Quel rôle a joué Vyborg dans l'histoire russe?

Histoire
IGOR ROZIN
La ville a «vogué» entre les frontières de quatre États. Pour les Suédois, c’était un avant-poste dans leur avancée vers l'Est; pour les Russes, elle constituait un maillon crucial du système de défense de la capitale de leur Empire.

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Vyborg est l'une des villes les plus hautes en couleurs de Russie. Les bâtiments médiévaux suédois cohabitent avec des maisons bâties pendant l'Empire russe, durant la République de Finlande et sous l'Union soviétique.

La ville a été fondée en 1293 lors des croisades suédoises sur les terres des païens caréliens. C'est alors que sur ordre du commandant Torgils Knutsson un château a été construit sur une petite île, qui est aujourd'hui devenue le symbole de la ville.

Pendant plus de cinq siècles, Vyborg faisait partie de la Suède, et c'était l'une des villes les plus grandes, les plus importantes et les plus belles du royaume. Plus d'une fois, la République de Novgorod a tenté de priver les Suédois de leur avant-poste clé en Carélie, mais sans succès.

Ce n'est qu'en 1710, au plus fort de la guerre du Nord entre la Russie et la Suède, que la forteresse imprenable tomba après un siège de près de trois mois. Selon les termes du traité de paix de Nystad de 1721, Vyborg et une partie de la Carélie passèrent sous la juridiction des tsars russes.

Située pratiquement à la frontière avec les Suédois assoiffés de vengeance, la ville protégeait la nouvelle capitale de l'Empire russe, Saint-Pétersbourg, sur le Nord. Étant donné que l'ancien château ne jouait plus un rôle militaire majeur, un certain nombre de puissantes fortifications défensives ont été érigées à Vyborg.

En 1743, la Suède a été vaincue à l’issue de la guerre avec la Russie, et forcée de remettre certains territoires finlandais. L'année suivante, ils ont été incorporés dans le gouvernorat de Vyborg nouvellement formé, dont cette ville était le centre administratif.

À la suite de la guerre russo-suédoise de 1808-1809, la Russie a obtenu toute la Finlande, qui, en tant que partie de l'Empire, est devenue le Grand-duché de Finlande. Deux ans après la conclusion de la paix, sur décision du tsar Alexandre Ier, l’« ancienne Finlande » (des territoires déjà intégrés à la Russie) y fut intégrée avec Vyborg. Sans le savoir, le monarque venait de poser une bombe à retardement qui exploserait dans les années 1930.

Au moment de l'effondrement de l'Empire russe, Vyborg était l'un des centres industriels les plus développés du Nord-Ouest du pays. En 1917, la ville comptait environ 50 000 habitants, dont 81% de Finlandais, 10% de Suédois et seulement 6,5% de Russes.

Le 6 décembre 1917, la Finlande, dont Vyborg faisait partie, a déclaré son indépendance de la Russie soviétique et, deux mois plus tard, la guerre civile y a éclaté. La ville fut l'un des derniers bastions de la Garde rouge, et sa chute fin avril marque généralement la fin du conflit. Pendant la bataille pour Vyborg, les deux camps ont commis des crimes de guerre. En réponse à l'exécution par les Rouges de 30 prisonniers politiques dans une prison locale, les Blancs, qui ont pris Vyborg, ont exécuté plus de trois cents Rouges, ainsi que des civils russes.

La proximité de la deuxième ville la plus importante de l'URSS, Leningrad, avec la frontière finlandaise inquiétait grandement les dirigeants du pays dans les années 1930. En fin de compte, l'isthme carélien comprenant Vyborg est devenu le théâtre d'une confrontation armée entre l'Armée rouge et les troupes finlandaises pendant la guerre dite d'Hiver. Le 13 mars 1940, alors que les parties signaient un traité de paix à Moscou, de violents combats se poursuivaient à Vyborg.

Fin août 1941, l'armée finlandaise, qui participait à l'opération Barbarossa, occupe la ville et la contrôle pendant près de trois ans. Le 20 juin 1944, les troupes soviétiques reprennent enfin le contrôle de Vyborg.

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