Alors, la Finlande a-t-elle fait partie de la Russie?

Legion media; Russia Beyond
Au travers des siècles, les Russes et les Finlandais ont mené de nombreuses batailles effrénées, mais ont aussi partagé des périodes de paix mutuelle. Aujourd'hui, la Finlande est considérée comme l'un des meilleurs voisins de la Russie.

Russia Beyond désormais sur Telegram ! Pour recevoir nos articles directement sur votre appareil mobile, abonnez-vous gratuitement sur https://t.me/russiabeyond_fr

Avant de tomber sous la domination russe, en 1809, la Finlande faisait partie de la Suède depuis plus de six siècles. Alors que les chevaliers européens partaient en croisade pour libérer la Terre sainte au Proche-Orient, les croisés suédois ont choisi d'étendre leur territoire dans une autre direction. Les croisades les plus importantes ont été menées par les rois suédois aux XIIe et XIIIe siècles, et ont conduit à l'asservissement des terres des tribus finlandaises.

À gauche : armoires finlandaises de 1633, sous l'Empire suédois. À droite : carte de Suède et de Finlande, faite à Stockholm (Suède), 1747.

La Suède a alors fait face à un redoutable adversaire : la république de Novgorod, qui avait elle aussi des intérêts dans cette région. Se sont ensuivies de nombreuses batailles entre les deux opposants, mais Stockholm a réussi à conserver le territoire finlandais. À cette époque, il n'était pas encore temps pour la Russie d'annexer la Finlande.

Gravure de J. Bye dans Travels through Sweden, Finland and Lapland, to the North Cape in the years 1798 and 1799 (Voyages au travers de la Suède, de la Finlande et de la Laponie jusqu'au cap Nord en 1798 et 1799) par Giuseppe Acerbi, Londres, 1802.

Pendant la grande guerre du Nord, qui opposa entre 1700 et 1721 une coalition menée par le tsarat de Russie à une autre conduite par l'Empire suédois, de larges territoires finlandais ont été occupés par les troupes russes. Suite au conflit, l'Empire suédois n'a pas seulement perdu son statut de superpuissance, mais aussi de vastes territoires dans les pays baltes de l'Est. Il a cependant réussi à conserver la Finlande, à l'exception de certaines parties de la Carélie, à l'Est du pays.

L’Assaut de Nöteborg d'octobre 1702. Le tsar Pierre Ier est représenté au centre. Alexandre von Kotzebue

La guerre de Finlande (1808-1809), nommée en Suède « la plus grande catastrophe nationale dans la longue histoire de la Suède » s'est traduite par sa perte de la Finlande au profit de l'Empire russe. Il s'agissait de la perte, pour la Suède, d'un tiers de son territoire et d'un quart de sa population.

Soldat blessé dans la neige. Helene Schjerfbeck

L'empereur russe Alexandre Ier s'est alors retrouvé avec, sous son règne, une région inconnue, immense et peuplée d'une population étrangère et protestante. Il n'avait pas non plus oublié à quel point les Finlandais avaient mené la guerre partisane efficacement et furieusement pendant le conflit, et a donc décidé d'intégrer prudemment la Finlande à l'Empire russe. À l'assemblée législative de la Diète de Porvoo, au printemps et à l'été 1809, le grand-duché de Finlande a donc été proclamé. Jamais les Finlandais n'avaient eu un tel statut sous l'occupation suédoise. Les habitants des terres finlandaises ont ainsi été autorisés à garder leur religion et leurs droits. La Constitution suédoise de 1772 a ensuite été confirmée comme étant celle de la Finlande.

Alexandre Ier de Russie ouvre la session de la Diète de Porvoo en 1809. Emanuel Thelning

En 1811, Alexandre Ier a donné à la Finlande le territoire du gouvernement de Vyborg, situé sur l'isthme de Carélie. Cette action était comme une bombe à retardement qui explosera plus d'un siècle plus tard, menant à plusieurs combats violents entre les Soviétiques et les Finlandais.

Pionniers en Carélie. PekkaHalonen, 1900

L'année suivante, la capitale du grand-duché de Finlande a été déplacée de la plus grande ville finlandaise, Åbo (aujourd'hui Turku) à Helsinki ; elle était alors plus proche de Saint-Pétersbourg, et donc moins sous influence suédoise.

Helsinki, 1867.

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le grand-duché de Finlande a reçu d'importants privilèges, comme son propre système monétaire (le mark finlandais) ou encore le fait d'avoir sa propre armée. Cependant, la politique d'État russe envers la Finlande a rapidement changé : initiation du processus de russification, large limitation des pouvoirs des autorités locales, et dissolution, en 1901, de l'armée finlandaise, qui a alors été incluse dans les forces armées de l'Empire.

Billet de 20 marks de 1862, de la première émission du mark. Le billet est signé à la main par le directeur et le guichetier de la banque ; le texte à son dos est imprimé en finnois et en russe

Le mécontentement des Finlandais les a menés à se joindre à la Révolution russe de 1905, et l'empereur Nicolas II a dû faire des concessions. La Finlande est devenue, en 1906, le premier pays d'Europe où les femmes avaient le droit de vote et celui de se faire élire au nouveau parlement. Aux événements sportifs internationaux, la Finlande participait sous son propre drapeau, indépendamment de la Russie.

Première session au Parlement de Finlande, 1907

Peu après la révolution d'Octobre, le parlement finlandais a finalement proclamé son indépendance, et le gouvernement de Lénine a été le premier à l'avoir reconnue. Cela n'a cependant pas empêché le conflit à venir entre les deux pays : la victoire des Finlandais blancs sur les Finlandais rouges (soutenus par la Russie soviétique) lors de la guerre civile finlandaise de 1918 a creusé un gouffre entre ces deux États.

Garde blanche finlandaise à Nummi-Pusula, années 30

Le dernier conflit majeur entre la Finlande et la Russie s'est déroulé pendant la Seconde Guerre mondiale, et c'est le don de territoire d'Alexandre Ier, plus de 100 ans auparavant, qui s'est retourné contre les Finlandais. La raison de cette guerre était l'isthme de Carélie avec Vyborg, un point clé de la défense de Léningrad (aujourd'hui Saint-Pétersbourg). Après sa prise par l'URSS lors de la guerre d'Hiver (1939-1940), la Finlande s'est alliée à Hitler pour tenter de le récupérer, mais a échoué. Après la guerre, les dirigeants des deux pays ont décidé qu'il fallait surmonter les torts du passé, et développer une nouvelle coopération. La Finlande est par conséquent devenue l'un des meilleurs et des plus amicaux voisins de l'Union soviétique et, plus tard, de la Russie.

Chars légers soviétiques T-26 et camions GAZ-A de la 7e armée soviétique lors de son avancée sur l'isthme de Carélie, le 2 décembre 1939

Dans cet autre article, partez pour un voyage en Carélie, la « petite Finlande de Russie ». 

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

À ne pas manquer

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies