Le terrible siège de Leningrad en sept faits méconnus

Global Look Press
Le 27 janvier 2020 marque les 76 ans de la fin du siège de Leningrad. Les sept faits que nous vous révélons aujourd’hui vous aideront à mieux comprendre ce que les habitants de la cité ont traversé durant 872 jours.

Coupons de rationnement

Les coupons de rationnement permettaient aux citoyens d’acquérir de la nourriture à des prix contrôlés par l’État. Chaque coupon indiquait quelle quantité du produit pouvait être obtenue. Le pain pouvait être reçu chaque jour, tandis que les autres denrées n’étaient qu’accessibles qu’une fois tous les dix jours, mais les pénuries étaient fréquentes, notamment pour la viande.

Les rations ont lentement diminué jusqu’à novembre-décembre 1941, les mois les plus difficiles, lorsque les travailleurs étaient autorisés à recevoir quotidiennement entre 150 et 250 grammes de pain, tandis que les fonctionnaires, enfants, et personnes dépendantes n’en obtenaient que 125. Chaque mois, les rations étaient les suivantes : les travailleurs et ingénieurs pouvaient bénéficier de 1,5kg de viande, 2kg de pâtes, 800g de matière grasse (huile végétale ou lard), et près de 1,5kg de sucre. Les fonctionnaires quant à eux se voyaient accorder 800g de viande, 1,5kg de pâtes, 400g de matière grasse et près de 1,2kg de sucre.

Les coupons de rationnement étaient très précieux et en perdre un seul pouvait conduire à la famine et même à la mort.

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Éléments rétroréfléchissants

Durant le siège, les coupures totales de courant étaient obligatoires à Leningrad, toutes les lumières étant éteintes la nuit afin que l’aviation ennemie n’ait aucun repère dans la ville. La population plaçait par conséquent des éléments rétroréfléchissants, surnommés « papillons », sur leurs vêtements pour se voir dans les rues obscures.

« Les papillons » étaient fabriqués à l’aide de ferraille et de plastique puis recouverts d’une substance à base de radium-226, qui luisait dans le noir.

Luges

Ce jouet pour enfants est devenu le principal moyen de transport durant le siège de Leningrad ainsi qu’un sinistre symbole. Une partie considérable du blocus s’est en effet déroulée durant l’hiver et, alors que les transports publics ne fonctionnaient plus pour des raisons de coupes budgétaires municipales, les habitants utilisaient des luges pour transporter leurs affaires, mais aussi pour acheminer le corps des défunts aux sites d’inhumation.

Sofia Sagovskaïa, enseignante, se souvient : « Comme des bêtes envoutées dans un rêve, les tramways sont immobiles, couverts de glace. De longues lignes de câbles coupés pendent. Le matin, il y a de longues processions de luges avec des cadavres dessus, couverts de linceuls blancs … ». Beaucoup de ceux ayant survécu au siège ont avoué que les luges faisaient resurgir en eux de désagréables souvenirs du conflit.

Colle animale

Colle, cellulose, aiguilles de pin, semelles, ceintures de cuir, et bien d’autres objets contenant de la matière organique et consommable ont été utilisés comme aliments durant le siège.

Ce genre de produits, au début, étaient récupérés dans certaines usines et fabriques de la ville : le lard et la vaseline étaient par exemple utilisés pour frotter les cales des navires. Ainsi, la colle d’os, la farine d’os et même le cirage organique à chaussures ont trouvé leur chemin vers les cuisines.

La colle était bouillie pendant des heures à feu doux (l’odeur était insupportable), puis salée, poivrée, épicée, vinaigrée, et de la moutarde était ajoutée pour en masquer la puanteur.

Seaux d’eau

En tentant de capturer Leningrad, les Allemands ont avant tout bombardé les systèmes d’approvisionnement en eau de la ville. En 1942, l’eau courante a donc été coupée, et l’eau ne pouvait plus être obtenue que dans les canaux et rivières.

« Nous nous agenouillions près d’un trou dans la glace et puisions de l’eau avec un seau … Pendant que vous ramenez le seau à la maison, l’eau gèle. Nous l’amenions chez nous et le faisions fondre. L’eau était sale alors on la faisait bouillir », raconte un survivant du siège. « Un peu pour la nourriture, un peu pour le nettoyage. On avait à collecter l’eau fréquemment. Et c’était très glissant, descendre les berges vers la glace était très dur. Car les gens étaient faibles [en raison de la faim] : ils pouvaient remplir un seau d’eau, mais ne pouvaient le remonter. On s’aidait les uns les autres à remonter, tandis que le seau se vidait ».

Haut-parleurs de rue

Durant le siège, plus de 1 500 haut-parleurs étaient installés dans les rues de Leningrad. Ils diffusaient des émissions de radio et avertissaient la population en cas de raid aérien et de bombardement. Au total, 3 740 alertes ont ainsi été données durant le siège. Aussi, le son du métronome résonnait dans la ville, lorsqu’il était lent cela était synonyme de calme, mais lorsqu’il s’accélérait, cela signifiait qu’un bombardement était en cours et que tous devaient trouver refuge.

Néanmoins, ils faisaient également retentir de la musique symphonique, tandis que des poètes tels qu’Olga Berggoltz et Anna Akhmatova y lisaient leurs œuvres pour tenter d’élever les esprits. Aujourd’hui, à Saint-Pétersbourg, un monument en mémoire de ces haut-parleurs se trouve sur la façade du 54, Perspective Nevski.

Cigarettes

Lorsque les pénuries alimentaires ont commencé, les cigarettes ont vu leur valeur subitement augmenter : fumer permettait d’atténuer le sentiment de faim et l’on pensait que cela aidait également les personnes souffrant de scorbut (maladie résultant d’un manque de vitamine C). Comme la ville ne disposait pas de réserves importantes de tabac, la fabrique locale a commencé à ajouter des feuilles sèches et du houblon dans sa production. En 1942, un paquet de cigarette était aussi précieux que deux ou trois rations quotidiennes de pain. Étonnamment, cette usine n’a jamais interrompu son travail durant le siège.

Les cigarettes pouvaient ainsi être utilisées pour acheter des vêtements, des chaussures, des légumes. Au cours du siège, elles avaient même plus de valeur que l’argent. Presque tous les enfants apprenaient à fumer afin de lutter contre la famine et la faiblesse, et la plupart des survivants ont continué à fumer, gardant cette habitude.

Pour en savoir plus sur ce sombre épisode de l’histoire, n’hésitez pas à retrouver ici l’un de nos textes historiques sur le sujet.

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