Nevaliachka: cinq faits sur ce culbuto emblématique d’URSS

Legion Media
On n’exagérera point en assurant que tout enfant soviétique possédait ce culbuto, mais ceux qui savaient qu’il était produit par le secteur militaro-industriel du pays des Soviets n’étaient pas nombreux.

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Ne tombe jamais

Cette figurine est en effet constituée de deux sphères creuses et son secret réside dans le fait que le centre d’inertie est placé dans la base. Ainsi, toutes les tentatives de la renverser échouent et le jouet se redresse inlassablement.

En russe, son nom nevaliachka est dérivé du verbe « valiat’sia » qui signifie « gésir » ou « se vautrer », avec ajout du préfixe de négation « ne ». Par conséquent, il s’agit d’un jouet qui ne se vautre pas. Son autre appellation est « van’ka-vstan’ka » et se traduit par « Lève-toi, Ivan ». 

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Chaque bambin soviétique en possédait une

La version la plus répandue en URSS était celle d’un bébé aux cils absolument adorables et portant un petit chapeau blanc et des moufles assorties. Pratiquement tous les enfants soviétiques en avaient une, car l’on considérait qu’y jouer était bénéfique pour les enfants qui commençaient à peine à développer leur coordination.

De plus, ce jouet était transmis de génération en génération. Même aujourd’hui, vous pouvez trouver dans certains foyers des culbutos « Made in USSR ». 

Sœur de la matriochka

Incontestablement, ce sont les matriochkas, ces poupées de tailles décroissantes que l’on place les unes à l’intérieur des autres, qui sont le jouet russe le plus populaire au monde. Devenue l’un des souvenirs les plus prisés que l’on rapporte de Russie, la matriochka (ou plutôt ses formes arrondies) a inspiré le culbuto russe.  

Faites en bois, les poupées-« kouvyrkoune » – du mot « kouvyrkat’sia » (faire des culbutes) – ont fait leur apparition en Russie au début du XIXe siècle. Peintes de couleurs vives, elles étaient un attribut indispensable de toute foire de la Russie tsariste.

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A des racines asiatiques

L’on considère que les tout premiers culbutos ont vu le jour en Chine. Réalisés en terre et appelés budaoweng (vieillard ne tombant pas), ils sont connus depuis le VIe siècle. Cette figurine chinoise aurait inspiré les okiagari-koboshi japonais ou les extrêmement populaires darumas qui porteraient le bonheur (ils incarnaient le bouddhiste Bodhidharma, qui a médité pendant 9 ans, si bien que ses jambes et bras se sont atrophiés).

En guise de souvenir, ce jouet s’est ensuite retrouvé en Europe et des variantes locales n’ont pas tardé à voir le jour – c’est notamment le cas du ramponneau français ou du stehaufmännchen allemand.

Produits dans une usine à poudre

En URSS, ce jouet a joui d’une popularité accrue. Et le fait le plus inhabituel à son propos, c’est qu’il était produit à l’Usine de poudre de Tambov.

En 1957, cette entreprise « redoutable », qui a approvisionné le pays en poudre explosive et cartouches pendant la Seconde Guerre mondiale, a décidé d’utiliser l’énorme quantité de déchets provenant de la production de poudre (celluloïd) pour les besoins civils. Ainsi, l’on a commencé à y produire des jouets faisant la joie des bambins. Vers le début des années 1960, l’usine avait déjà produit près d’un millions de nevaliachkas et l’exportation de ces jouets a commencé. Or, elle ne se limitait pas aux pays du camp socialiste – les États-Unis notamment figuraient sur la liste des importateurs. Plus tard, le choix tombera sur un autre matériau – le plastique transparent et non coloré, moins inflammable que le celluloïd.

Durant les turbulentes années 1990, la production de ces nevaliachkas a d’ailleurs sauvé de la fermeture l’usine, qui n’a pendant un certain temps pas reçu de commandes de la Défense. Dans la ville de Kotovsk, dans la région de Tambov, un monument dédié à ce jouet a même été érigé.

De nos jours, cette même usine continue à produire une trentaine de versions de ce jouet.

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