Suivez Russia Beyond sur Telegram ! Pour recevoir nos articles directement sur votre appareil mobile, abonnez-vous gratuitement sur https://t.me/russiabeyond_fr
Le 8 septembre 1941, les troupes du groupe d’armées allemandes Nord ont pris la ville de Chlisselbourg sur les rives du lac Ladoga, refermant ainsi l’encerclement terrestre autour de Leningrad. Plus de 2,5 millions d’habitants et environ 500 000 soldats de l’Armée rouge étaient pris au piège.
La ville, bloquée par les troupes allemandes et finlandaises, n’était reliée au reste du pays que par une voie navigable passant par le lac Ladoga. C’est le long de cette « route de la vie » que de la nourriture et des munitions étaient envoyées vers Leningrad, et que la population en a été évacuée.
Cependant, ni la « route de la vie », subissant le feu constant de l’ennemi, ni l’aviation de transport soviétique ne pouvaient organiser un approvisionnement suffisant de cette grande métropole. Au cours de l’hiver 1941, une terrible famine s’est déclenchée à Leningrad : des gens s’évanouissaient d’épuisement sur leur lieu de travail, des cas de cannibalisme ont été enregistrés et les centaines de cadavres gisant à même les rues ont rapidement cessé de surprendre qui que ce soit.
>>> Comment l'Armée rouge a réussi à conserver Leningrad malgré le blocus
En 1941 et 1942, l’Armée rouge a tenté à plusieurs reprises de débloquer la ville, mais en raison d’une coordination insuffisante dans les actions des unités, du manque de personnel, de ressources et d’expérience au combat, ces tentatives se sont invariablement soldées par des échecs. Parallèlement, la pression constante des troupes soviétiques sur le groupe d’armées Nord n’a pas permis au commandement allemand de transférer les réserves déployées près de Leningrad vers d’autres secteurs du front.
Les habitants de la ville sur la Neva ont accueilli la nouvelle année 1943 dans des conditions bien meilleures que la précédente : des fermes avaient été organisées en banlieues non occupées, les rations de pain avaient augmentée, les transports avaient commencé à fonctionner partiellement et l’électricité était apparue dans les maisons pendant plusieurs heures par jour.
Néanmoins, Leningrad souffrait encore grandement du blocus. « Nous irons avec toi, Léningradois, à travers le froid et les combats, à travers le feu, la saleté, le sang, les gémissements et les grincements. Nous avons encore du pain sur la planche. Plus forte en est notre union fraternelle ! Préparez la frappe ! », a déclaré dans son discours du Nouvel An l’écrivain Vsevolod Vichnievski.
Effectivement, la frappe n’allait plus tarder. Après le succès grandiose des troupes soviétiques près de Stalingrad en novembre et un tournant dans la situation stratégique sur le front germano-soviétique, le quartier général du haut commandement suprême a décidé de mener l’opération offensive à grande échelle Iskra en janvier 1943 pour briser le blocus.
L’offensive devait être menée dans la zone du saillant Chlisselbourg-Siniavino : 15 km seulement séparaient les défenseurs de la ville du reste du pays. Selon le plan, les troupes du front de Leningrad, menées par le général Leonid Govorov, franchiraient l’encerclement de l’intérieur, tandis que les troupes du front de Volkhov du général Kirill Meretskov perceraient de l’extérieur en avançant à leur rencontre.
>>> Le terrible siège de Leningrad en sept faits méconnus
Les groupes de choc comptaient environ 300 000 personnes, tandis que les Allemands n’avaient que 60 000 hommes dans le saillant. De plus, les troupes soviétiques ont obtenu la supériorité sur l’ennemi dans le domaine de l’artillerie (six fois), des chars (dix fois) et es avions (deux fois).
Cependant, franchir ces 15 km n’avait rien d’une promenade de santé. Au cours des années de blocus, la Wehrmacht avait transformé le saillant en une puissante zone fortifiée avec de nombreux nœuds de défense, et le terrain marécageux impénétrable qui le précédait était parsemé de barbelés et de champs de mines très denses.
Pendant tout le mois de décembre, les troupes soviétiques se sont préparées activement pour l’opération Iskra (« étincelle » en russe). Dans les camps d’entraînement à l’arrière, les militaires des unités et sous-unités de choc prenaient d’assaut des « positions défensives allemandes » spécialement créées en ces lieux.
