Cinq choses contre lesquelles luttait le gouvernement soviétique

Histoire
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Les bolcheviks ont essayé d’améliorer la nature même de l’homme et de toute la société. Pour ce faire, il fallait selon eux éradiquer certains traits négatifs issus de l’ancien monde prérévolutionnaire.

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1. Religion

La propagande athéiste et antireligieuse était l’un des éléments clés du travail des bolcheviks visant à créer un « nouvel homme soviétique ». L’idéologue de la révolution, Vladimir Lénine, a fait de la citation de Karl Marx« La religion est l’opium du peuple » un véritable slogan. Lui et ses proches croyaient qu’en réalisant qu’il n’y a pas de Dieu, une personne lambda comprendrait que sa vie et celle du peuple dépendent uniquement de ses propres efforts. Leur calcul était en partie correct, puisque l’institution qu’était l’Église orthodoxe russe (l’organisation religieuse dominante dans le pays) s’était transformée à la fin du XIXe siècle en un organe contribuant à entraver le développement social et à maintenir la population dans l’impuissance et la pauvreté, ce qui a dans une certaine mesure contribué aux troubles du XXe siècles.

Les bolcheviks ont créé de nombreuses affiches de propagande sur lesquelles les membres du clergé étaient dépeints comme des créatures caricaturales, obèses et répugnantes, portant soutane et barbes et « trompant » le peuple. De nombreuses églises et lieux de prière ont été fermés et adaptés à d’autres fins (entrepôts, usines, prisons…). De plus, des objets de valeur - souvent en métaux précieux - ont été confisqués dans les églises pour les « besoins des nécessiteux », et des cloches ont été fondues pour produire des armes et des munitions.

En savoir plus sur la façon dont les bolcheviks ont combattu l’Église ici.

2. Analphabétisme

Quelques années avant la révolution, selon diverses estimations, seule 20 % de la population russe savait lire et écrire. Mais la nouvelle classe dirigeante - ouvriers et paysans - devait être alphabétisée et éduquée pour participer à la vie publique et augmenter sa productivité. Par conséquent, l’une des toutes premières campagnes (et l’une des plus massives) des bolcheviks visait l’élimination de l’analphabétisme et la promotion de l’éducation.

En 1919, un décret obligeant toute la population de 8 à 50 ans à savoir à lire et à écrire en russe ou dans sa langue maternelle - si désiré - a été publié. En outre, pour faciliter l’apprentissage, les bolcheviks ont procédé à une réforme de l’orthographe. En 10 ans, environ 10 millions de personnes ont appris à lire et à écrire, et, comme l’a montré le recensement de la population de 1926, il y avait déjà environ 50 % de personnes alphabétisées dans les villages ; en 1939, près de 90% de la population totale était alphabétisée.

>>> Comment les bolcheviks ont appris aux Russes à lire et à écrire

3. Inégalités sociales

Le gouvernement soviétique a cherché à construire une société d’égalité universelle, où il n’y aurait pas de pauvreté et de misère, et où tous les revenus perçus seraient redistribués. Il niait le principe d’enrichissement personnel et la priorité de la propriété privée, qui sont les moteurs du capitalisme. De plus, sur le plan idéologique, la possibilité même d’utiliser certains avantages était réprouvée si quelqu’un à côté de vous en était privé. Vous deviez partager avec votre voisin tout ce que vous aviez. Et dans l’idéal, donner encore plus que ce que vous utilisiez pour vous-même.

Ici, un autre slogan de Karl Marx a été utilisé : « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ». En théorie, il ne devait pas y avoir de riches et de pauvres, tout le monde avait presque le même revenu, chacun travaillait pour le bénéfice d’autrui et le résultat général était partagé par tous (quelque chose de similaire existe encore dans les pays scandinaves, profondément imprégnés des meilleurs principes soviétiques).

Selon la morale soviétique, une personne devait se réaliser et travailler non pas pour son enrichissement personnel ou pour obtenir des avantages matériels, mais pour la cause elle-même et au nom du bien commun. L’homme devait tirer du plaisir non pas de la consommation de biens matériels (un tel moteur de développement a finalement été adopté après la transition vers la société de consommation capitaliste), mais du processus même de travail et de réalisation de soi (une hiérarchie d’objectifs conforme à la  pyramide d’Abraham Maslow).

