier portraitiste russe et le premier à vouloir décorer l’intérieur des églises non de fresques mais de tableaux. Pour l’église Saint-Pierre-et-Paul, dans la forteresse, il réalisa les toiles L’Incrédulité de saint Thomas, L’Agonie de Jésus-Christ au Jardin des Oliviers, La Cène et L’Ascension.

Un médecin diplômé

Les Russes commissionnés par Pierre le Grand à l’étranger y étudiaient également l’économie, la médecine et d’autres sciences. Ainsi, Piotr Postnikov, qui avait terminé l’Académie Slavo-Gréco-Latine, étudia la médecine à Padoue. Il fut le premier médecin russe à obtenir un diplôme. À son retour en Russie, il fut rattaché au Bureau de l’Apothicairerie (Аптекарский приказ/Aptiékarski prikaz). Il reste connu pour avoir été le premier traducteur du Coran en russe.

Iakov Evréinov fut envoyé par Pierre Ier aux Provinces-Unies avec le titre de consul pour y étudier le commerce. De retour en Russie, il devint conseiller au Collège des Manufactures chargé du développement de l’industrie. Il fut ensuite nommé à la tête du Collège du Commerce.

*Titre d’une série télévisée soviétique célèbre (1987)

Dans cette autre publication, découvrez dix peintures contemporaines consacrées à la vie de Pierre le Grand.

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