« Un sujet de préoccupation particulière était d’assurer la préparation secrète d’une percée, a rappelé le commandant adjoint du Front de Volkhov, le général Ivan Fediouninski. Le regroupement des troupes a été effectué exclusivement de nuit ou lorsque la météo ne permettait pas de voler. Pour la reconnaissance au combat et les recherches nocturnes, seules les sous-unités et les unités qui étaient au contact direct de l’ennemi étaient impliquées. Ces mesures ont joué un rôle. L’ennemi n’a réussi à déterminer que peu de temps avant le début de l’opération que nos troupes se préparaient à l’offensive ; mais même à ce moment-là, le commandant hitlérien a été incapable de déterminer le moment et la puissance de la frappe ».
Il était prévu d’allumer l’étincelle dès le premier jour de la nouvelle année 1943. Toutefois, en raison du dégel prolongé, l’opération a dû être légèrement reportée. Enfin, le 12 janvier au matin, toute la puissance de l’artillerie et de l’aviation soviétiques s’est abattue sur les positions ennemies. « Je ne peux toujours pas oublier les impressions liées au feu destructeur des canons russes, a déclaré le soldat allemand Wilhelm Lahmeyer. Quand je me souviens de ce vacarme infernal, des explosions d’obus et de mines, j’en frissonne encore et encore. »
Les troupes des deux fronts sont ensuite passées simultanément à l’offensive. Les unités basées à Leningrad ont franchi la Neva, qui était déjà gelée à ce moment-là, et ont commencé à déloger l’ennemi des municipalités de la zone. La mince couche de glace ne pouvait pas résister aux chars lourds et moyens, et les soldats devaient se contenter de T-60 légers, de T-26 et de véhicules blindés. L’un de ces T-60 a magistralement attiré sous le feu de l’artillerie soviétique deux chars lourds allemands dernier cri Panzerkampfwagen VI Tigre, qui ont été immédiatement détruits. Un autre « félin » enlisé dans la tourbe et abandonné par l’équipage a été rapidement capturé en parfait état de marche.
Lentement mais sûrement, les troupes du Front de Volkhov avançaient, poussant l’ennemi à engager des réserves transportées à la hâte dans la zone de combat. Le 14 janvier, des batailles acharnées se déroulaient déjà pour Chlisselbourg, et le 18 janvier au matin, un événement historique a eu lieu : des unités de la 2e Armée de choc du Front de Volkhov ont rencontré celles de la 67e armée du front de Leningrad, dans la région du Village d’ouvriers N°1.
« J’ai vu avec quelle joie les combattants des fronts qui avaient percé le blocus se précipitaient les uns vers les autres. Ignorant les bombardements d’artillerie de l’ennemi du côté des hauteurs de Siniavino, les soldats se donnaient de fraternelles accolades. Une joie bien méritée après de telles souffrances ! », a rappelé Gueorgui Joukov, qui se trouvait au poste d’observation du commandement de la 2e armée. Le commandant coordonnait les actions des deux fronts lors de l’opération Iskra.
Les troupes soviétiques ont tourné vers le sud dans l’intention de poursuivre l’offensive, mais elles ont finalement échoué et ont été contraintes de passer en défense. Cependant, une liaison terrestre directe avec la ville avait été rétablie. L’opération a coûté la vie à plus de 33 000 soldats de l’Armée rouge. Les Allemands ont perdu environ 12 000 hommes.
Dans un couloir de seulement 11 km de large, la construction d’une voie ferrée, connue sous le nom de « Route de la victoire », a immédiatement commencé. Dès le 7 février, le premier train chargé de nourriture est arrivé à Leningrad par cette artère de transport.
Il faudrait certes encore un an avant la levée complète du siège, mais la ville martyre pouvait enfin respirer enfin librement. « Le blocus a été brisé. Nous attendions ce jour depuis longtemps. Nous avons toujours cru que cela arriverait, a déclaré l’écrivaine Olga Berggoltz à la radio aux habitants de la ville : Nous étions noircis et gonflés de faim, nos pieds affaiblis flanchaient dans les rues tourmentées par l’ennemi, et seule la foi dans le fait que le jour de la libération viendrait parvenait à nous soutenir. Et chacun de nous, regardant la mort en face, travaillait au nom de la défense, au nom de la vie de notre ville ; chacun savait que le jour du jugement viendrait, que notre armée briserait cet atroce blocus ».
Dans cette autre publication, découvrez quinze peintures déchirantes du siège de Leningrad.
Chers lecteurs,
Notre site web et nos comptes sur les réseaux sociaux sont menacés de restriction ou d'interdiction, en raison des circonstances actuelles. Par conséquent, afin de rester informés de nos derniers contenus, il vous est possible de :
- Vous abonner à notre canal Telegram
- Vous abonner à notre newsletter hebdomadaire par courriel
- Activer les notifications sur notre site web