Stalingrad: les flammes de l'enfer à travers les yeux des témoins

Emmanuil Evzerikhin/Wikipedia
Il y a 76 ans jour pour jour, le 2 février 1943, s'achevait la plus terrible bataille de l'histoire, celle de Stalingrad. Au début de la bataille pour la ville, les troupes soviétiques semblaient vouées à une défaite imminente, incapables de résister à l'assaut nazi. Cependant, l'Armée rouge a transformé cette tendance en une victoire qui a changé le cours de la guerre. Russia Beyond se penche sur ces événements traumatisants à travers les souvenirs de ceux qui les ont vécus.

Les Allemands ont lancé leur offensive sur la ville qui portait le nom du leader soviétique au milieu de juillet 1942. La chute de Stalingrad aurait donné à Hitler l'accès au pétrole si nécessaire du Caucase et de la Caspienne, ce qui aurait eu des conséquences stratégiques désastreuses pour l'URSS. La lutte pour la ville a commencé après un bombardement dévastateur le 23 août et a continué pendant deux mois, jusqu'à la contre-offensive de l'Armée rouge.

Bombardement de Stalingrad

« Bombardements aériens massifs. En deux heures, la ville est en ruines. La fumée, le manque d'air, la lueur des incendies... Tout brûle, même les briques. On tirait sur les avions ennemis même avec nos fusils. C'est l'enfer ici, l'enfer pur sur terre ! », écrit Marina Krasnykh, des régiments d'artillerie antiaérienne, dans son journal intime.

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« Les maisons brûlent. Les bâtiments, les palais de la culture, les écoles, les instituts, les théâtres et les différents bureaux s'effritent. La ville s'est transformée en enfer... Les bombes continuent de tomber du ciel obscurci par la fumée. La partie centrale de la ville est immergée dans un incendie gigantesque. À cause des températures élevées, des vents inhabituellement forts se sont levés, alimentant les flammes. Maintenant, il semble que tout est en feu : le ciel et tout l'espace d'un horizon à l’autre » : Alexeï Tchouïanov, le chef de l'organisation du parti à Stalingrad, décrit ce qu'il a vu pendant les heures du bombardement.

On pense que la température dans le centre du centre-ville a atteint 1 000 degrés Celsius. À l'époque, on estime que cela a constitué le plus grand bombardement de la Luftwaffe de la Seconde Guerre mondiale avec plus de 2 000 sorties. Stalingrad a été rasé au niveau du sol. Personne ne sait combien de résidents ont été tués, les estimations variant de 40 000 à 90 000. Les historiens disent que les Allemands visaient à rendre impossible la défense de la ville, à ruiner son potentiel industriel et à insuffler la peur à ses défenseurs.

Quelque chose de semblable a été réalisée par les alliés à Hambourg, Dresde et Tokyo. Mais contrairement à ces villes, Stalingrad réussit à continuer à résister.

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Maison de Pavlov

« Le 3 octobre, l'ennemi a commencé à attaquer notre immeuble. Il a essayé de le prendre à tout prix puisque le bâtiment était une clé menant à la rivière Volga à cet endroit. Chaque jour, nous avons dû résister à plusieurs attaques féroces. Pendant les deux mois de la défense de la maison, 24 personnes y ont pris part, mais à un moment donné il n'y avait pas plus de 15 personnes présentes. Et nous avons liquidé de nombreux hitlériens », écrit un des défenseurs du bâtiment, Ivan Afanassiev, décrivant leur épreuve.

Un des généraux commandants les forces soviétiques à Stalingrad, Vassili Tchouïkov, a plus tard souligné dans ses mémoires que les Allemands avaient perdu plus d'hommes en essayant d’occuper la maison de Pavlov que pour prendre Paris.

« Nous, une poignée de combattants, avons été pris sous les bombes par des avions fascistes, attaqués par des chars ennemis, impitoyablement bombardés par l'artillerie et les mortiers allemands. Les tirs des mitrailleuses et des fusils automatiques n'ont pas cessé pendant une seule minute. Nous manquions de munitions, de nourriture, d'eau. Il n'y avait pas d'air à cause des obus qui explosaient », s'est rappelé plus tard le sergent Yakov Pavlov, qui a donné son nom au bâtiment.

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On dit que sur les cartes appartenant au commandant des forces allemandes à Stalingrad, le maréchal Von Paulus, la maison de Pavlov était désignée comme une forteresse. Avant la guerre, la maison de Pavlov était un immeuble ordinaire de quatre étages qui devint un symbole de la résistance héroïque des soldats de l'Armée rouge à Stalingrad.

«Stalingrad c'est l'enfer»

« Je n'ai pas mangé depuis hier. Je n'ai bu que du café. Je suis absolument désespéré. Mon Dieu, combien de temps ça va durer? Les soldats blessés sont avec nous. Nous ne pouvons pas les évacuer. Nous sommes encerclés. Stalingrad c'est l'enfer. On fait bouillir la viande de chevaux morts. Il n'y a pas de sel. Beaucoup de gens ont contracté la dysenterie. Quelle vie atroce ! Quels sont les péchés que j'ai commis dans ma vie pour être puni de cette façon? Ici, dans cette cave, 30 personnes s’entassent. Il fait nuit à 2 heures. La nuit est longue. Est-ce que le jour viendra ? », a écrit un lance-caporal allemand inconnu dans son journal à la date du 10 décembre. Très probablement, l'auteur du journal n'a pas survécu. Ses notes ont été trouvées par les soldats soviétiques à la fin du mois de décembre ou au début du mois de janvier.

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Les troupes allemandes ne s'attendaient pas à la contre-offensive soviétique qui a commencé le 19 novembre. En conséquence, l'Armée rouge a réussi à encercler la 6e armée allemande et des unités de ses alliés. Plus de 90 000 soldats allemands ont été capturés. Au total, l'Allemagne et ses satellites ont perdu jusqu'à un million de soldats. La bataille de Stalingrad devint un tournant décisif dans la guerre contre l'Allemagne nazie.

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