4. Parasitisme

En URSS, on estimait que chaque personne devait travailler et non vivre d’une rente, des intérêts du capital ou aux dépens des autres, et on combattait donc avec acharnement les « parasites ». Lénine les avait classés dans la même catégorie que les riches et les escrocs - tous deux hostiles au prolétariat. « Celui qui ne travaille pas ne doit pas manger » est un autre slogan soviétique populaire. La Constitution soviétique énonçait le droit au travail et chaque citoyen se voyait garantir un emploi. Le plus souvent, on était affecté à un lieu de travail après l’obtention d’un diplôme dans un établissement d’enseignement professionnel ou supérieur.

Dans les années 1960, un décret a été publié sur « l’intensification de la lutte contre les personnes qui se soustraient au travail socialement utile et mènent une vie de parasitisme antisocial ». Parfois, de véritables raids étaient organisés contre ces personnes - par exemple, lors de contrôles dans les transports en commun en cours de semaine, on pouvait vérifier les documents des gens et demander pourquoi une personne n’était pas au travail.

Souvent, le décret était utilisé contre les dissidents - par exemple, des poètes, des écrivains, des artistes - que la presse soviétique officielle ne publiait pas ou qui n’étaient pas embauchés dans un travail officiel. L’un des exemples les plus célèbres d’écrivain touché par le décret est le poète Joseph Brodsky (il a été forcé de quitter l’URSS).

5. La décadence morale

Malgré leur anticléricalisme revendiqué, les bolcheviks ont emprunté de nombreux préceptes chrétiens pour former le code moral de l’homme nouveau. Par exemple, le principe d’égalité de tous (« Il n’y a plus ni Juif, ni Grec »), la nécessité de vivre pour le bien commun, et non pour son bien personnel (« Aime ton prochain comme toi-même »), la non-cupidité et le rejet de la propriété privée (l’un des vœux monastiques), la perception de la femme comme égale de l’homme, etc.

En l’absence d’une religion qui combattrait les vices humains, le gouvernement soviétique a dû créer de nouvelles façons d’imposer une moralité. L’une de ces méthodes était le blâme public. Une personne qui avait commis un acte immoral, ou s’était comportée de manière non soviétique, pourrait être convoquée à une réunion du collectif - à l’école, à l’université, au travail - pour une « conversation éducative » sur la morale. Après tout, il avait « déshonoré » non seulement lui-même, mais tout le collectif - et par suite toute l’Union soviétique. On luttait particulièrement contre l’ivresse et un style de vie dépravé. Il était même possible d’intervenir dans les affaires familiales et de condamner un mari infidèle, par exemple.

En outre, le gouvernement soviétique, pour la première fois dans l’histoire de la Russie, s’est occupé du problème de l’éducation et de l’enseignement universel des enfants. Ces notions ont cessé d’être une affaire de famille, devenant une mission assumée par l’État.

Le gouvernement soviétique luttait activement contre la délinquance juvénile. Après la Première Guerre mondiale et, surtout, la guerre civile en Russie, de nombreux enfants ont perdu leurs parents et rien que selon les données officielles il y avait environ 7 millions d’enfants sans abri (dans le même temps, environ 30 000 enfants vivaient dans des orphelinats). De nombreux enfants ont littéralement grandi « dans la rue » et, bien sûr, se sont livrés au vol et à la mendicité. L’État a pris le problème des enfants sans abri sous son contrôle. Une commission spéciale a été créée et de nombreux refuges et écoles spécialisées ont ouvert leurs portes. Des groupes spéciaux travaillaient dans les gares et les chemins de fer, où ils « attrapaient » les enfants sans abri, les lavaient, les nourrissaient et les envoyaient dans un refuge. En 1924, 280 000 enfants vivaient dans de tels refuges.

Quels étaient les points faibles de la vie en URSS ? Trouvez la réponse dans cette autre publication.

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