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Dans les campagnes russes, avant la révolution, la fête associée à la naissance d’une personne n’était pas la date de sa venue au monde, mais le jour de son baptême. Pour un paysan, c’était logique. La médecine était peu disponible et, pendant les premiers jours, on ne savait pas si le bébé allait survivre. Pour ne pas porter la poisse ou attirer les mauvais esprits, avant son baptême, les parents ne se pressaient donc pas d’annoncer à tout le monde la naissance de l’enfant.
Nouvelle connaissance
Kirill Lemokh/Musée RusseSi un bébé était manifestement « non viable », les parents s’empressaient d’envoyer chercher un prêtre. Une personne non baptisée, même si elle n’avait que quelques jours, ne pouvait en effet pas aller au paradis et harcèlerait ses parents après sa mort. La croyance était si forte qu’en cas d’indisponibilité du prêtre (longue distance, occupation, ou vie comptée en minutes), une accoucheuse traditionnelle pouvait baptiser le bébé elle-même, en inventant un prénom et en l’aspergeant d’eau bénite.
Si l’enfant était en bonne santé et fort, l’on pouvait attendre pour le baptiser, trouver un parrain et une marraine et préparer la fête. Les enfants en bonne santé étaient baptisés le troisième ou le huitième jour après la naissance.
Le Baptême
Akim KarneïevLorsqu’un enfant était baptisé, on lui donnait le nom d’un saint dont l’hommage tombait le jour de la cérémonie. Toutefois, si les parents n’aimaient pas ce prénom, ils pouvaient baptiser leur enfant du nom d’un saint « voisin ».
Le protodiacre chantant "Longue vie !" lors du jour de l'ange d'un marchand âgé
Nikolaï NevrevUn bébé baptisé était un poids en moins sur les épaules ! Le mari pouvait enfin offrir des cadeaux à sa femme et la famille pouvait féliciter les jeunes parents. L’enfant avait dorénavant un saint patron, un protecteur dans le monde spirituel, qu’il fallait honorer. Le jour du baptême, les enfants des nobles recevaient d’ailleurs une icône de leur saint patron.
Dans la Russie prérévolutionnaire, c’est le « jour de l’ange » (fête du prénom), et non l’anniversaire, qui était célébré chaque année. Ce jour-là, il était de coutume d’aller à l’église le matin. L’enfant dont c’était la fête était obligé de communier. Le soir, un dîner festif était organisé et les voisins étaient conviés à manger des tartes. La noblesse et les tsars avaient pour coutume, le jour de cette fête, d’envoyer des tartes et des petits pains en leur nom – la tradition voulait que le jour de l’ange, il faille manger des produits à base de farine et en offrir à ses proches.
Toutefois, cela ne concernait que les riches. Les paysans pauvres fêtaient rarement cet événement – il ne s’agissait pas d’une fête générale mais privée, ce qui signifiait que la personne concernée et la communauté n’étaient pas exemptés de travail ce jour-là.
Jour de l'ange d'un général-gouverneur
Leonid SolomatkineLes tsars russes ont été les premiers à célébrer les anniversaires. Fédor III a fêté son anniversaire pour la première fois le 30 mai (9 juin) 1676 – il avait 15 ans. Peu à peu, d’autres tsars ont commencé à fêter le leur. Pierre le Grand a ainsi fêté son anniversaire à plusieurs reprises, y compris à l’étranger.
Chez les autres couches de la population, la tradition de fêter les anniversaires n’est apparue qu’au XIXe siècle, d’abord chez les riches marchands et les nobles. Le fait qu’ils connaissaient en principe le jour de leur naissance n’est pas sans importance : contrairement aux paysans, ils savaient lire et écrire, et étaient capables de lire l’heure et la date à l’aide d’une horloge et d’un calendrier.
À la fin du XIXe siècle, les « jours de l’ange » du tsar, de la tsarine et de tous les membres de la famille impériale étaient célébrés au niveau de l’État et donnaient lieu à des actions de grâce dans toute la Russie. Cependant, avec l’arrivée au pouvoir des bolcheviks athées, la tradition s’est instantanément éteinte.
À la datcha chez les Repine
Iouri RepineDès lors, le jour de la naissance était désormais considéré comme la fête officielle de célébration de la venue au monde d’un individu. L’abolition de la religion n’était d’ailleurs pas la seule raison. Dans les premières années du régime soviétique, le gouvernement léniniste a commencé à développer activement l’infrastructure du pays, en organisant, entre autres, des bureaux d’état civil, des soins médicaux de masse et l’éradication de l’analphabétisme. Grâce à la combinaison de ces facteurs, les citoyens ont commencé à savoir exactement quand était leur anniversaire et à ne pas avoir peur de fêter celui de leurs enfants.
Dans une société industrielle en plein essor, la médecine périnatale était nécessaire, la santé des enfants n’était plus du ressort des accoucheuses et guérisseuses traditionnelles, mais de celui du personnel médical, de sorte qu’il ne fallait pas craindre les mauvais présages et les superstitions.
Dans cet autre article, nous vous expliquions comment vivaient les femmes célibataires en Russie tsariste.
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